30 décembre, 2025

DONALD TRUMP RÉAFFIRME QUE DE PREMIÈRES FRAPPES TERRESTRES ONT EU LIEU AU VENEZUELA, "CONTRE DES CARTELS DE LA DROGUE"

  [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ] 

DONALD TRUMP À PALM BEACH, EN FLORIDE,
 AUX ETATS-UNIS, LE 28 DÉCEMBRE 2025.
PHOTO JOE RAEDLE
Logo
Le Monde

International / Venezuela / Donald Trump réaffirme que de premières frappes terrestres ont eu lieu au Venezuela, "contre des cartels de la drogue" / 
Le président des États-Unis dit qu’une zone de mise à quai pour des bateaux impliqués dans le narcotrafic a été visée. / Lors de sa rencontre avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, Donald Trump a réaffirmé, lundi 29 décembre, que les États-Unis avaient détruit une zone de mise à quai pour des bateaux présentés comme impliqués dans le narcotrafic au Venezuela, dans ce qui pourrait être la première frappe au sol menée par Washington depuis le lancement de sa campagne militaire contre le trafic de drogue en Amérique latine.
[« Donroe »: le corollaire Trump à la doctrine Monroe] Fake news et violences contre Venezuela

Le Monde avec l'AFP Publié hier à 21h24  Temps de Lecture 1 min.

Interrogé sur une allusion à une telle frappe dans un entretien diffusé vendredi, le président américain a déclaré, lundi, en Floride : « Il y a eu une grande explosion sur la zone de mise à quai où ils chargent les bateaux de drogue. (…) Nous avons détruit tous les bateaux et maintenant nous avons frappé la zone. C’est la zone de mise en œuvre. C’est là qu’ils agissaient. Et cette zone n’existe plus », a-t-il déclaré, sans donner le lieu de cette frappe. « C’était sur le rivage », a-t-il ajouté, sans dire qui a mené l’opération, armée ou CIA.

FLYER JL MÉLENCHON
► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

Dans une interview avec le milliardaire John Catsimatidis, l’un de ses soutiens, sur la station de radio new-yorkaise WABC, vendredi, le président républicain avait affirmé que les États-Unis avaient frappé une « grande installation » servant selon lui à la production de bateaux utilisés pour le narcotrafic. « Ils ont une grande usine ou une grande installation (…) d’où viennent les navires », avait-il dit, avant d’ajouter : « Il y a deux nuits, nous l’avons détruite. Donc nous les avons frappés très durement. »

SIMON BOLIVAR, BÂILLONNÉE PAR LES MÉDIAS MAINSTREAM

Deux morts dans une nouvelle frappe dans le Pacifique, lundi

Le gouvernement vénézuélien n’a fait aucun commentaire officiel depuis ces annonces. Les États-Unis exercent une forte pression sur Caracas depuis des mois, cherchant à pousser au départ le président Nicolas Maduro, accusé par Washington d’être à la tête d’un vaste réseau de narcotrafic.

Les forces américaines ont bombardé des embarcations accusées de transporter de la drogue, faisant plus de 100 morts dans les Caraïbes et le Pacifique. La dernière en date a été menée, lundi, dans l’est du Pacifique contre un navire « impliqué dans des opérations de narcotrafic », selon l’armée, tuant deux personnes. Jusqu’à présent, l’administration américaine n’a pas apporté de preuves démontrant que les embarcations visées transportaient effectivement de la drogue.

Washington a également déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes et imposé au Venezuela un blocus visant des navires pétroliers sous sanctions. Nicolas Maduro dément les accusations américaines, et assure que les États-Unis cherchent à le renverser pour s’emparer du pétrole vénézuélien, principale ressource du pays.

Le Monde avec l'AFP


m. trump, pirate des caraïbes 
IMAGE GÉNÉRÉE PAR CHATGPT

29 décembre, 2025

KAST / LA « VOIE DÉMOCRATIQUE » VERS LE PINOCHETISME

 [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
DESSIN PITCH COMMENT 

Contretemps
Victoire de Kast au Chili : la « voie démocratique » vers le pinochetisme / Avec la victoire présidentielle de José Antonio Kast au Chili, le pinochetisme revient au pouvoir par la voie électorale, articulant restauration néolibérale, autoritarisme moral et anticommunisme comme réponse à la crise chilienne. Pablo Abufom et Karina Nohales analysent cette nouvelle situation.

Karina Nohales et Pablo Abufom Silva 29 décembre 2025  

Karina  Nohales  et Pablo Abufom 
PHOTOMONTAGE ARAUCA RIA
Dimanche 14 décembre, le candidat d’extrême droite José Antonio Kast s’est imposé avec une large avance (58,2 %) au second tour de l’élection présidentielle face à sa rivale, la candidate de la coalition au pouvoir et militante du Parti communiste, Jeannette Jara (41,8%).

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR 

Ce résultat est conforme aux prévisions des principaux instituts de sondage, en particulier le CADEM, dont les estimations publiées le 29 novembre ont prédit avec une précision remarquable le résultat final. Il confirme également une tendance politique plus large, visible depuis les primaires de juin au sein de la coalition gouvernementale. Comme nous l’avons souligné à l’époque :

« Le défi pour la candidature de Jeannette Jara est énorme à plusieurs niveaux. Le premier et le plus important consiste à transformer les 825 835 voix obtenues lors de ces primaires en 7 millions de voix nécessaires pour s’imposer au second tour de l’élection présidentielle, où, pour la première fois depuis 2012, s’appliquera le vote obligatoire, une modalité qui, de l’avis général, a favorisé la droite. »

Après le premier tour de l’élection présidentielle, nous avions souligné que « les résultats électoraux du dimanche 16 novembre montrent clairement l’ampleur de la victoire de la droite. À l’élection présidentielle, ce bloc a obtenu 50,3 % des voix, réparties entre José Antonio Kast (23,9 %, Parti républicain), Johannes Kaiser (13,9 %, Parti national libertarien) et Evelyn Matthei (12,5 %, Chile Vamos) ».

Avec un taux de participation de 85 % des inscrits, Jeannette Jara a vu son score électoral progresser d’environ 1,7 million de voix entre le premier et le second tour. Cette progression s’est avérée pourtant clairement insuffisante face à celle de Kast, qui a gagné plus de 4 millions de nouveaux électeurs en arrivant en tête dans toutes les régions du pays sans exception.

L’analyse de la répartition des votes par sexe et par âge permet de préciser encore davantage cette dynamique. Kast a obtenu ses meilleurs résultats auprès de l’électorat masculin dans toutes les tranches d’âge, mais il a également enregistré des résultats particulièrement élevés auprès des femmes de 35 à 54 ans. Jara, en revanche, s’est imposée auprès des électrices de moins de 35 ans et de plus de 54 ans, ce qui lui a valu un soutien plus fragmenté et socialement localisé.

Qui est José Antonio Kast ?

José Antonio Kast n’est pas un outsider. Il a milité pendant plus de deux décennies au sein du parti historique du pinochetisme, l’Union démocratique indépendante (UDI), a été député pendant seize années consécutives (2002-2018) et s’est présenté à trois reprises comme candidat à la Présidence.

