09 juillet, 2024

LA RÉSOLUTION DULLES CONTRE LE COMMUNISME EST ADOPTÉE PAR 17 VOIX CONTRE 1 (GUATEMALA) ET DEUX ABSTENTIONS (ARGENTINE, MEXIQUE)

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INSTALLATION DE LA XE CONFÉRENCE PANAMÉRICAINE DE CARACAS
DANS LA GRANDE SALLE DE L'UNIVERSITÉ CENTRALE DU VENEZUELA.


ARCHIVES / La résolution Dulles contre le communisme est adoptée par 17 voix contre 1 (Guatemala) et deux abstentions (Argentine, Mexique) / Caracas, 15 mars (A.F.P., Reuter, U.P.). - Comme il était prévu. M. Foster Dulles a remporté une victoire diplomatique à la fin du premier acte de la dixième conférence interaméricaine. Sa résolution contre le communisme a été adoptée samedi soir à la commission juridico-politique par dix-sept voix contre une (Guatemala) et deux abstentions (Argentine, Mexique). Aussitôt après le vote M. Foster Dulles a pris l'avion pour rentrer à Washington.

Le Monde Archives

Publié le 16 mars 1954 

Temps de Lecture 3 min.

MARS 1954, LORS DE LA 10ÈME
CONFÉRENCE INTERNATIONALE

DE L'OEA À CARACAS,  VENEZUELA.
LE DR GUILLERMO TORIELLO GARRIDO

(DERNIER DE GAUCHE À DROITE)
 LE "CHANCELIER DE LA DIGNITÉ" 
Il y avait une affluence record samedi dans la salle de la commission dès avant les opérations de vote sur la résolution américaine. L'atmosphère, empreinte de gravité, contrastait avec l'ambiance sereine, presque familière, des réunions précédentes. Les représentants ne devaient pas seulement se prononcer sur le texte même de la proposition des États-Unis, mais aussi paragraphe par paragraphe, voire même phrase par phrase, sur les amendements présentés par plusieurs délégations, notamment celles de l'Argentine, du Mexique et de l'Uruguay. Pendant quatre heures, une cinquantaine de scrutins nominaux ont été nécessaires pour passer au vote sur l'ensemble du projet.

Au fur et à mesure que se précisait le succès de l'initiative anticommuniste des États-Unis le " no " du secrétaire d'État américain à chaque proposition d'amendement trahissait une satisfaction de plus en plus marquée.

La résolution finalement adoptée, et intitulée " Déclaration de solidarité pour la préservation de l'intégrité politique des États américains contre une ingérence du communisme international ", rappelle dans son préambule que les Républiques américaines ont reconnu " la nature antidémocratique et la tendance interventionniste " du communisme international, le danger de ses " activités subversives " et son " caractère agressif ", et condamne " les activités du mouvement communiste international comme constituant une intervention dans les affaires américaines ".

Elle exprime " la détermination des États Américains de prendre les mesures nécessaires pour protéger leur indépendance politique contre l'ingérence du communisme international agissant dans les intérêts d'un despotisme étranger ", réitère " la foi des peuples d'Amérique dans l'exercice effectif de la démocratie représentative, régime le mieux en mesure de favoriser leurs progrès sociaux et politiques ", déclare que " la domination ou le contrôle des institutions politiques de l'un des États américains, quel qu'il soit, par le communisme international, étendant à notre hémisphère le système politique d'une puissance extracontinentale, constituerait une menace à la souveraineté et à l'indépendance politique des États américains, mettant ainsi en danger la paix de l'Amérique, et exigerait une réunion de consultation pour considérer l'adoption des mesures appropriées en conformité des traités existants ".

En conséquence, la résolution recommande l'adoption des mesures suivantes :

1. Mesures en vue de vérifier l'identité, les activités et les sources de revenu des personnes qui font de la propagande en faveur du mouvement communiste international, ou qui voyagent pour servir les intérêts de ce mouvement et de ceux qui en sont les agents ou agissent en son nom ;

2. Échange de renseignements entre gouvernements en vue de faciliter la mise en œuvre des mesures prises par les ministres des relations extérieures sur le communisme international.

O.N.U. contre O.E.A. ?

Après le vote, M. Guillermo Toriello, ministre des affaires étrangères du Guatemala, a affirmé que " son pays en appellerait au Conseil de sécurité des Nations unies si les États-Unis tentaient d'intervenir dans ses affaires intérieures sur la base de la déclaration anticommuniste approuvée par la conférence...

" Cette mesure est dirigée contre notre pays et est destinée à violer le principe de la non-intervention sous la forme d'une intervention collective. Le fait d'ailleurs que le Mexique et l'Argentine se soient dispensés d'appuyer la résolution de M. Dulles prouve qu'il y a en elle quelque chose de défectueux.

"Je sais, a encore dit M. Toriello, que nous sommes considérés comme les mauvais garçons de l'hémisphère, mais je compte expliquer notre vote et essayer de révéler, à travers l'écran de fumée de Washington, ce qui se passe derrière le rideau de bananes ".

Les travaux de la dixième conférence interaméricaine se poursuivent aujourd'hui lundi avec l'étude du second point de l'ordre du jour : question des colonies européennes dans l'hémisphère occidental.

Le Monde