23 juillet, 2024

FRANCE / QUI EST LUCIE CASTETS, PROPOSÉE POUR MATIGNON PAR LE NFP ?

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LUCIE CASTETS À PARIS, EN FÉVRIER 2023.
PHOTO LIVIA SAAVEDRA

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L'HUMANITÉ
Qui est Lucie Castets, proposée pour Matignon par le NFP ? / Lucie Castets, directrice du collectif Nos Services Publics, a été proposée par les quatre partis du Nouveau Front populaire pour devenir la nouvelle Première ministre. Peu connue du grand public, elle pourrait être la solution pour sortir de la crise à gauche.

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Latifa Madani

UNE DU JOURNAL «L'HUMANITÉ »
 DU 24 JUILLET 2024

Elle a fait le buzz dans l’émission « C ce soir », sur France 5, le 29 novembre 2022, laissant pantois Stanislas Guerini au sujet du recours aux cabinets de conseil. « On a perdu 180 000 fonctionnaires d’État entre 2006 et 2018, dans le même temps, le recours aux cabinets de conseil explosait alors qu’ils coûtent trop cher et souvent ne servent à rien », a-t-elle asséné face au ministre de la Fonction publique, médusé.

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UNE DU JOURNAL «LIBÉRATION»
DU 24 JUILLET 2024 

Lucie Castets, fonctionnaire de l’État, en poste à la Ville de Paris pour les questions budgétaires et financières, a l’amour du service public chevillé au corps. Elle co-fonde, en avril 2021, avec une bande de copains, le collectif Nos services publics, dont elle est l’un des trois porte-parole. « Il manquait une entité qui prenne la parole de l’intérieur pour mettre en lumière les dysfonctionnements et faire des propositions. »

 # Daniel Jadue Libre

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Le « point de rupture »

En moins de deux ans, l’association, née d’un cercle de réflexion, a suscité l’adhésion de près de mille agents publics. « Un grand besoin s’exprime parce que le service public va très mal. Il ne s’agit plus d’une lente dégradation, on arrive à un point de rupture. On ne peut pas traiter le service public comme on traite une entreprise », lance Lucie Castets.


Le collectif réalise des enquêtes, intervient dans les médias, publie des rapports dont celui sur l’externalisation qui a fait beaucoup de bruit. Actuellement, il met le paquet sur la réforme des retraites, qui « répond à une logique plus financière que de progrès social et qui aura un impact négatif de grande ampleur sur les services publics si les hypothèses retenues se réalisent ».


Comment expliquer son si fort attachement au service public alors même qu’elle n’a pas baigné dans un milieu de fonctionnaires, ses parents étant psychanalystes. La réponse vient tout naturellement : depuis l’enfance, elle a toujours désiré servir le public. Diplômée de Sciences-Po et de la London School of Economics, elle a décroché son premier poste à la direction générale du Trésor, où elle a côtoyé « des gens très attachés au service public ». Il va de soi, assure l’ancienne élève de l’ENA, qu’il y a « continuité entre s’engager au service de l’État et fonder un collectif pour redonner du sens au service public et le hisser à la hauteur de l’urgence écologique et sociale ».


Née à Caen, Lucie Castets y a vécu jusqu’à ses 18 ans. Au cours de ses études supérieures, elle a effectué plusieurs séjours à l’étranger. Consultante à la Banque mondiale, elle a enquêté sur des dossiers de blanchiment, un domaine qu’elle considère comme « un fil rouge dans sa carrière » car « il y a d’énormes enjeux de justice et d’égalité dans la lutte contre la criminalité financière ». Son intérêt pour le sujet ne faiblira pas puisqu’elle rejoindra la cellule de renseignement financier Tracfin, ce qui ne fera que conforter ses convictions.


Lucie Castets nourrit l’espoir que la crise actuelle fasse l’effet d’un électrochoc pour sauver le service public, restaurer la confiance des agents et celle des citoyens. « Quand une part croissante de Français accepte de voir ses impôts augmenter pour améliorer les services publics, c’est bon signe », ajoute-t-elle, espérant, par ailleurs, que « la contrainte écologique nous force à changer de paradigme car nous aurons massivement besoin de l’État pour lutter contre le réchauffement climatique ».


Soucieuse de l’environnement et sportive – elle joue au foot –, Lucie Castets est aussi une féministe convaincue. « Si on poussait encore plus loin la privatisation de la santé, les femmes seraient les grandes perdantes », affirme celle qui sait combien le service public est un outil essentiel pour l’égalité et l’émancipation.