En 2016, il a démissionné de l’UDI, arguant que le parti avait abandonné son projet fondateur – ultraconservateur sur le plan moral, catholique sur le plan culturel et néolibéral sur le plan économique – en cherchant à élargir sa base et en modérant son discours. Peu après, en 2017, il a lancé sa propre plate-forme présidentielle, Acción Republicana, qui s’est officiellement constituée en 2019 en tant que parti politique sous le nom de Partido Republicano, qui est sa dénomination actuelle.

► À lire aussi :        À MADRID, UN SOMMET ANTI-IVG RÉUNIT LA FACHOSPHÈRE MONDIALE

Dans la continuité de cette trajectoire, Kast a été l’un des signataires de la « Charte de Madrid » en 2020, une initiative lancée par l’extrême droite internationale dans le but explicite de freiner « l’avancée du communisme » en Amérique latine.

► À lire aussi :        LES ENTRETIENS DU VENT SE LÈVE AVEC JOHANN CHAPOUTOT ET EUGÉNIE MÉRIEAU

Kast est le plus jeune des dix enfants d’un couple d’émigrés allemands Kast-Rist. Son père, Michael Kast, était officier dans les forces armées hitlériennes, la Wehrmacht, et affilié au Parti national-socialiste. Ses parents et plusieurs de ses frères et sœurs ont investi dans des exploitations agricoles dans la région centrale du Chili.

► À lire aussi :        CHILI. JOSÉ ANTONIO K4ST, CE FILS DE NAZI ET ADMIRATEUR DE PINOCHET QUI VEUT DEVENIR PRÉSIDENT

Il existe également des enquêtes journalistiques et judiciaires documentées qui relient des membres de la famille Kast à des activités criminelles de la Centrale nationale d’information (CNI) pendant la dictature de Pinochet, notamment leur participation à des patrouilles civiles aux côtés des forces de répression du régime et à des opérations associées à de graves violations des droits humains, dont des disparitions forcées.

Le frère aîné de José Antonio, Miguel Kast, économiste formé à l’université de Chicago, a occupé des postes clés sous la dictature de Pinochet. Il a été ministre du Travail, puis président de la Banque centrale. En tant que ministre du Bureau de la planification nationale (ODEPLAN) entre 1978 et 1980, il a été l’un des principaux promoteurs de la catégorie d’« extrême pauvreté », qui avait pour objectif de ne faire bénéficier d’aides sociales que les secteurs les plus pauvres. Cela a permis d’institutionnaliser une politique de dépenses sociales réduites au minimum, ne permettant que d’assurer la survie, en parfaite cohérence avec le programme d’ajustement structurel et de démantèlement de l’État social promu par la dictature.

JAIME GUZMAN, ENTRE MARTYR DE LA
DROITE DURE ET ICÔNE ROSE
 

Issu d’une famille et d’une formation politique ultra-catholiques, Kast se considère comme un disciple fidèle du principal idéologue de la dictature chilienne et fondateur de l’UDI, l’ancien sénateur Jaime Guzmán, aujourd’hui décédé. Guzmán défendait une position extrême sur l’avortement:

« La mère doit donner naissance à l’enfant même s’il est anormal, même si elle ne le désirait pas, même s’il est le fruit d’un viol ou même si sa naissance doit provoquer sa propre mort ».

En tant que député, Kast s’est systématiquement opposé à l’extension des droits civils et sexuels. Il a voté contre le mariage entre personnes du même sexe et contre la loi anti-discrimination. Il a milité activement contre l’éducation sexuelle intégrale. Il s’est opposé à la distribution gratuite de la pilule du lendemain et a défendu l’abrogation de la législation en vigueur qui autorise l’avortement dans trois cas.

Cette orientation s’est également traduite dans ses propositions programmatiques. Lors de sa deuxième candidature à la Présidence, Kast a préconisé la suppression du ministère de la Femme et de l’Égalité des genres, son remplacement par un ministère de la Famille et la restriction de certaines aides sociales – particulièrement importantes pour les femmes pauvres – aux seules femmes mariées.

En 2017, dans le cadre de sa première campagne présidentielle, son épouse, Pía Adriasola, a raconté lors d’une interview, alors qu’elle souhaitait retarder une grossesse avant d’avoir son troisième enfant (le couple en a neuf), qu’elle avait consulté un médecin qui lui avait prescrit le recours à la pilule. Lorsqu’elle a fait part de cette décision à Kast, celui-ci aurait réagi en lui disant : « Tu es folle ? C’est impossible ». Il l’a ensuite emmenée voir un prêtre qui lui a dit que l’utilisation de la pilule était interdite.

En août de la même année, José Antonio Kast a été adoubé comme candidat par des associations de militaires à la retraite et par des organisations de familles de personnes condamnées pour crimes contre l’humanité. Lors d’un meeting organisé au Théâtre Caupolicán, il a déclaré :

« Je m’appelle José Antonio Kast, et je défends, oui, fièrement, l’œuvre du gouvernement militaire, et je pense, oui, que de nombreux militaires et membres des Forces Armées sont victimes de persécutions et je m’engage, oui, si je suis élu Président, à protéger les Forces Armées » et à gracier « tous ceux qui sont injustement ou inhumainement emprisonnés ».

Parmi ces condamnés figure Miguel Krassnoff Martchenko, officier au moment du coup d’État de 1973, puis agent de la Direction nationale du renseignement (DINA) – la police secrète de la dictature – et condamné à plus de 1 000 ans de prison dans vingt-sept procédures pour enlèvement, torture et disparition forcée. Kast, qui a rendu visite à Krassnoff en prison, a été interrogé à plusieurs reprises au cours de cette dernière campagne présidentielle sur son intention de le gracier. Il a invariablement refusé de répondre.

Tout cela permet de qualifier José Antonio Kast de défenseur explicite et cohérent de l’œuvre de la dictature de Pinochet, non seulement en termes de revendication symbolique de sa geste anticommuniste, mais également en tant que tentative délibérée de se réapproprier le cadre programmatique pinochetiste pour faire face aux multiples crises que traverse aujourd’hui la société chilienne.

Son programme combine une main de fer pour rétablir « l’État de droit », la déréglementation et la marchandisation des services sociaux afin « d’améliorer les conditions d’investissement et de création d’emplois », et une conception de la société fondée sur la place centrale de la famille, la prééminence de la propriété privée, l’entrepreneuriat individuel et le contrôle patriarcal sur les femmes et les enfants.

Que peut-on attendre du prochain gouvernement ?

En 2023, après l’échec du processus constitutionnel engagé à la suite des soulèvements sociaux, une deuxième tentative de réforme constitutionnelle a eu lieu. Ce nouveau projet était, à presque tous les égards, l’antithèse du précédent. Le conseil constitutionnel mis en place était composé de cinquante membres, dont vingt-deux appartenaient au Parti républicain, qui présidait également l’instance.

