22 juillet, 2024

ÉTATS-UNIS / JOE BIDEN RENONCE À SE PRÉSENTER À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE

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LE PRÉSIDENT JOSEPH BIDEN (DIT JOE) ET LA VICE-PRÉSIDENTE KAMALA HARRIS
 APRÈS QUE BIDEN AIT SIGNÉ LE « EMMETT TILL ANTILYNCHING ACT »,
LE MARDI 29 MARS 2022.
PHOTO  SAMUEL CORUM 

Joe Biden renonce à se présenter à l’élection présidentielle américaine : Kamala Harris ou une convention ouverte pour lui succéder ? / L’annonce du président en exercice de renoncer à la course présidentielle ouvre chez les démocrates le scénario d’une convention ouverte à Chicago, du 19 au 22 août, une possible boîte de Pandore même si Joe Biden a d’ores et déjà apporté son soutien à Kamala Harris.

Christophe Deroubaix

5 min

LA COUVERTURE PUBLIÉE
LE 21 JUILLET 2024
ILLUSTRATION DU TIME

Ses jours comme candidat démocrate étaient comptés et Joe Biden, en bon catholique, a préféré ne pas boire le calice jusqu’à la lie. Par un communiqué publié hier, en début d’après-midi, le président sortant, 81 ans, a annoncé qu’il se retirait de la course à l’élection présidentielle et qu’il ne briguera pas un second mandat.

LA COUVERTURE DE GAUCHE A ÉTÉ PUBLIÉE LE 21 JUILLET, LE JOUR OÙ
 LE PRÉSIDENT JOE BIDEN S'EST RETIRÉ DE LA COURSE À LA PRÉSIDENCE ;
 CELLE DE DROITE A ÉTÉ PUBLIÉE NUMÉRIQUEMENT LE 28 JUIN, LE LENDEMAIN
DU PREMIER DÉBAT PRÉSIDENTIEL. LA COUVERTURE DE CES ÉVÉNEMENTS
EST INCLUSE DANS LE NUMÉRO IMPRIMÉ DU 5 AOÛT 2024 DE TIME.
PHOTO-ILLUSTRATIONS DE TIME ; GETTY IMAGES (2)

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

« Cela a été le plus grand honneur de ma vie de servir en tant que votre président », a-t-il déclaré dans une lettre publiée sur les médias sociaux. « Et bien que j’aie eu l’intention de me représenter, je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’exercice de mes fonctions de président jusqu’à la fin de mon mandat. »

Depuis sa prestation catastrophique lors de son premier duel face à Donald Trump, les déclarations l’appelant à jeter l’éponge s’étaient multipliées. Ce week-end, encore, Sherrod Brown, sénateur de l’Ohio et poids lourd démocrate du Congrès, avait demandé à Joe Biden de renoncer. L’étape suivante – forcément humiliante – aurait pris la forme d’une quasi-exécution politique par l’un de ses plus proches alliés. En l’occurrence, le rôle aurait été dévolu, selon de nombreux observateurs, à Nancy Pelosi, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants.

Deux scénarios possibles

Dans sa déclaration, le président en exercice a annoncé qu’il s’exprimerait plus tard dans la semaine. Pourtant, quelques minutes après, il apportait son soutien à la vice-présidente, Kamala Harris. Ce dernier ne tranche pas entre les deux scénarios. A ce stade, il ne peut y en avoir que deux.

Le premier : la candidature de Kamala Harris ne rencontre pas de concurrence et, dès début août, un vote est effectué pour valider cette proposition.

Le second : une convention « ouverte » comme en 1968. Les délégués élus durant le cadre de la primaire démocrate se rendent, comme prévu, à Chicago, du 19 au 22 août avec les « super délégués » (non élus mais bénéficiant d’un droit de vote). Comme Biden se retire, ils sont déliés (« unbound ») de leur engagement à le soutenir et peuvent choisir le candidat de leurs choix. Les candidatures seront ouvertes et il ne devrait pas manquer d’y en avoir plusieurs, ne serait-ce que pour peser au sein de l’appareil démocrate dans les années à venir.

C’est sans doute le plus démocratique mais également le plus dangereux pour le parti au pouvoir. L’histoire peut se terminer en déchirements dont les démocrates auraient dû mal à se remettre alors que les Américains pourront commencer à voter de manière anticipée à peine quelques jours plus tard, soit début septembre.

Des ressemblances avec 1968

La dernière convention « ouverte » remonte à 1968. Elle se déroulait (déjà) à Chicago. Lyndon Johnson avait dû renoncer à se présenter, en raison de son impopularité grandissante liée à la guerre du Vietnam. C’est finalement son vice-président, Hubert Humphrey, qui sortit vainqueur d’une convention demeurée dans les mémoires : tandis que les tractations se déroulaient à l’intérieur du centre de convention, la police de Chicago de triste réputation frappait dehors les militants pacifistes. Quelques semaines plus tard, Richard Nixon remportait l’élection présidentielle sur une double promesse : du respect de la loi et de l’ordre ; de mettre fin à, l’escalade au Vietnam (on sait ce qu’il en advint).

Si les éléments d’analogie semblent frappants, la convention de cette année ne se présente pas forcément sous les mêmes auspices. Contrairement à celle du Vietnam, la guerre à Gaza, pour laquelle Joe Biden est rendue responsable par une partie de sa base électorale, n’est pas menée directement par Washington. Et le mouvement anti-guerre, bien que présent dans les campus, n’a pas atteint le point d’ignition de 1968, l’année rebelle par excellence. Le candidat républicain, Richard Nixon, n’avait pas encore fait la démonstration de son cynisme, ce que Donald Trump a parfaitement prouvé lors de son premier mandat. Rien ne dit pourtant que l’Histoire se terminera mieux pour les démocrates.

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# Daniel Jadue Libre

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