Par Thomas Huchon (Journaliste)
"Le retour de l'Eglise sociale." Ou encore: "Il ne suffit plus de prier." La presse chilienne s'est fait ces dernières semaines largement l'écho de l'appel "aux entrepreneurs pour augmenter les salaires, et payer un salaire éthique", lancé par Mgr Alejandro Goic.
Le président de la Conférence épiscopale du Chili va même plus loin, prévenant "que si on ne règle pas ce problème, les conflits sociaux vont s'accentuer dans le pays". La proposition de l'Eglise a fait grand bruit dans un Chili où les inégalités sociales sont énormes. Le pays est l'un des 10 plus inégaux au monde, et le modèle néolibéral, mis en place par Pinochet et maintenu depuis le retour de la démocratie, n'a fait qu'accentuer les écarts depuis trente ans.
L'intervention remarquée de l'Eglise dans l'agenda social de la présidente Michelle Bachelet marque ainsi le retour d'une Eglise militante, d'une Eglise sociale qui avait disparue ces dernières années au Chili. Depuis que Mgr Goic a pris la parole, de nombreux prêtres sont sortis de leur réserve pour critiquer la répartition des richesses et la situation sociale du pays.
Le jésuite Fernando Montes en appelle, lui, "à la responsabilité de ceux qui gagnent des salaires de millionnaires", et propose, sur le ton de la provocation, "de payer les économistes au salaire minimum", "sûr", dit il, "que ces derniers chercheront alors à l'augmenter !".
Le salaire mensuel minimum, qui concerne près de la moitié de la population, est de 145 000 pesos (205€ environ) au Chili. Un montant qui ne permet pas dans bien des cas de vivre dignement. Si aucun chiffre officiel n'a filtré, la somme de 250 000 pesos (350€) a été suggérée par Mgr. Goic.
Cette intrusion de l'Eglise dans le débat très partisan de la réduction des inégalités sociales du pays pose un gros problème à la droite chilienne ainsi qu'aux milieux patronaux. La majorité des élus de l'opposition sont en effet chrétiens, idem pour les patrons, et s'ils avaient auparavant balayé d'un revers de manche les revendications salariales des syndicats, ils ne peuvent avoir le même comportement vis-à-vis de l'Eglise.
Pour preuve, la sénatrice Evelyne Matthei (UDI, extrême droite), qui fut la première à faire feu sur Goic, expliquant "qu'il n'avait pas de compétences en économie", a été très critiquée dans son propre camp.
Michelle Bachelet n'en attendait sûrement pas tant. Dans son combat pour réduire les inégalités et la pauvreté dans son pays, la présidente sait qu'elle a reçu un soutien de poids. Elle a créé récemment une commission sur la réduction des inégalités à laquelle participe un très large éventail de personnalités, toutes tendances politiques confondues.
Les grands absents de cette commission sont les syndicats. Mais la Centrale unitaire des travailleurs, principal syndicat chilien, entend bien se faire entendre: elle a lancé pour ce lundi un mouvement de grève nationale, qui devrait selon les observateurs être le plus grand depuis des années.
"Le retour de l'Eglise sociale." Ou encore: "Il ne suffit plus de prier." La presse chilienne s'est fait ces dernières semaines largement l'écho de l'appel "aux entrepreneurs pour augmenter les salaires, et payer un salaire éthique", lancé par Mgr Alejandro Goic.
Le président de la Conférence épiscopale du Chili va même plus loin, prévenant "que si on ne règle pas ce problème, les conflits sociaux vont s'accentuer dans le pays". La proposition de l'Eglise a fait grand bruit dans un Chili où les inégalités sociales sont énormes. Le pays est l'un des 10 plus inégaux au monde, et le modèle néolibéral, mis en place par Pinochet et maintenu depuis le retour de la démocratie, n'a fait qu'accentuer les écarts depuis trente ans.
L'intervention remarquée de l'Eglise dans l'agenda social de la présidente Michelle Bachelet marque ainsi le retour d'une Eglise militante, d'une Eglise sociale qui avait disparue ces dernières années au Chili. Depuis que Mgr Goic a pris la parole, de nombreux prêtres sont sortis de leur réserve pour critiquer la répartition des richesses et la situation sociale du pays.
Le jésuite Fernando Montes en appelle, lui, "à la responsabilité de ceux qui gagnent des salaires de millionnaires", et propose, sur le ton de la provocation, "de payer les économistes au salaire minimum", "sûr", dit il, "que ces derniers chercheront alors à l'augmenter !".
Le salaire mensuel minimum, qui concerne près de la moitié de la population, est de 145 000 pesos (205€ environ) au Chili. Un montant qui ne permet pas dans bien des cas de vivre dignement. Si aucun chiffre officiel n'a filtré, la somme de 250 000 pesos (350€) a été suggérée par Mgr. Goic.
Cette intrusion de l'Eglise dans le débat très partisan de la réduction des inégalités sociales du pays pose un gros problème à la droite chilienne ainsi qu'aux milieux patronaux. La majorité des élus de l'opposition sont en effet chrétiens, idem pour les patrons, et s'ils avaient auparavant balayé d'un revers de manche les revendications salariales des syndicats, ils ne peuvent avoir le même comportement vis-à-vis de l'Eglise.
Pour preuve, la sénatrice Evelyne Matthei (UDI, extrême droite), qui fut la première à faire feu sur Goic, expliquant "qu'il n'avait pas de compétences en économie", a été très critiquée dans son propre camp.
Michelle Bachelet n'en attendait sûrement pas tant. Dans son combat pour réduire les inégalités et la pauvreté dans son pays, la présidente sait qu'elle a reçu un soutien de poids. Elle a créé récemment une commission sur la réduction des inégalités à laquelle participe un très large éventail de personnalités, toutes tendances politiques confondues.
Les grands absents de cette commission sont les syndicats. Mais la Centrale unitaire des travailleurs, principal syndicat chilien, entend bien se faire entendre: elle a lancé pour ce lundi un mouvement de grève nationale, qui devrait selon les observateurs être le plus grand depuis des années.