Le projet de constitution émanant de cet organe, élaboré à l’image et en conformité avec l’idéologie républicaine, consistait en une sorte de retour au texte original de la Constitution pinochetiste de 1980, purgé des réformes introduites pendant la période démocratique. Le projet a été rejeté lors du référendum de décembre 2023 par 55,7 % des voix. Ce résultat a mis fin au cycle constitutionnel ouvert en 2019. Cependant, le processus a permis de tester le degré de dogmatisme du projet républicain et de faire émerger plusieurs personnalités politiques qui, selon toute vraisemblance, joueront un rôle important au cours des quatre prochaines années de gouvernement.

Le soir même de son élection, dans son premier discours en tant que président élu, Kast a opté pour un ton modéré. Il a proclamé son respect pour la démocratie, pour ses adversaires politiques et pour la pluralité, a manifesté une prétendue volonté de trouver des accords et a reconnu l’apport des Présidents qui l’ont précédé. Il a même semblé faire sienne la « politique de consensus » qui a caractérisé la gouvernance post-dictatoriale : une forme de gouvernement soutenue par un centre-gauche partisan de l’économie sociale de marché et par une droite qui, progressivement, avait tenté de prendre ses distances avec l’héritage explicite du pinochetisme pour gérer la transition démocratique.

Cependant, cette rhétorique conciliante contraste fortement avec les premières orientations programmatiques de son équipe. Le plan annoncé pour les trois premiers mois du gouvernement reprend la rhétorique de Kast pendant la campagne et s’articule autour de quatre axes centraux : contre-réforme fiscale, déréglementation, offensive contre le travail et ajustement budgétaire.

En matière fiscale, Kast propose de revenir sur la réforme mise en œuvre pendant le second mandat de Michelle Bachelet, en réduisant les impôts des moyennes et grandes entreprises et en supprimant l’impôt sur les bénéfices individuels des entrepreneurs. Il s’agit d’une orientation qui renforce le caractère régressif du système fiscal et assure un transfert de revenus vers les secteurs les plus riches.

En matière de réglementation, le programme de Kast vise à démanteler les entraves existantes au pouvoir du capital, en mettant particulièrement l’accent sur la déréglementation des cadres de protection de l’environnement et l’assouplissement des restrictions applicables au secteur immobilier. Il s’agit d’un programme largement promu par les grandes entreprises, qui ont popularisé ces dernières années le néologisme « permisologie » pour dénoncer les multiples procédures d’évaluation de l’impact environnemental auxquelles sont astreints les investissements ayant des effets négatifs potentiels sur les biens protégés par la législation en vigueur.

Au cœur de l’attaque contre le travail, l’objectif central consiste à réduire les capacités de contrôle et de sanction face aux pratiques anti-syndicales et anti-ouvrières, en affaiblissant la Direction du Travail. À cela s’ajoute l’intention explicite de restreindre l’application de la loi sur les 40 heures, approuvée par le gouvernement actuel, annulant ainsi le progrès limité que cette norme représentait pour placer la question du temps de vie au centre de la lutte du mouvement ouvrier.

Enfin, pour ce qui concerne la réduction des dépenses fiscales, la proposition a été délibérément superlative : une réduction de 6 milliards de dollars ! L’ampleur du montant a rapidement suscité des questionnements et des demandes de précision. Face à cela, l’un des porte-parole de la campagne a explicitement justifié le refus de détailler les ajustements : « Évidemment, nous n’allons pas les publier, car cela provoquerait une paralysie immédiate. Si on dit « je mets fin au programme X », on va avoir des émeutes dans la rue.»

Au-delà de cette franchise cynique, les premières mesures annoncées se réduisent à des formulations vagues : promesses de réduire les « dépenses politiques », d’accroître l’efficacité budgétaire, de renforcer les pouvoirs du Contrôleur général de la République concernant les dépenses des municipalités et de supprimer les postes qualifiés d’« emplois politiques ». Dans l’ensemble, il s’agit d’un programme d’ajustement dont le contenu concret reste délibérément opaque, mais dont les effets prévisibles pèseront sur l’emploi public, les politiques sociales et les capacités de régulation de l’État.

Au premier jour, un Kast protocolaire et international

Lundi 15 décembre, dès le lendemain de son élection, Kast s’est rendu au palais de La Moneda et a tenu des réunions avec les représentants des partis qui ont soutenu sa candidature. Rien d’inhabituel sur le plan institutionnel.

Les signaux politiques les plus importants de la journée sont toutefois venus de la scène internationale. Kast a reçu les félicitations explicites de figures centrales de ce qu’on appelle « l’internationale fasciste» : Javier Milei, Donald Trump et Benjamin Netanyahu ont ouvertement célébré sa victoire électorale et l’ont présenté comme un allié dans l’offensive contre le socialisme en Amérique latine. Le Wall Street Journal s’est exprimé dans le même sens, interprétant la victoire de Kast comme faisant partie d’une « mauvaise saison démocratique pour le socialisme en Amérique latine », affirmant que la vague de « violence gauchiste » et de stagnation économique serait en train de reculer.

Tout indique que Kast deviendra l’un des acteurs de la recomposition de la droite latino-américaine aujourd’hui au pouvoir, avec au moins deux conséquences qui constituent des signaux d’alerte. Il s’agit d’abord d’une adhésion sans nuance à la nouvelle orientation de la politique étrangère américaine, le « corollaire Trump à la doctrine Monroe », dont l’objectif immédiat est le changement de régime au Venezuela et l’appropriation de ses ressources énergétiques.

C’est aussi le début d’un processus de renormalisation des relations avec Israël, quitte à mettre en péril l’engagement historique du Chili en faveur du droit du peuple palestinien à l’autodétermination. Cet engagement s’est récemment traduit par la participation du Chili à la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice pour génocide, ainsi que par la suspension de certaines instances de coopération diplomatique et militaire avec l’État occupant.

Dans le concert dissonant de l’extrême droite mondiale, chaque pays apporte sa propre tradition et sa forme spécifique de légitimation. Au Chili, tout indique que cette forme est le pinochetisme. C’est là que l’extrême droite trouve son passé glorifié, ses expériences de gouvernement les plus accomplies du point de vue des classes dominantes et la mémoire stratégique – économique, militaire et culturelle – qui lui permet de s’inscrire dans le nouveau scénario mondial.

Que signifie la victoire de Kast dans l’histoire du Chili ?

Le gouvernement de José Antonio Kast sera le premier gouvernement démocratique du pinochetisme. Sa victoire concrétise, pour la première fois, l’aspiration longtemps soutenue par les fondateurs de l’Union démocratique indépendante, le parti créé par Jaime Guzmán avec Miguel Kast et d’autres figures centrales du catholicisme autoritaire de la dictature. Kast incarne le retour de ce projet, désormais actualisé par l’expérience de la vague réactionnaire internationale et par les nouvelles sensibilités d’une extrême droite plus jeune, réunie autour d’une même ligne idéologique et politiquement désinhibée.

Il convient de prêter attention au rôle que joueront les cadres historiques de l’UDI dans la formation du gouvernement et des cabinets ministériels. Tout comme le Frente Amplio, encore inexpérimenté, a eu recours à l’époque aux cadres de la Concertación pour assurer le fonctionnement de l’appareil d’État, il est probable qu’un Parti républicain relativement jeune doive s’appuyer sur ses anciens partenaires, d’anciens ministres de la dictature et du piñérisme, porteurs d’une expérience essentielle pour gouverner dans des conditions de conflit social et de restauration conservatrice.

