06 janvier, 2022

GABRIEL BORIC REÇOIT L'HUMA !

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L'HUMANITÉ

Ce matin, un cadeau français a été remis en mains propres à Gabriel Boric : la Une encadrée de «L'Humanité» du 21 décembre 2021. / La photo portée comme un trophée par le nouveau Président élu Chilien. Ceci fut rendu possible grâce à mes amis Marcela Santander et Jean Marc Adolphe. Michel Strulovici

par Lina Sankari 

JOURNAL L'HUMANITÉ DU
VENDREDI 7 JANVIER 2022

La une de l’Humanité avait déjà largement circulé sur les réseaux sociaux au Chili au lendemain de la victoire à la présidentielle du candidat de gauche Gabriel Boric contre l’extrême droite, le 19 décembre. C’est aujourd’hui le président élu qui pose avec.

Elle lui a été remise par un artiste chilien qui l’avait reçue par l’intermédiaire d’un ancien journaliste de notre service culture, Jean-Marc Adolphe. Cette une agit comme un instantané, un témoin d’un moment historique dans ce pays marqué par la dictature et laboratoire du néolibéralisme.

Sur le cliché, Gabriel Boric ferme les yeux, savoure le moment, mesure sans doute le chemin parcouru depuis les mille jours de l’Unité populaire d’Allende écrasés dans le sang, le mouvement étudiant de 2011, dont il fut l’un des acteurs, et le soulèvement populaire de 2019. Peut-être mesure-t-il également en cet instant l’ampleur de la tâche. Elle est immense.

Tout est à construire

À 35 ans, sans disposer de majorité au Parlement, il sait les attentes liées à l’éducation, à la santé, aux retraites et à tous ces biens communs laissés aux appétits du secteur privé depuis Augusto Pinochet. Tout est à construire en termes de droits des femmes, des minorités et il dispose pour cela d’un atout non négligeable avec l’Assemblée constituante. Chef de file de la « génération sans peur », Gabriel Boric sait que « les temps qui viennent ne seront pas faciles » face à des marchés toujours déterminés à nier le droit des peuples à décider de leur destin. Ainsi en appelle-t-il à poursuivre la mobilisation. À continuer d’écrire l’histoire.


CHILI : UNE ÉPIDÉMIOLOGISTE NOUVELLE PRÉSIDENTE DE LA CONVENTION CONSTITUANTE

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PHOTO JAVIER TORRES / AFP

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LE FIGARO
L'épidémiologiste Maria Elisa Quinteros a été élue mercredi nouvelle présidente de la Convention constitutionnelle du Chili chargée de rédiger une nouvelle constitution pour remplacer l'actuelle héritée de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). Après deux jours de session et neuf tours de scrutin mardi et mercredi matin les membres de l'Assemblée constituante ont choisi Maria Elisa Quinteros pour remplacer, comme prévu dans les textes, la linguiste mapuche Elisa Loncon qui présidait la Convention depuis son installation le 4 juillet.

Par Le Figaro avec l'AFP 

FLYER CHILE CONVENCIÓN 

«nous espérons pouvoir mener ce processus avec sagesse», a déclaré celle qui a obtenu le soutien d'une majorité d'indépendants comme elle. La Convention dispose de neuf mois, avec une possibilité d'extension de trois mois - pour rédiger le nouveau texte fondamental qui doit être validé lors d'un référendum obligatoire qui sera convoqué par le gouvernement du président de gauche élu, Gabriel Boric, qui prendra ses fonctions le 11 mars. En cas de rejet, le texte actuel restera en vigueur.

FLYER CHILE CONVENCIÓN

Les 155 membres de l'Assemblée constituante ont été élus lors d'un double tour de scrutin les 15 et 16 mai 2021, sur une base paritaire et avec 17 sièges réservés aux peuples autochtones. Les nouveaux Constituants sont apparus comme très hétérogènes. Les candidats indépendants représentent plus de 40% des élus, au détriment des listes montées par les partis traditionnels qui sont minoritaires. Aucune force politique ne dispose du tiers nécessaire pour opposer son veto, les délibérations devant être approuvées aux deux tiers.

PHOTO JAVIER TORRES

La rédaction de la nouvelle Constitution est apparue comme une solution institutionnelle aux manifestations sociales qui ont éclaté dans le pays en octobre 2019. De nombreux manifestants dénonçaient le texte, voté en 1980, comme le pivot du système économique ultralibéral mis en place sous Augusto Pinochet et un frein à toute réforme sociale.

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05 janvier, 2022

CHILI: L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE RENOUVELLE SA PRÉSIDENCE

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PHOTO JAVIER TORRES

Au Chili, l'Assemblée constituante choisit à partir de ce mardi sa nouvelle présidence. Six mois après le début de ses travaux, la Constituante est à mi parcours. Objectif : proposer dès juillet 2022 un texte pour remplacer la Constitution héritée de la dictature du général Pinochet. Un scrutin qui se déroule dans un climat d'optimisme puisque le nouveau président, élu il y a deux semaines, a affiché son soutien sans réserve à cette assemblée.

avec notre correspondante à Santiago, Justine Fontaine

Au moins six élu(e)s ont annoncé publiquement leur candidature à la présidence de l'Assemblée constituante. Mais à quelques heures du vote, il est difficile de savoir qui dirigera les débats, jusqu'en juillet.

