20 avril, 2025

FACE AUX DROITS DE DOUANE DE TRUMP, LE CHILI PROTÈGE SON CUIVRE

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PHOTO LIBRE DE DROIT DE VUE AÉRIENNE DE LA MINE DE CUIVRE
 À CIEL OUVERT DANS LE DÉSERT DATACAMA CHILI 
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Décryptage / Face aux droits de douane de Trump, le Chili protège son cuivre / Alors que Donald Trump souhaite imposer de nouveaux droits de douane sur les minerais critiques, le Chili, principal producteur mondial de cuivre, s'inquiète. Le gouvernement chilien cherche par tous les moyens à prouver la dépendance américaine au métal rouge. / Commerce International / Donald Trump

Par Marion Torquebiau Publié le 19 avr. 2025 à 07:00

Que va-t-il advenir du principal producteur mondial de cuivre ? Alors que les besoins en métal rouge ne cessent d'augmenter dans le cadre de la transition énergétique, les récentes annonces de hausse de droits de douane par Donald Trump inquiètent son principal fournisseur, le Chili. Ce mercredi, une délégation chilienne a rencontré le représentant au commerce des États-Unis, Jamieson Greer, afin de discuter du sort du pays andin face à l'imposition de 10 % de droits de douane.

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Pour le Chili, la réunion avait un objectif clair : comprendre comment ces droits de douane vont impacter l'accord de libre-échange que le pays a signé avec les États-Unis en 2004. Entre exportation de saumons, fruits ou vin chiliens et importation de voitures, pétrole, ordinateurs américains, les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté de plus de 6 % par an en moyenne entre 2019 et 2024.

Bien qu'elle n'atteigne pas le niveau imposéà la Chine, cette hausse de 10 % des droits de douane fait peser de nombreuses incertitudes dans un pays dont l'économie dépend majoritairement des exportations. En 2024, elles ont même battu un record avec 100 milliards de dollars de biens exportés, soit une augmentation de 5,9 % par rapport à 2023, selon les données de la Banque centrale du Chili.

25 % de droits de douane

Mais la principale préoccupation du gouvernement chilien reste le sort du cuivre, dont le pays est le premier producteur mondial et qui représente la moitié de ses exportations, soit 50,8 milliards de dollars pour 2024. Pour l'instant, la question de l'inclusion du métal rouge sur la liste des produits touchés par la hausse des droits de douane n'a pas été tranchée par le gouvernement américain.

En février dernier, Donald Trump a annoncé l'ouverture d'une enquête au sein du département du Commerce afin de déterminer le niveau de dépendance des États-Unis au cuivre. La procédure, qui devait initialement durer neuf mois, pourrait bien être accélérée par le gouvernement américain, qui souhaite imposer jusqu'à 25 % de droits de douane sur le cuivre dès les prochaines semaines, selon Bloomberg.

Un délai qui laisse peu de temps au Chili pour peser sur les négociations. Ces dernières semaines, la volatilité du prix du cuivre a provoqué de l'inquiétude dans les milieux d'affaires à Santiago, car le pays dépend fortement des achats américains. Sur le deuxième trimestre 2024, les États-Unis ont été le deuxième acheteur de cuivre chilien, après la Chine.

Conséquences néfastes

Mais le Chili cherche maintenant à démontrer les conséquences négatives que les Etats-Unis auraient également à subir en cas de hausse de ces tarifs. « Nous sommes le principal fournisseur de barres de cuivre aux États-Unis, des produits essentiels pour leur compétitivité industrielle », a expliqué Mario Marcel, ministre des Finances du Chili.

Une position soutenue par de nombreux syndicats américains, dont l'Association des fabricants de transformateurs ou l'Association de développement du cuivre, qui ont demandé expressément au département du Commerce que le Chili ne fasse pas partie des pays touchés par les droits de douane sur le cuivre.

Diversification

Preuve de l'inquiétude ambiante, le président du Chili Gabriel Boric a annoncé la semaine dernière la création « d'un comité de haut niveau sur la stratégie en matière de minéraux essentiels », parmi lesquels le cuivre et le lithium, fondamentaux pour la transition énergétique et que le Chili possède en grande quantité.

« Nous ne voulons plus dépendre d'un seul pays et encore moins d'un seul dirigeant. M. Trump représente tout ce à quoi je m'oppose », a soutenu Gabriel Boric en visite en Inde au début du mois. Face à l'incertitude américaine, le président chilien souhaite renforcer ses liens commerciaux avec d'autres pays, notamment avec l'Inde et l'Union européenne.

Marion Torquebiau (Correspondante à Santiago (Chili))

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UNE VUE DE LA MINE DE CUIVRE LOS BRONCES DE LA SOCIÉTÉ
 ANGLO AMERICAN, À 60 KM DE SANTIAGO, AU CHILI.

IMAGE D'ILLUSTRATION ARIEL MARINKOVIC

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