Mais la victoire de Kast n’exprime pas seulement la victoire électorale du pinochetisme. Lors de cette élection, l’anticommunisme s’est également imposé comme facteur structurant du sens politique commun. Sans aucun doute, la campagne s’est articulée autour de la peur de la violence, du chômage et du coût de la vie, phénomènes systématiquement attribués à la délinquance, au trafic de drogue, à la corruption et à l’immigration. La question décisive est de savoir pourquoi ces angoisses se sont cristallisées politiquement autour de Kast et contre Jeannette Jara.

À notre avis, la colonne vertébrale qui a unifié ces craintes était une idée simple et persistante : même s’il y a des aspects inquiétants chez Kast, « le communisme est pire » et un gouvernement communiste conduirait inévitablement à plus de misère. Le ciment idéologique de ces peurs induites était la menace – inexistante en réalité – d’un gouvernement dirigé par une communiste, associé mécaniquement au Venezuela, à Cuba, à l’Unité populaire ou à l’Union soviétique.

Ainsi, les critiques souvent justifiées à l’égard de la gestion gouvernementale actuelle et des difficultés quotidiennes de larges secteurs sociaux ont été subsumées sous un argument profondément irrationnel : l’anticommunisme comme héritage vivant de la dictature, forgé dans le contexte de la guerre froide et toujours efficace dans l’imaginaire populaire chilien.

Dans les semaines qui ont suivi la défaite de la gauche, les analyses rétrospectives des causes et des responsables de la défaite ont abondé. Cela étant, la gauche chilienne sera contrainte de repartir à zéro. Les ajustements tactiques testés ces dernières années ne suffiront plus. Le scénario est très complexe et pourrait devenir encore plus contradictoire si se confirme une augmentation des investissements dans l’industrie du cuivre, stimulée par une demande mondiale accrue, qui ouvrirait un éventuel mégacycle favorable au nouveau gouvernement. En outre, l’absence d’élections pendant au moins trois ans donne à Kast une marge de manœuvre importante pour imposer son programme comme axe central de la politique nationale.

Dans ce contexte, les défis immédiats pour la classe ouvrière chilienne se concentreront sur deux fronts étroitement liés : la résistance aux réformes régressives du nouveau gouvernement et la capacité à articuler une opposition sociale qui ne soit plus soumise à la direction progressiste responsable de ce qui apparaît aujourd’hui comme quatre années perdues dans la lutte contre la montée de l’extrême droite. Le cycle qui s’ouvre exige plus que des défenses partielles : il impose une recomposition stratégique de la gauche chilienne à la hauteur de ce nouveau moment historique.

*

Cet article est initialement paru en castillan dans Jacobin América Latina. Traduit de l’espagnol (chilien) par Contretemps, revue et corrigée par Robert March.

 [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

Le Chili bascule fortement à droite / Le candidat d’extrême droite
José Antonio Kast remporte l’élection présidentielle chilienne.
DESSIN ANNE DERENNE

SUR LE MÊME SUJET :

 

 

27 décembre, 2025

M. TRUMP, PIRATE DES CARAÏBES

  [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ] 

 IMAGE GÉNÉRÉE PAR CHATGPT
Le Monde
Diplo
Janvier 2026, pages 1, 6 et 7, en kiosques / Cuba, Honduras, Venezuela, Washington à l’offensive / M. Trump, pirate des Caraïbes / La « doctrine Monroe » revient en force en Amérique latine, assortie d’un « corollaire Trump ». Objectifs des États-Unis : restaurer leur domination continentale, repousser l’influence chinoise, mettre la région au service des priorités intérieures définies par la Maison Blanche. Vassalisées, les droites locales gagnent du terrain, et jubilent. [« Donroe »: le corollaire Trump à la doctrine Monroe]

par Christophe Ventura   

 Écouter cet article

par Christophe Ventura • Lu par Anne Lenglet • 
LE MONDE DIPLOMATIQUE - AUDIO 
«M. TRUMP, PIRATE DES CARAÏBES»
Illustration
« Le Monde diplomatique » 

Il est responsable de plus de trois mille disparitions ou assassinats. Sous ses ordres, environ quarante mille personnes furent soumises à la torture ; certaines en portent encore les séquelles. Sans surprise, les portraits d’Augusto Pinochet étaient devenus rares au Chili depuis la fin de la dictature qu’il a imposée au pays de 1973 à 1990. Le 14 décembre 2025, ils firent néanmoins leur grand retour à Santiago pour célébrer la victoire à la présidentielle de M. José Antonio Kast, qui se revendique fièrement du général putschiste.

JOSÉ GAMARRA. — « EL PROGRESO DE UNA AYUDA » (LE PROGRÈS D’UNE AIDE), 1969 /
© ADAGP, PARIS, 2025 - GALERIE XIPPAS, PARIS, GENÈVE, PUNTA DEL ESTE

► À lire aussi :        AU HONDURAS, NASRY ASFURA REMPORTE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE GRÂCE AU SOUTIEN DE DONALD TRUMP

Il y a quatorze ans, pourtant, des étudiants s’emparaient des rues du Chili, au cours des plus importantes manifestations qu’avait connues le pays depuis le retour de la démocratie. Ils exigeaient une éducation « gratuite et de qualité », et plus largement la fin du modèle néolibéral inscrit dans la Constitution de 1980, héritée de la dictature. Eux aussi avaient leur icône, dont les portraits chamarraient les rassemblements : Salvador Allende, président socialiste du Chili, élu en 1970 et renversé par Pinochet. L’un des étudiants protestataires, M. Gabriel Boric, poursuivit sa carrière politique jusqu’à prendre la tête du pays, en 2022, sans cesser d’invoquer le nom d’Allende. Dans deux mois, le 11 mars 2026, M. Kast lui succédera.

LES PARTISANS DE JOSÉ ANTONIO KAST CÉLÈBRENT
SA VICTOIRE  À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
À SANTIAGO, AU CHILI, LE 14 DÉCEMBRE 2025.
PHOTO REINALDO UBILLA

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

En 1973, la Maison Blanche avait soutenu le coup d’État de Pinochet : « Je ne vois pas pourquoi nous devrions laisser un pays devenir marxiste simplement parce que sa population est irresponsable », avait alors justifié Henry Kissinger (1). Cinquante ans plus tard, le président américain se félicite de la victoire à la présidentielle chilienne de celui qu’il a « soutenu (2) ».

« Soutenu » ? Avant le retour au pouvoir de M. Trump, Washington n’affichait pas aussi crânement son parti pris dans les affaires du sous-continent. Mais la déclaration du président-milliardaire a peu surpris. L’Amérique latine a compris que l’actuel locataire de la Maison Blanche s’intéressait beaucoup à elle. « La démocratie [au Honduras] sera mise à l’épreuve lors des prochaines élections qui se tiendront le 30 novembre », s’alertait par exemple le président américain sur sa plate-forme Truth Social le 26 novembre dernier. La campagne électorale était pourtant close depuis trois jours, selon les règles fixées par le Conseil national électoral (CNE), mais M. Trump adressait aux millions d’électeurs honduriens une consigne de vote directe pour l’homme d’affaires conservateur Nasry « Tito » Asfura (Parti national), « l’ami de la liberté » (3).