Plusieurs postes sont à pourvoir :

- D'abord, ce mardi, la présidence et la vice présidence. Et une femme devrait encore une fois être élue à la tête de la Constituante. Rappelons que la présidente sortante Elisa Loncon, universitaire issue du peuple autochtone mapuche et les différents vice présidents vont redevenir de simples constituants. Parmi les favorites du scrutin, on trouve Cristina Dorador, une scientifique du Nord du pays et Patricia Politzer, une ancienne journaliste.

- Ensuite, mercredi, ce sera au tour des sept vice présidences adjointes. Deux sont réservées aux peuples autochtones, et la parité hommes femmes doit être respectée.

L'élection a lieu dans une ambiance plutôt optimiste. Car le nouveau président de gauche Gabriel Boric (qui prendra officiellement ses fonctions le 11 mars) soutient ouvertement la Constituante, contrairement au candidat d'extrême droite José Antonio Kast, à qui il était opposé au second tour le 19 décembre. A peine élu, le futur nouveau président a effectué une visite symbolique à l'Assemblée constituante avant même de rencontrer les représentants du Sénat et de la chambre des députés.

CAPTURE D'ÉCRAN TWITTER

Muy feliz de haber recibido junto a @jaime_bassa al presidente electo de Chile @gabrielboric y @camila_vallejo en la @convencioncl. La CC seguirá caminando a paso firme para materializar los sueños de Chile, juntos seguimos con más fuerza que nunca 🌳✊🏽 pic.twitter.com/KLUSNwnAwB — Elisa Loncon - Constituyente Mapuche (@ElisaLoncon) December 21, 2021

Les premiers articles de la future Constitution pourraient être adoptés dès le mois prochain. Et le Chili se dirigera probablement vers un texte plus proche de la social-démocratie. Le pays s'éloignerait ainsi du modèle néolibéral hérité de la dictature du général Pinochet. CHILI

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04 janvier, 2022

LE LITHIUM, LE PREMIER CONFLIT

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 SOURCE GOVAR

L’ancien président Piñera n’a plus aucune légitimité mais garde tous les pouvoirs jusqu’au 11 mars. Le nouveau président brillamment élu le 19 décembre a toute la légitimité mais aucun pouvoir jusqu’au 11 mars. L’ancien président appuie sur l’accélérateur pour réaliser encore quelques projets chers aux multinationales avant le 11 mars. C’est immoral mais c’est légal.

Santiago du Chili. Pierre Cappanera, correspondance

En particulier, son gouvernement avait lancé un appel d’offre sur une concession d’exploitation du Lithium peu de temps avant le premier tour de la présidentielle (voir l’article de Rosa Moussaoui dans l’Humanité du 5 décembre). Le Lithium est appelé à remplacer l’importance qu’a le cuivre pour le Chili dans les années à venir. Ceci montre l’enjeu du débat. 

MÈME EN DÉFENSE DU DÉLITHIUM

Le président Piñera avait été pris la main dans le sac avec les Pandora Papers dans un projet minier. L’empressement actuel à vouloir livrer le Lithium aux multinationales cache peut-être des choses plus troubles.

Toute la gauche est vent debout : cet appel d’offre doit être suspendu immédiatement. Un appel d’offre de cette ampleur alors que la Constituante débat justement des conditions de propriété des ressources naturelles du Chili, du respect des normes environnementales est un non-sens. Pourquoi offrir aux multinationales cette richesse ? Pourquoi une entreprise publique ne pourrait-elle pas exploiter le lithium comme la grande firme nationale CODELCO exploite le cuivre ? Surtout, ne vaut-il pas mieux limiter la production dans des conditions environnementales sécurisées et avancer dans la chaine de valeur ajoutée : produire des batteries plutôt que d’exporter le lithium brut ? Deux visions de l’avenir du Chili s’affrontent.

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LITHIUM

03 janvier, 2022

CHILI, L’AGENDA À VENIR

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Gabriel Boric a fixé l’annonce de son gouvernement au 21 janvier 2022. 23 ministres et une trentaine de secrétaires d’État. 

Santiago du Chili. Pierre Cappanera, correspondance

Sa composition donnera les premières indications sur l’orientation choisie par Gabriel Boric. Penchera-t-il plus vers le centre ou restera-t-il fidèle au programme d’Apruebo Dignidad et du mouvement social ? Quel sera le calendrier d’application des réformes et leur ampleur ? 

LA « SOUPE AU CONGRE » DU PCCh

L’importance du Parti communiste [PCCh] dans ce cabinet sera un bon thermomètre du niveau de volonté d’avancer vers des changements profonds ou non. Ce sera la quatrième fois dans son histoire que le PCCh participera au gouvernement. Les deux dernières fois étaient : avec trois ministres sous la présidence de Salvador Allende (1970-1973) ; dans le dernier gouvernement de Michèle Bachelet avec la ministre des Femmes (2016-2017). 

