04 février, 2020

BOLIVIE : LES PETITS TÉLÉGRAPHISTES DU COUP D’ÉTAT QUI N’EXISTE PAS

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PHOTO DANIEL JAYO / KEYSTONE / AP
BOLIVIE : LES PETITS TÉLÉGRAPHISTES DU COUP D’ÉTAT QUI N’EXISTE PAS 
Dans leur malheur, il y a quelques décennies, les Chiliens ont eu la chance (même si on peut la considérer très relative) de ne pas voir leur tragédie défigurée. Au lendemain du 11 septembre 1973 et du renversement du socialiste Salvador Allende par le général Augusto Pinochet, aucun média digne de ce nom n’aurait osé nier qu’il y ait eu un « Coup d’État à Santiago ». Autres temps, autre type de « golpe » (dans la mesure du possible moins sanglant), autres « professionnels » de l’information. Le 15 novembre 2019, après que le chef de l’État en exercice, arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle, ait été contraint à abandonner le pouvoir sous la pression de la police et de l’armée, le quotidien Le Monde transformait la victime en responsable et se fendait d’un éditorial singulier : « Bolivie : les erreurs d’Evo Morales ». Et il ne fut pas le seul. En syntonie parfaite avec ceux de ses confrères qui, sur place – Pagina Siete, El Deber, La Razón, Unitel, Red Uno, Bolivisión, etc. –, ont accompagné et soutenu la défenestration du candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS) en l’accusant de « fraudes » lors des élections du 20 octobre, la « commentocrature » hexagonale a elle aussi exécuté l’ex-chef de l’État.
Par Maurice Lemoine
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 ANTHONY BELLANGER
PHOTO CHRISTOPHE ABRAMOWITZ
Infaillible, s’exprimant ex catedra du haut de son nombril, l’inévitable « public-privé » Anthony Bellanger (selon les jours sur France Info, France Inter, France Culture ou BFM TV), se gausse, dès le 23 octobre (sur France Inter) du décompte électoral qui, « miraculeusement », a permis au chef de l’État en exercice d’être réélu. Deux jours plus tard, relayant Washington, Bruxelles et les capitales latino-américaines les plus inféodées à Donald Trump, France Info titre : « Evo Morales réélu dès le premier tour, la communauté internationale hausse le ton ». Dans sa revue de presse, Camille Magnard, ce même 25, sur France Culture, s’intéresse comme nous au traitement médiatique de la crise et, après avoir cité sans aucune réserve le Washington Post (États-Unis), Los Tiempos et El Deber (Bolivie), La Jornada (Mexique), Deutsche Welle (Allemagne), neutres par définition, s’inquiète de « la couverture très abondante mais pas forcément très impartiale, que fait la chaîne d’État vénézuélienne TeleSur de cette présidentielle en Bolivie... Après tout, débusquer des complots impérialistes dirigés depuis Washington, à Caracas, ça fait longtemps que c’est devenu une spécialité. »
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