Deux jours après son premier message, il précisait sa pensée, sous la forme d’une menace. Si son candidat remportait la présidentielle, les États-Unis lui accorderaient « tout leur soutien ». S’il ne gagnait pas l’élection, ils « ne [gaspilleraient] pas leur argent, car un mauvais dirigeant ne peut qu’entraîner des résultats catastrophiques pour un pays ».

Washington a concentré sa présence militaire en Amérique centrale au nord-ouest de Tegucigalpa, la capitale du Honduras, un pays qui dispose d’une façade caribéenne. La base aérienne de Soto Cano héberge la Joint Task Force - Bravo, un groupement conjoint entre les deux pays, qui mobilise en permanence plus de cinq cents soldats américains pour des missions théoriquement humanitaires, de formation sécuritaire et de lutte contre le trafic de drogue. Début 2025, la présidente de gauche Xiomara Castro avait menacé de mettre un terme à cette coopération pour protester contre la politique d’expulsion de migrants voulue par M. Trump, qui allait bientôt frapper des dizaines de milliers de ressortissants de la nation centre-américaine. D’où les messages vengeurs de M. Trump…

« À rien, à rien et à rien ! »

Au cas où certains Honduriens ne l’auraient pas bien compris, plus de 90 000 habitants — tous titulaires d’un compte bancaire national récepteur de remesas, ces fonds transférés par les migrants à leurs proches — reçoivent des messages sur leur téléphone entre le 27 et le 29 novembre. Un lien les redirige vers un contenu audio leur annonçant que, si Mme Rixi Moncada (du même parti que Mme Castro) est élue, ils ne recevront pas leurs remesas au mois de décembre. Au Honduras, plus d’un quart du produit intérieur brut (PIB) est constitué des envois d’argent effectués par les quelque deux millions de personnes installées sur le territoire nord-américain (4). Le 1er décembre 2025, c’est le miracle : donné perdant dans les sondages, l’« ami » de M. Trump est annoncé vainqueur par les autorités électorales — un résultat que les autres candidats ne reconnaissent pas.

Ce dernier est rassuré, lui qui tient Mmes Castro et Moncada pour des comparses de M. Nicolás Maduro et s’était alarmé que le président bolivarien « et ses narcoterroristes » puissent « s’emparer d’un autre pays comme ils l’ont fait avec Cuba, le Nicaragua et le Venezuela ». Depuis septembre 2025, les États-Unis concentrent la plus grande armada navale réunie dans la région depuis la crise des missiles à Cuba en 1962 (5). D’après le président américain, dont l’administration impose une guerre hybride à Caracas, les jours du dirigeant chaviste « sont comptés » (Politico, 9 décembre 2025). Sa chute entraînerait, espère-t-il, celle du « régime cubain ».

Aux sanctions financières et économiques qui asphyxient le Venezuela s’ajoute l’organisation d’une campagne de diabolisation médiatique contre M. Maduro — de fait contesté dans le pays comme dans la région. Désormais, Washington impose un blocus maritime pétrolier à Caracas. L’Agence centrale de renseignement (CIA) a été autorisée à mener des opérations secrètes en vue de potentielles interventions sur le territoire, et la marine américaine intensifie ses bombardements en mer contre des embarcations accusées de transporter de la drogue. Qualifiés d’« exécutions extrajudiciaires » par le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme (6), ils ont déjà causé la mort de plus de cent personnes (au 18 décembre 2025).

Ces ingérences ne suscitent aucune récrimination dans les chancelleries occidentales, d’ordinaire promptes à traquer agressions militaires ou manipulations électorales, à condition qu’on puisse les attribuer à Moscou. La stratégie fonctionne. Avant le scrutin législatif argentin du 26 octobre, le président américain avait exercé un chantage économique et financier comparable à celui qui a « convaincu » les Honduriens : ou bien il déverserait financements et investissements sur Buenos Aires en cas de victoire du candidat de la Maison Blanche Javier Milei, ou bien il lâcherait le pays et lui compliquerait la vie — arrêt des aides bilatérales, augmentation des droits de douane, fermeture de l’accès au marché américain… Tandis que les sondages lui promettaient une victoire étriquée, l’allié libertarien de M. Trump a finalement remporté ces élections avec une confortable avance sur l’opposition péroniste.

Les instruments de pression ou de rétorsion de Washington contre les pays latino-américains, favorisant son redéploiement sur leurs territoires, sont nombreux. Souvent moins bruyantes que les immixtions politiques directes, les messages sur Truth Social ou les sanctions extraterritoriales (Cuba, Nicaragua, Venezuela), les mesures de répression commerciale de l’administration américaine tétanisent les États de la région. Tous cherchent dès lors à éviter les foudres de M. Trump et à « négocier », dans l’espoir d’obtenir un assouplissement ou une levée de tel ou tel droit de douane.

JOSÉ GAMARRA. — « LE GRAND LESSIVAGE », 1980 /
 © ADAGP, PARIS, 2025 - GALERIE XIPPAS, PARIS, GENÈVE, PUNTA DEL ESTE

Le Mexique, où les États-Unis menacent régulièrement d’intervenir au nom de la lutte contre le trafic de drogue, se voit imposer une taxe de 25 % sur ses exportations de produits qui ne font pas partie de l’accord commercial conclu par les deux pays et le Canada (AEUMC, ou USMCA en anglais), et de 50 % sur l’acier et l’aluminium. Le quotidien du gouvernement de Mme Claudia Sheinbaum consiste à déjouer les menaces de pénalités supplémentaires, proférées régulièrement par son voisin du Nord, pour divers motifs : lutte contre l’immigration ou le narcotrafic, exigence de réduction des exportations chinoises acheminées sur le territoire américain via l’AEUMC, demande d’une fourniture plus abondante d’eau douce… Surtout, la présidente mexicaine souhaite aborder dans les moins mauvaises conditions possibles les négociations préparant la révision périodique de l’AEUMC (signé en 2020 pour seize ans), qui commenceront le 1er juillet. Ces discussions décideront notamment de la prolongation (ou non) de cet accord, vital pour une économie mexicaine arrimée au marché des États-Unis, jusqu’en 2042.

En juillet 2025, le Brésil a quant à lui vu s’abattre sur son économie les plus fortes taxes douanières imposées à un pays par M. Trump (à l’exception de la Chine au début de l’année 2025) : 50 %. Ainsi, le président américain a souhaité dissuader — sans y parvenir — les autorités brésiliennes d’emprisonner son allié Jair Bolsonaro, condamné pour tentative de coup d’État. Après des semaines d’âpres négociations, Brasília a obtenu l’exemption ou la baisse drastique de ces droits sur de nombreux produits agricoles (viande de bœuf, café, cacao, fruits, etc.), profitant des craintes inflationnistes aux États-Unis.

