21 octobre, 2025

DONALD TRUMP VEUT FAIRE TOMBER MADURO EN SE SERVANT DU NARCOTRAFIC

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DONALD TRUMP A DÉPLOYÉ AU LARGE DES CÔTES VÉNÉZUÉLIENNES
  SEPT NAVIRES DE GUERRE DANS LES CARAÏBES ET UN DANS LE GOLFE
DU MEXIQUE, UN SOUS-MARIN NUCLÉAIRE,
17 000 SOLDATS ET DES FORCES D’ÉLITE.
 PHOTO AARON SCHWARTZ
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L'Humanité
Entretien / « Donald Trump veut faire tomber Maduro en se servant du narcotrafic » : le décryptage de Christophe Ventura sur le Venezuela / Pour le chercheur et spécialiste de l’Amérique latine Christophe Ventura, le président états-unien a instauré tous les dispositifs juridiques, politiques et sécuritaires qui peuvent lui permettre de frapper au Venezuela et renverser les autorités.


Vadim Kamenka Publié le 20 octobre 2025 5min

Comment analysez-vous les tensions entre les États-Unis et le Venezuela depuis le retour de Donald Trump ?


CHRISTOPHE VENTURA
DIRECTEUR DE RECHERCHE
 À L’IRIS , SPÉCIALISTE DE
L’AMÉRIQUE LATINE

Christophe Ventura 

Cette nouvelle étape clarifie les intentions du président Trump au Venezuela. Lors de son retour au pouvoir, en janvier 2025 et jusqu’à cet été, sa politique était assez vague à l’égard des autorités vénézuéliennes et de Nicolas Maduro. Comme à son habitude, le milliardaire conservateur a alterné menaces et volonté de négocier. Deux courants se faisaient alors face au sein de son administration. La ligne la plus dure, incarnée par son secrétaire d’État, Marco Rubio, également conseiller à la sécurité nationale, a toujours défendu un changement de régime.

Chili / élection présidentielle le 16 novembre 2025.

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El #EstallidoSocial fue parte de un proceso que se venía, porque los estallido son una sola vez, 
es (una explosión), ahora viene  reafirmar por lo que tanto Luchamos y elegir bien por quien votar, 
y @jeannette_jara es la única que nos asegura esos cambios #EstallidoSocial2019 

Cette stratégie rejoint la mouvance néoconservatrice et vise l’ensemble des pays dirigés par la gauche sud-américaine dont Cuba et le Nicaragua. D’autres acteurs comme le secteur pétrolier ou certains magnats de l’industrie ont défendu une forme de normalisation ou, en tout cas, de dialogue avec le président vénézuélien.

Sur les questions énergétiques et migratoires, Donald Trump, au départ, s’est intéressé à cette stratégie de normalisation. Mais, finalement, il a instauré tous les dispositifs juridiques, politiques et sécuritaires lui permettant de frapper au Venezuela.

LE MINISTRE VÉNÉZUÉLIEN DE L'INTÉRIEUR, DIOSDADO CABELLO,
LORS D'UNE CONFÉRENCE DE PRESSE À CARACAS LE 17 SEPTEMBRE 2025
PHOTO JUAN BARRETO

Donald Trump veut faire tomber Maduro en se servant de la question du narcotrafic. Après avoir fait en sorte que les cartels soient désignés organisation terroriste étrangère – ce qui lui offre la possibilité d’une intervention militaire sur un territoire extérieur –, il a affirmé que le canal diplomatique avec Caracas était coupé. Une fois la maîtrise maritime acquise, il lui faut désormais obtenir la maîtrise terrestre. L’officialisation des actions de la CIA au Venezuela illustre cette nouvelle étape.

Est-ce l’une des pires périodes pour les relations entre Washington et Caracas ?

Les États-Unis ont été jusqu’à soutenir le coup d’État contre Hugo Chavez. Mais ce niveau inédit de tension provient de la dimension militaire. Donald Trump a déployé au large des côtes vénézuéliennes sept navires de guerre dans les Caraïbes et un dans le golfe du Mexique, un sous-marin nucléaire, 17 000 soldats et des forces d’élite.

Entre 2019 et 2020, déjà, il avait appliqué le concept de pression maximale avec son conseiller à la sécurité nationale John Bolton et le secrétaire d’État Mike Pompeo. Washington avait lancé des sanctions mortifères contre le Venezuela, qui ont mis le pays à genoux, en le débranchant du marché pétrolier international.

Caracas ne pouvant plus accéder au marché financier pour financer sa dette. À l’époque, Washington a promis une récompense de 15 millions de dollars pour permettre l’arrestation du président vénézuélien.

Quelle est la réaction des autorités vénézuélienne et de la population ?

La stratégie de Donald Trump est de faire peur à une partie de l’administration et de l’armée afin de créer des dissensions et favoriser un changement de régime. De son côté, le président vénézuélien entend montrer l’unité de l’appareil militaire, du renseignement et des milices bolivariennes. Nicolas Maduro veut démontrer que ces forces sont prêtes à prendre le contrôle du territoire en cas d’attaque d’une armée extérieure.

« TROÏKA DE LA RÉSISTANCE »
– CUBA, LE NICARAGUA ET LE VENEZUELA– 


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Comment les divers gouvernements de la région réagissent-ils face à cette escalade ?

La question vénézuélienne ravive les divergences stratégiques latino-américaines. En Argentine, en Équateur, au Paraguay, les gouvernements de droite sont alignés sur Washington et ne reconnaissent pas la victoire de Nicolas Maduro en 2024.

La République dominicaine, qui doit accueillir en décembre le sommet des Amériques, a exclu Cuba, le Venezuela et le Nicaragua. La Colombie et le Mexique ont déjà refusé de s’y rendre pour dénoncer la violation de la souveraineté latino-américaine. Une position partagée par l’ensemble des pays progressistes, y compris au sein de la gauche latino-américaine qui ne reconnaît pas officiellement la réélection de Nicolas Maduro. Le Brésil et le Chili ont condamné toute forme d’ingérence américaine.

Cette politique de Donald Trump en Amérique latine est en lien avec la politique intérieure américaine à travers deux thématiques : l’immigration et la drogue. Lors de sa campagne, il a promis de déporter 11 millions de Latino-Américains et d’éradiquer le narcotrafic, avec la même politique depuis Nixon : la décapitation de l’offre (production, producteurs et cartels). Il n’a rien dit de la hausse constante des consommateurs aux États-Unis. La lutte antidrogue sert de véhicule pour justifier le retour du militaire y compris sur la question migratoire.