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DES BÉNÉVOLES TRANSPORTENT DU MATÉRIEL POUR LES POMPIERS PRÈS D'ARBRES EN FEU À PUREN, AU CHILI, SAMEDI 4 FÉVRIER 2023. PHOTO MATIAS DELACROIX/AP |
Les faits Un couvre-feu sera en place ce vendredi 10 février à minuit, pour protéger les habitants de trois régions du sud ravagées les incendies depuis plus d’une semaine. La monoculture de l’industrie forestière est pointée du doigt.
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LE FEU DE FORÊT S'APPROCHE DE LA VILLE DE CHIGUAYANTE, DANS LA PROVINCE DE CONCEPCION, AU CHILI, TÔT LE 9 FÉVRIER 2023. PHOTO JAVIER TORRES / AFP |
L’ampleur des dégâts s’étend sur 290 000 hectares, soit près de 30 fois la surface de Paris. Depuis le 1er février, 280 incendies ont embrasé le Chili, et 69 d’entre eux sont toujours considérés « incontrôlables » par la Corporation Nationale Forestière (Conaf). Des mesures de sécurité s’imposaient.
Effet canicule
Le président Gabril Boric a ordonné un couvre-feu imposé à partir de vendredi entre minuit et cinq heures du matin dans au moins 28 villes des trois régions où l’état de catastrophe a été déclaré : Biobio, Nuble et l’Araucania, dans le sud du pays. Les températures y dépassent les 40 degrés sous l’effet du changement climatique. La piste criminelle n’est pas non plus écartée, tout comme celle de la négligence : 30 personnes ont été arrêtées jeudi 9 février. Une enquête est en cours pour éclaircir ces hypothèses.
Le pays vit un épisode comparable aux incendies de 2017, qui avaient détruit 570 000 hectares. Le bilan s’élève à 26 morts (dont 10 dans la seule commune de Santa Juana dans le centre) et à plus de 1 000 blessés. Les pertes matérielles sont également très élevées, avec la destruction d’au moins un millier de maisons là où le couvre-feu a été imposé.
AU CHILI, DE GIGANTESQUES INCENDIES « INCONTRÔLABLES », LES PLUS IMPORTANTS APRÈS CEUX DE 2017 PHOTO MATIAS DELACROIX / AP |
Impuissance
L’aide régionale et internationale n’a pas tardé à se manifester, avec 180 pompiers envoyés par le Mexique, tandis que les États-Unis ont envoyé leur énorme bombardier d’eau Ten Tanker. Ces soutiens rencontrent toutefois des difficultés techniques, et l’avion américain reste actuellement hors service. La densité de la fumée conjuguée aux reliefs montagneux de certaines zones limite l’utilisation des appareils aériens.
« La crise climatique brûle le Chili », s’est inquiété le président colombien Gustavo Petro, qui a également envoyé un avion et des experts. Du côté européen, Madrid a envoyé 50 professionnels de la gestion d’incendies tandis que mardi 7 février, le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin a fait appel à 80 sapeurs-pompiers et sauveteurs français.
La monoculture en cause
Le chercheur à l’Université de la Frontera au Chili, Alejandro Miranda insiste sur le poids de l’industrie forestière. « Le Chili enregistre plus de trois millions d’hectares de monoculture de pins ou d’eucalyptus. Les impacts environnementaux d’une telle activité sur l’eau disponible, la qualité des sols, et la propagation des incendies sont de plus en plus documentés par la science », souligne-t-il dans une interview accordée au site en ligne Mongabay spécialisé dans les questions écologiques.
Pour Alejandro Marienda, il conviendrait de repenser le milieu forestier, ce genre d’incident dramatique étant amené à se reproduire. En commençant par éloigner les plantations de monocultures des zones d’habitation. L’expert invite surtout à façonner « des paysages plus hétérogènes et multifonctionnels qui permettront d’être plus résilients ».
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Incendies : 03 février 2023 PHOTO NASA |
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