Dans ces conditions, tenir simultanément tête au président américain sur d’autres dossiers se révèle difficile et risqué. Certes, les ingérences électorales, l’escalade belliqueuse contre le Venezuela, la perspective d’un renversement de M. Maduro provoqué par Washington (par le biais d’une pression économique ou d’une action militaire) peuvent faire l’objet de condamnations formelles ou d’offres de médiation politique — comme celles du Brésil et du Mexique. Mais les principales puissances régionales évitent de s’engager de manière frontale — et, a fortiori, concertée — contre M. Trump. Au grand dam du président colombien Gustavo Petro, « le prochain sur la liste » de son homologue américain dans sa prétendue lutte contre les narcotrafiquants (Politico, 10 décembre). Le dirigeant de gauche assure jusqu’en mars 2026 la présidence de la Communauté d’États latino-américains et caraïbes (Celac), qui regroupe les trente-trois États de la région. « Je suis président de la Celac et je veux dire qu’à ce stade cela sert à trois choses : à rien, à rien et à rien ! », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse (11 décembre 2025), pointant l’absence de réaction des pays de la région aux attaques du président américain.

Quel projet sous-tend l’offensive de ce dernier ? On trouve une partie de la réponse dans le document de stratégie de sécurité nationale publié par la Maison Blanche le 5 décembre 2025 (7). Le retour de Washington dans son ancienne « arrière-cour » doit contribuer à « assurer que l’Amérique reste le pays le plus fort, le plus riche, le plus puissant et le plus prospère des décennies à venir ». Il est l’expression d’une visée impériale assumée : l’Amérique latine doit participer à la reconstruction, au renforcement et au développement des capacités et des forces productives, technologiques, stratégiques et militaires des États-Unis, afin de maintenir un « équilibre des pouvoirs » avec d’autres acteurs dont le statut de puissance est reconnu, la Chine en premier lieu, ou la Russie.

En somme, une conception des relations internationales fondée sur la primauté des rapports de forces interétatiques (qui n’exclut pas la coopération) et la reconnaissance des zones d’influence de chaque superpuissance. Washington affirme ne pas vouloir agresser ses concurrents, mais n’entend pas tolérer leur expansion dans l’« hémisphère occidental » (c’est-à-dire, dans sa terminologie stratégique, l’ensemble du continent américain), ni la faciliter par son propre affaiblissement. D’une manière générale, « l’objectif de la politique de sécurité nationale est de protéger les intérêts nationaux fondamentaux [des États-Unis], certaines priorités transcendant les frontières régionales ». Préserver cette sécurité exigerait une domination de Washington du Groenland à la Terre de Feu.

« Restaurer la prééminence américaine »

« Donroe» : le corollaire Trump
 à la doctrine Monroe 
PHOTO AMANDA EDWARDS

Le président républicain reprend les principes bien connus de la « doctrine Monroe », du nom du président James Monroe (1817-1825), le premier à avoir désigné, en 1823, l’Amérique latine comme une sphère d’influence dévolue à son pays, en en bannissant toute nouvelle colonisation ou intervention européennes. Près d’un siècle plus tard, en 1904, le président Theodore Roosevelt affinait cette théorie en déclarant que, « dans l’hémisphère occidental, l’adhésion des États-Unis à la doctrine Monroe peut [les] contraindre, même à contrecœur, dans des cas flagrants d’actes répréhensibles ou d’impuissance, à exercer un pouvoir de police internationale ». Une posture baptisée depuis « corollaire Roosevelt ». Aujourd’hui, le document de stratégie nationale adjoint un « corollaire Trump » à la doctrine déjà constituée.

Pour la Maison Blanche, la menace chinoise a remplacé celle de l’Europe, et les États « communistes » ou « narcoterroristes » latino-américains sont considérés comme responsables de « cas flagrants d’actes répréhensibles ou d’impuissance ». Selon le document stratégique officiel, il s’agit de « restaurer la prééminence américaine dans l’hémisphère occidental et de protéger [le] territoire national et [l’]accès à des zones géographiques-clés dans toute la région ». « Nous empêcherons les concurrents non hémisphériques de positionner des forces ou d’autres capacités menaçantes, ou de posséder ou contrôler des actifs stratégiquement vitaux dans notre hémisphère. » Jamais citée, la Chine est visée à chaque ligne. Son emprise commerciale, financière et technologique sur l’Amérique latine est à la fois décrite en détail et dénoncée en creux.

Pour contrer Pékin, le président américain prône une nouvelle « diplomatie commerciale » à l’endroit des pays du sous-continent. Il leur enjoint d’agir au service des orientations de Washington, chez eux comme dans leur politique extérieure. Parce que l’Amérique latine « recèle de nombreuses ressources stratégiques » nécessaires aux États-Unis (hydrocarbures, matières premières, produits agricoles, infrastructures et sites géographiques), ses États peuvent contribuer au « renforcement des chaînes d’approvisionnement critiques dans cet hémisphère [qui] réduira les dépendances et augmentera la résilience économique américaine ». Le document invite les gouvernements à faire des États-Unis « leur partenaire de premier choix ». Ceux qui obtempèrent seront récompensés. Quant aux fortes têtes, la superpuissance « les dissuadera (par divers moyens) de collaborer avec d’autres ».

Contre l’hydre communiste

Washington peut désormais compter sur de nombreux pays alignés, même parmi ceux dont Pékin est le premier ou deuxième partenaire commercial. L’Argentine (M. Milei), la Bolivie (M. Rodrigo Paz), le Chili (M. Kast), le Costa Rica (M. Rodrigo Chaves), le Salvador (M. Nayib Bukele), l’Équateur (M. Daniel Noboa), le Honduras (M. Asfura), le Guatemala (M. Bernardo Arévalo), le Guyana (M. Mohamed Irfaan Ali), le Panamá (M. José Raúl Mulino), le Paraguay (M. Santiago Peña), la République dominicaine (M. Luis Abinader) sont gouvernés par des dirigeants conservateurs, d’extrême droite ou dépendants de Washington. Tous répondent aux exigences de M. Trump.

Certains avec zèle. M. Bukele met à disposition son centre de confinement du terrorisme (Cecot) pour enfermer des migrants réputés dangereux et expulsés des États-Unis. Les présidents de l’Argentine, de l’Équateur — principal hub régional d’exportation de la cocaïne colombienne —, du Guyana, du Paraguay, de la République dominicaine et de Trinité-et-Tobago (située à onze kilomètres du Venezuela) participent à la coalition internationale contre le narcotrafic suscitée par le secrétaire d’État Marco Rubio, et ils soutiennent la politique de Washington contre Caracas. Ces pays mettent à disposition des États-Unis leur territoire, leurs infrastructures ainsi que leur espace aérien pour l’« opération Lance du Sud » (Operation Southern Spear), officiellement menée dans l’optique de démanteler les cartels de la drogue dans la zone.

Tandis que la première puissance mondiale poursuit depuis des mois sa réimplantation militaire sur l’ensemble du sous-continent, par l’entremise de multiples accords de coopération réactivés, actualisés ou nouvellement signés (8), ses bases de Guantánamo (Cuba), de Porto Rico, des îles Vierges américaines, de la Grenade, des îles d’Aruba et Curaçao (positionnées à quatre-vingts kilomètres du Venezuela) complètent son dispositif caribéen. La dernière a servi de point de passage à Mme María Corina Machado lors de son exfiltration du Venezuela, organisée afin qu’elle puisse rejoindre Oslo en Norvège pour la remise de son prix Nobel de la paix, le 10 décembre 2025. Pour cette occasion, les présidents Mulino, Milei, Peña et Noboa avaient fait le déplacement : il s’agissait tout autant de témoigner leur solidarité à Mme Machado que d’assurer M. Trump de leur docilité.

