17 avril, 2013

VENEZUELA : « L'OPPOSITION N'A PAS INTÉRÊT À JOUER LA GUERRE CIVILE »

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La succession d'Hugo Chavez à la tête du Venezuela s'annonce difficile. A la suite de l'élection présidentielle du 14 avril, le pays est entré dans une crise politique marquée par des violences meurtrières. Le Conseil national électoral, autorité compétente en la matière, a proclamé le 16 avril 2013 la victoire de Nicolas Maduro, successeur désigné par Hugo Chavez avant sa mort, d'une courte tête (50,75 %) sur son rival Henrique Capriles (48,97 %). Le CNE n'a pas accédé à la demande de l'opposition d'un nouveau comptage des bulletins de vote. Depuis lundi, partisans de l'opposition et du gouvernement organisent des rassemblements dans tout le pays. Les manifestations lancées contre le dauphin d'Hugo Chavez auraient fait au moins sept morts, dont un policier, et 61 blessés. Olivier Compagnon, maître de conférence en histoire à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine (IHEAL), revient sur ces événements.
Les violences post-électorales au Venezuela traduisent-elles une polarisation irréversible de la société entre le camp chaviste et l'opposition?
Olivier Compagnon : C'est une réaction viscérale de l'opposition face à la déception de la défaite, qui peut donner lieu à l'émergence d'une guerre civile larvée ou à une violence politique chronique. Ce scénario catastrophe reste envisageable car les tensions sont très fortes. Ces violences rappellent celles du début des années 2000. 


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AFFICHE DU FILM « LA RÉVOLUTION NE SERA PAS TÉLÉVISÉE – COUP D’ETAT CONTRE HUGO CHAVEZ  »  LE SOUTIEN QUE DONNENT LES ETATS-UNIS ET L'UNION EUROPÉENNE À LA DEMANDE DE RECOMPTAGE DES BULLETINS EXPRIMÉE PAR HENRIQUE CAPRILES RAPPELLE L'APPUI DE BRUXELLES ET WASHINGTON AU POUVOIR PUTSCHISTE MIS EN PLACE BRIÈVEMENT EN AVRIL 2002.  

Entre 2001 et 2005, le climat politique a connu une polarisation extrême car Chavez avait démocratiquement conquis tous les pouvoirs. L'opposition a réagi en organisant un coup d'Etat contre Chavez en 2002, puis un référendum révocatoire en août 2004 et en boycottant les législatives de 2005. Mais Hugo Chavez a largement remporté la présidentielle de 2006 et a ainsi vraiment assis démocratiquement sa légitimité. L'opposition, résignée, a renoncé aux formes d'agitation politique du début des années 2000. On a actuellement le sentiment de retour à cette période