Face à un malaise social croissant, la présidente socialiste chilienne, Michelle Bachelet, a annoncé, lundi 21 mai, des investissements de plusieurs millions de dollars en matière d'éducation, de santé, de logement et de retraite, qui seront financés par les gains spectaculaires obtenus grâce aux exportations de cuivre. C'est le programme social le plus ambitieux depuis le retour de la démocratie, en 1990, dans un pays où 3 des 16 millions d'habitants vivent dans la pauvreté.
Dans un discours de deux heures destiné à présenter le bilan annuel de son gouvernement devant le Parlement, qui siège à Valparaiso (à 110 km à l'ouest de Santiago), Mme Bachelet a proposé de réduire l'excédent fiscal de 1 % à 0,50 % du PIB. L'Etat disposera ainsi de 800 millions de dollars (594 millions d'euros) pour réaliser ce nouveau plan social.
Cette mesure avait été réclamée par plusieurs secteurs en raison de la bonne santé de l'économie chilienne, avec des prévisions de croissance de 6 % pour 2007. La présidente socialiste a promis à partir de 2008 une retraite de 145 dollars à toutes les personnes âgées vivant dans la pauvreté et une augmentation de l'assurance-chômage qui touche 7,8 % de la population.
Elle a annoncé des investissements supplémentaires de 650 millions de dollars pour l'éducation (qui disposera ainsi d'un budget annuel de 5 milliards de dollars), la construction de 2 700 garderies d'enfants, 12 nouveaux hôpitaux et l'annulation de la dette des foyers pauvres pour l'acquisition de logements. "Consolider les bases d'un système de protection sociale sera la marque historique de mon gouvernement", a affirmé Mme Bachelet.
L'arrivée au pouvoir le 11 mars 2006 de la première femme élue présidente du Chili avait suscité un grand espoir en vue de réduire les inégalités sociales. Aujourd'hui, sa cote de popularité est tombée de 60 % à 40 %. En revanche, l'approbation de l'opposition de droite est en hausse dans les sondages pour les élections municipales de 2008, prélude à l'élection présidentielle de 2009.
MEA CULPA
Mme Bachelet a fait son mea culpa, reconnaissant des erreurs dans sa gestion, notamment dans celle du nouveau système de transports de Santiago, le Transantiago, qui a réduit de 8 000 à 5 600 le nombre de véhicules en circulation, entraînant la colère des usagers. "Cette réforme a été une expérience mauvaise et frustrante pour une grande majorité des habitants de Santiago, spécialement pour les plus pauvres", a reconnu le chef de l'Etat. Elle a annoncé des investissements de 290 millions de dollars pour subventionner le Transantiago.
Mme Bachelet avait affronté, en juillet 2006, une révolte sans précédent des élèves du secondaire, qui exigeaient une réforme du système éducatif, privatisé par la dictature militaire. Début mai, elle a été durement critiquée par une vingtaine de parlementaires appartenant à la coalition de centre-gauche au pouvoir, la Concertation démocratique, qui lui ont reproché de mener une politique "néolibérale" et ont revendiqué un virage à gauche.
Christine Legrand