JOSÉ GAMARRA. — « LA PANAMERICANA DEL DESAROLLO » (LA PANAMÉRICAINE DU DÉVELOPPEMENT), 1973 /
© ADAGP, PARIS, 2025 - GALERIE XIPPAS, PARIS, GENÈVE, PUNTA DEL ESTE
Les droites gagnent du terrain en Amérique latine, sous toutes ses latitudes. Dans des configurations nationales chaque fois spécifiques, leurs pôles radicaux accroissent leur influence ou remportent directement les élections. Un peu partout, les « patrons-chefs d’État » d’hier — on pense à l’Argentin Mauricio Macri (2015-2019) ou au Chilien Sebastian Piñera (2010-2014 et 2018-2022) —, qui mettaient en avant leurs capacités de bons gestionnaires néolibéraux, ont été éclipsés par des figures qui puisent davantage dans le registre idéologique. L’heure serait venue, affirment les nouveaux ténors de la droite latina, de pourfendre l’hydre communiste.

Et pourtant, rarement la gauche a été aussi faible en Amérique latine depuis la fin des dictatures. Si la droite hurle très fort à la menace « rouge », elle profite surtout de l’usure de gouvernements progressistes qui ont passé de longues années au pouvoir. Notamment celles qui ont suivi la crise financière internationale de 2008 et la pandémie de Covid-19. Les effets combinés de ces crises — que la gauche a gérées à système socio-économique constant, c’est-à-dire sans pouvoir, ou sans vouloir, procéder à des réformes structurelles ambitieuses — ont durablement meurtri les sociétés latino-américaines. Elles ont contribué à forger un fort ressentiment contre l’État en tant qu’institution et contre les dirigeants politiques associés à ces périodes douloureuses dans certains pays. Dans la plupart d’entre eux, le bilan des formations progressistes en matière de lutte contre la criminalité, phénomène qui s’est concomitamment intensifié et étendu dans la région, est jugé largement insatisfaisant.

Mais d’autres facteurs contribuent à alimenter l’ascension des droites. Depuis la fin de la crise sanitaire, de nombreuses activités économiques sont apparues sous des formes d’autoentrepreneuriat, notamment dans les services liés au développement des plates-formes numériques (transports, restauration, import-export, etc.). Cet essor intervient dans des économies où le secteur informel absorbe près d’un travailleur sur deux, et même plus de 70 % dans certains pays, comme la Bolivie, l’Équateur, et le Pérou (9). Les jeunes hommes urbains et les femmes sont particulièrement concernés. Cette extension du travail à son compte nourrit les tendances à l’individualisme social et politique et à la fragmentation des électorats. Le rejet des sortants se radicalise à mesure que les perspectives d’ascension sociale s’éloignent (10).

Enfin, la féminisation des sociétés latino-américaines s’est accélérée depuis le début des années 2000 (majorité démographique, accès accru à l’éducation supérieure et au marché du travail, avancée des droits individuels et collectifs, notamment en matière sexuelle et reproductive, etc.). Les courants conservateurs, religieux et traditionalistes profitent du contexte de dégradation économique généralisée pour développer une vision réactionnaire de la place des femmes dans la société, soufflant ainsi dans les voiles des formations de la droite radicale.

En 2026, de nouvelles élections interviendront dans des pays-clés de la région : Brésil (octobre), Colombie (mars et mai), Costa Rica (février et avril) et Pérou (avril). Deux d’entre eux, le Brésil et la Colombie, verront des gouvernements progressistes défendre leur bilan face à des droites puissantes et « revanchardes ». Tout conduit à penser que les Latino-Américains vont recevoir beaucoup de messages de la part de M. Trump…

par Christophe Ventura

Notes :

(1) Cité par Grace Livingstone dans America’s Backyard : The United States and Latin America From the Monroe Doctrine to the War on Terror, Zed Books, New York, 2009.

(2) Francisco Sánchez, « Donald Trump reacciona al triunfo de José Antonio Kast en Chile y su mensaje ya da la vuelta al mundo », 15 décembre 2025, AS Chile.

(3) Lire Maurice Lemoine, « Au Honduras, la gauche défend son bilan », Le Monde diplomatique, novembre 2025.

(4) « Honduras ha recibido más de 11.000 millones de dólares en remesas, un 13,9 % más que 2024 », 10 décembre 2025, La Prensa.

(5) Riley Mellen, « Satellite data reveals how the US Navy is deployed near Venezuela », The New York Times, 21 novembre 2025.

(6) « ONU acusa a EEUU de violar el derecho internacional con los ataques a embarcaciones en el Caribe y el Pacífico », 31 octobre 2025, El Nacional. 

(7) « National security strategy of the United States of America » (PDF), 5 décembre 2025.

(8) Lire Vincent Ortiz, « Les États-Unis chez eux en Équateur ? », Le Monde diplomatique, décembre 2025.

(9) « Panorama laboral 2025. América latina y el Caribe », Organisation internationale du travail, 11 décembre 2025.

(10) Lire Maëlle Mariette et Franck Poupeau, « Pourquoi la droite revient en Bolivie », Le Monde diplomatique, novembre 2025.

 

Écouter cet article

par Christophe Ventura • Lu par Anne Lenglet • 
LE MONDE DIPLOMATIQUE - AUDIO
«M. TRUMP, PIRATE DES CARAÏBES»

SUR LE MÊME SUJET :

26 décembre, 2025

AU HONDURAS, NASRY ASFURA REMPORTE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE GRÂCE AU SOUTIEN DE DONALD TRUMP

    [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ] 

NASRY ASFURA, CANDIDAT DU PARTI NATIONAL DU HONDURAS
À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE, À TEGUCIGALPA,  LE 30 NOVEMBRE 2025.
PHOTO JOHNY MAGALLANES

Logo
Le Monde

International / Honduras / Au Honduras, Nasry Asfura remporte l’élection présidentielle grâce au soutien de Donald Trump / Après vingt-cinq jours d’un décompte chaotique des suffrages, le candidat du Parti national a été déclaré vainqueur face à son adversaire du Parti libéral. Il l’emporte à l’issue d’une campagne marquée par la grâce accordée par le président américain à l’ancien président Juan Orlando Hernandez, condamné pour trafic de drogue.

Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)

Les élections générales du 30 novembre, au Honduras, ont réservé plus d’une surprise, la plus pénible étant l’attente de vingt-cinq jours qui aura été nécessaire pour certifier la victoire de Nasry Asfura, 67 ans, candidat du Parti national du Honduras (PNH, droite), après une série d’incidents techniques qui pourront donner lieu à des contestations.

