NICOLAS ZEPEDA ET SES CONSEILS LORZS DU PROCÈS DEVANT LA COUR D'ASSISES DE BESANÇON. — PHOTO PATRICK HERTZOG |
Assassinat de Narumi Kurosaki : Condamné à 28 ans de prison, Nicolas Zepeda rejugé / APPEL Nouveau procès pour le Chilien Nicolas Zepeda. Il avait écopé de vingt-huit ans de réclusion pour l’assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki en première instance
LE PROCÈS EN APPEL DE NICOLAS ZEPEDA S'EST OUVERT À VESOUL LE 21 FÉVRIER 2022. • PHOTO SEBASTIEN BOZON / AFP |
Le procès de Nicolas Zepeda, acte II. Condamné en première instance à vingt-huit ans de réclusion pour l’assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki, le Chilien est rejugé à partir de mardi à Vesoul pour un crime qu’il nie. Et où il n’y a ni corps ni aveux, mais un faisceau « rarissime » de preuves.
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À 9 heures, l’homme de 32 ans prendra place dans le box des accusés de la cour d’assises d’appel de la Haute-Saône. Comme au printemps dernier devant les assises du Doubs, celui-ci doit durer deux semaines et s’achever au plus tard le 8 mars.
Le dispositif déployé lors du premier procès, déjà très important, sera reconduit, selon le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux, avocat général pour les deux procès : traductions simultanées en espagnol et japonais, témoins entendus en visioconférence du Japon ou du Chili en fonction des décalages horaires, salles spéciales aménagées pour le public et la presse… Pas moins de 23 médias sont accrédités.
La grande interrogation tourne autour de la position qu’adoptera Nicolas Zepeda : continuera-t-il à clamer son innocence ou livrera-t-il une autre version des faits ? Sollicité, son nouvel avocat, Antoine Vey, n’a pas donné suite. Ce ténor du barreau parisien prend la relève d’une autre avocate chevronnée, Jacqueline Laffont, qui avait terminé le premier procès « très éprouvée » en avril dernier. « Je sors […] bouleversée par ce procès […] d’une intensité dramatique, douloureuse rarement atteinte », avait-elle confié.
« Je n’ai pas tué Narumi ! »
Lors d’une audience à haute tension, alors que son client était accablé par les éléments du dossier et soumis à un feu roulant de questions, elle avait semblé lui tendre la main pour d’hypothétiques aveux. Vacillant, l’accusé était malgré tout resté cramponné à sa position. « Je n’ai pas tué Narumi ! Moi aussi je veux savoir ! », avait-il crié, en larmes et tapant du poing. Le 12 avril, les jurés le condamnaient à 28 ans de réclusion criminelle pour assassinat. Présumé innocent, il risque cette fois la perpétuité.
Selon l’enquête, Narumi Kurosaki, arrivée à Besançon à l’été 2016 pour y apprendre le français, avait rompu avec Nicolas Zepeda qu’elle avait rencontré lorsqu’ils étudiaient tous deux au Japon. Sans la prévenir, l’amoureux éconduit était venu la retrouver à Besançon et avait passé avec elle la nuit du 4 au 5 décembre 2016.
Cette nuit-là, dans la résidence universitaire, des témoins disent avoir entendu des « hurlements de terreur » et un bruit sourd « comme si on frappait ». Personne n’a plus revu la Japonaise au visage fin, alors âgée de 21 ans. Son corps n’a jamais été retrouvé. Depuis le début, ce garçon brun d’allure juvénile le martèle : il n’a rien à voir avec la disparition de Narumi.
« Je garde l’espoir d’un aveu »
Faux, rétorque l’accusation : fort d’un faisceau « rarissime » de preuves (témoignages, téléphonie, géolocalisation de la voiture louée par l’accusé…), l’avocat général avait soutenu en première instance que Nicolas Zepeda, qui n’a jamais supporté la rupture, l’avait étouffée ou étranglée avant d’immerger son corps dans le Doubs, près de Dole (Jura). Un crime prémédité, selon M. Manteaux.
Le Chilien a ensuite piraté les comptes de Narumi sur les réseaux sociaux pour la faire passer pour vivante, le temps de regagner le Chili d’où il a été extradé en juillet 2020 vers la France. « Je garde l’espoir d’un aveu dans ce second procès », a déclaré l’un des avocats des parties civiles, Randall Schwerdorffer, conseil du compagnon de Narumi au moment de sa disparition. « On a vu (Nicolas Zepeda) très chancelant plusieurs fois » en première instance, notamment « lorsque ses déclarations ont subi l’épreuve des questions », a-t-il ajouté.
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