UNE AFFICHE DE CAMPAGNE DE NASRY ASFURA, CANDIDAT DE DROITE
SOUTENU PAR LE PRÉSIDENT TRUMP, A ÉTÉ PLACARDÉE LE MOIS DERNIER
 DANS UNE RUE DE TEGUCIGALPA, AU HONDURAS.
PHOTO DE DANIELE VOLPE 

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

Cet entrepreneur du BTP, qui fut maire de la capitale, Tegucigalpa, de 2014 à 2022, a finalement été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle, mercredi 24 décembre, avec 40,27 % des suffrages, soit seulement 27 000 voix de plus que son adversaire, Salvador Nasralla, du Parti libéral (39,54 % ). Nasry Asfura, surnommé « Tito », petit-fils d’immigrés palestiniens, a promis de rompre les relations avec la Chine pour relancer celles avec Taïwan, auxquelles le Honduras avait mis un terme en 2023.

LE CANDIDAT À LA PRÉSIDENCE NASRY ASFURA DU PARTI NATIONAL
PREND UN SELFIE À SON ARRIVÉE AU SIÈGE DE SON PARTI
À TEGUCIGALPA, AU HONDURAS, LE MERCREDI 10 DÉCEMBRE 2025.
PHOTO MOISES CASTILLO

► À lire aussi :        AU HONDURAS, LES DESSOUS DU COUP D’ÉTAT ÉLECTORAL

L’intervention la plus inattendue a été l’ingérence du président américain, Donald Trump, trois jours avant le scrutin, pour soutenir Nasry Asfura. « La victoire d’Asfura ne peut se comprendre sans l’intervention des États-Unis dans le processus électoral, qui lui a donné un appui décisif sur ses concurrents », estime Joaquin Mejia Rivera, chercheur à l’ONG Alliance pour la paix et la justice.

Donald Trump a promis une relation différente avec le Honduras en cas de victoire de son poulain. La promesse compte, alors que près de 50 000 Honduriens vivant aux États-Unis sont menacés d’expulsion par le locataire de la Maison Blanche.

« Si Nasry Asfura ne gagne pas, les États-Unis ne gaspilleront pas leur argent. Nous pouvons travailler ensemble pour lutter contre les narco-communistes et apporter au peuple du Honduras l’aide dont il a besoin », avait écrit le président américain sur son réseau social, Truth Social, le 27 novembre. Par « narco-communiste », Donald Trump désignait les représentants du Parti Liberté et refondation (Libre, gauche), à la tête du Honduras depuis 2022 avec la présidente Xiomara Castro.

« Nasry, celui des Burros Asfura, est le chouchou de Donald Trump »
DESSIN GARABATOS

La troisième surprise de ce scrutin à un seul tour aura été le mauvais score de la gauche, qui a récolté 19,2 % des suffrages, alors que sa candidate, Rixi Moncada, était donnée au coude-à-coude avec les deux autres favoris dans les sondages. Elle a terminé finalement loin derrière eux, et son parti a également perdu des sièges au Congrès, passant de 50 à 35 élus sur 128.

« La défaite de Rixi Moncada s’explique aussi par le fait que Donald Trump a artificiellement installé la peur du communisme qu’elle était censée représenter, analyse Joaquin Mejia Rivera. Les scandales qui ont éclaboussé le gouvernement de Xiomara Castro ont aussi été sanctionnés par les électeurs. Avec l’intervention du président américain, il s’est créé un cocktail parfait pour que le Parti national revienne au pouvoir malgré son passé récent d’autoritarisme et ses liens avérés avec le narcotrafic. »

« Donald Trump tente de modeler l'Amérique latine à son image»
Photo-illustration by Newsweek/Getty

Parti déchiré

Rixi Moncada a eu beau s’indigner de cette « ingérence », Donald Trump a continué de publier des messages sur Truth Social pendant la longue phase d’attente des résultats et tandis que Salvador Nasralla, arrivé second, prenait un temps le dessus sur Nasry Asfura. « On dirait que le Honduras essaie de changer les résultats de son élection présidentielle. S’ils le font, il y aura un prix à payer », avait menacé le président américain au lendemain du scrutin, le 1er décembre.

Salvador Nasralla, 72 ans, avait défendu un programme aussi libéral que celui d’Asfura, et promettait de s’inspirer des méthodes autoritaires de lutte contre la délinquance du président salvadorien, Nayib Bukele, partenaire et ami de Donald Trump. Mais il s’était lui-même allié avec la gauche aux élections de 2021, devenant le vice-président de Xiomara Castro jusqu’en avril 2024 ; un geste suffisant pour en faire à jamais un traître. Le locataire de la Maison Blanche avait ainsi écrit sur son réseau social qu’il ne « faisait pas confiance » à cet ancien présentateur de télévision.

La plus problématique des surprises a été la grâce accordée par Donald Trump, à la veille du scrutin, à l’ancien président Juan Orlando Hernandez (2014-2022), condamné aux États-Unis en 2024 à quarante-cinq années de prison pour trafic de drogue. L’ancien dirigeant du Parti national a été libéré, le 1er décembre, et il n’envisage pas de rentrer au Honduras, où il est accusé de trafic de drogue et de fraude électorale à l’occasion de sa réélection en 2017.

Il avait été extradé aux États-Unis par Xiomara Castro pour éviter qu’un prochain président hondurien le libère – un coup de plus infligé à la gauche et à tout un pays. Le 8 décembre, le parquet général hondurien a émis un mandat d’arrêt international contre Juan Orlando Hernandez.

« La grâce a été un séisme dans la société, alors que la condamnation du président était un symbole très fort contre le narcotrafic, estime l’analyste politique Thelma Mejia. Mais cette décision désastreuse de Trump n’a pas eu d’impact sur le vote exprimé, qui montre clairement un retour à droite. Cela confirme le classement du Honduras dans les pays les plus conservateurs du continent : selon le Latinobarometro [institut de sondage qui couvre l’Amérique latine], plus de 42 % de la population se définit à droite et à peine 15 % à gauche. »

Le président élu, Nasry Asfura, s’était bien félicité du soutien de Donald Trump, mais il s’est ensuite démarqué de cette grâce inopinée, en assurant que Juan Orlando Hernandez « doit répondre de ses crimes devant l’État du Honduras ».

Le PNH, qui a remporté la présidence, a certes gagné cinq sièges, mais cela ne suffit pas à lui assurer une majorité au Parlement. Il compte désormais 49 élus sur 128, et devra donc négocier pour gouverner avec le Parti libéral, autrefois allié de la gauche, passé de 22 à 41 sièges. Les discussions ne seront pas faciles : non seulement Salvador Nasralla ne reconnaît pas la victoire de Nasry Asfura, mais son parti politique s’est de surcroît déchiré pendant la phase de recomptage des votes. Salvador Nasralla exigeait de recompter plus de 8 000 procès-verbaux et non 2 700, comme le Conseil national électoral l’a finalement décidé avec l’appui du Parti libéral.

Le retour au pouvoir du PNH, qui témoignait pourtant de l’infiltration du narcotrafic au plus haut niveau de l’État et était accusé de fraude électorale en 2017, mettra un terme à l’expérience de la gauche le 27 janvier 2026.

Anne Vigna (Mexico, correspondante)


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ] 

 DANS JACOBIN N° 11

SUR LE MÊME SUJET :