Dans tous les cas, le mouvement social sera présent dans la rue dès le 8 mars avec les femmes. La mobilisation féministe s’annonce spectaculaire. Le 11 mars 2022, le jour de la prise de fonction de Gabriel Boric, des manifestations importantes sont prévues dans toutes les villes du pays. Le peuple accompagnera le nouveau président au palais de La Moneda [le siège du gouvernement et la résidence du président chilien] et lui rappellera qui l’a fait roi.

DISPARITION MARIA PIÑA VALENZUELA

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MARIA PIÑA VALENZUELA

C'est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de notre amie et compañera Maria Piña Valenzuela, dite Heléna, survenu le dimanche 2 janvier 2022 à Paris.
Après des études supérieures de Mathématique et de Physique chimie au Chili, militante révolutionnaire, réfugiée en France suite au coup d'État de Pinochet. Elle y géra avec entrain, compétence et dévouement, pendant des années, la librairie La Brêche de la LCR, puis du NPA. Ses nombreux amis sont très tristes de cette perte au lendemain d'une victoire dont elle s'était évidemment réjouie... Hasta la victoria siempre, Héléna !

02 janvier, 2022

LA BOLIVIE ESPÈRE UN RAPPROCHEMENT AVEC LE NOUVEAU PRÉSIDENT DU CHILI

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CAPTURE D'ÉCRAN

La Paz, 2 janvier 2022. Le vice-ministre du Commerce Extérieur et de l’Intégration de la Bolivie, Benjamin Blanco, a déclaré aujourd’hui espérer un rapprochement avec le nouveau président élu du Chili, Grabiel Boric, et donc entre les deux nations. 

Prensa Latina

CAPTURE D'ÉCRAN

Il a souligné que le dialogue avec le pays voisin a progressé ces dernières années mais qu'il existe l'espoir d'échanges plus importants avec le prochain gouvernement chilien qui prendra le pouvoir le 11 mars.

Blanco a souligné l’importance de conclure des accords avec le Chili afin d'éradiquer la contrebande qui sévit actuellement dans le port d’Iquique.

"Nous avons besoin du soutien du Chili, nous avons besoin de volonté politique pour lutter contre la contrebande", a-t-il manifester.

De même, l’Agence bolivienne d’information a évoqué la nécessité de conclure des partenariats pour faciliter la libre circulation par le port d’Arica et ainsi remédier aux difficultés de ces dernières années.

Récemment, le président bolivien, Luis Arce, a eu une conversation téléphonique avec Boric au cours de laquelle ils ont convenu de la nécessité de mettre en œuvre un agenda bilatéral dans l’intérêt des deux peuples. peo/ale/ybv

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01 janvier, 2022

LE VIETNAM FÉLICITE CUBA POUR SA 63ème FÊTE NATIONALE

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« ELLE EST RESTÉ JEUNE »

Hanoi (VNA) – Le secrétaire général du Parti, Nguyên Phu Trong, a adressé ses félicitations au premier secrétaire du Comité central du Parti communiste cubain et président cubain Miguel Díaz-Canel à l’occasion de la 63ème Fête nationale de Cuba (1er janvier 1959-2022).

 Vietnam + 

« ELLE EST RESTÉ JEUNE »

Le Premier ministre Pham Minh Chinh a pour sa part envoyé un message de félicitations à son homologue cubain Manuel Marrero Cruz ; et le président de l’Assemblée nationale Vuong Dinh Huê au président du Conseil d’État cubain Esteban Lazo Hernandez. 

Lire aussi : 62ème ANNIVERSAIRE DE LA RÉVOLUTION CUBAINE !

Le même jour, le ministre des Affaires étrangères Bui Thanh Son a adressé ses félicitations à son homologue cubain Bruno Rodriguez Parilla. – VNA

L'ÉDITO - EL SIGLO CL « 2022 : LE PEUPLE MOBILISÉ »

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MARTIN BERNETTI / AFP
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EL SIGLO

oici le dernier éditorial 2021 de El Siglo, le journal du Parti communiste. Tout est dit sur l’impérieuse nécessité de l’intervention active du peuple dans le processus en cours.

Traduction de Pierre Cappanera

PHOTO JAVIER TORRES / AFP

«Le rôle du mouvement social sera fondamental dans l'année à venir.

Il doit y avoir une continuité dans la voix et le protagonisme des travailleurs, du féminisme, des jeunes et des étudiants, des sans-abris, des autochtones, de la diversité sexuelle, des mondes environnementaux et culturels, des universitaires et des professionnels, qui revendiquent leurs droits et feront partie des processus clés qui seront vécus au cours des douze prochains mois.

Les demandes du peuple sont latentes et nécessaires. Les revendications soulevées lors de la révolte sociale de 2019 sont toujours d'actualité. Des situations injustes et abusives persistent pour de larges secteurs de la population. Nous devrons continuer à nous battre pour tout cela.

Au cours de l'année 2022, le processus constituant se poursuivra et s'achèvera, aboutissant à un nouveau texte constitutionnel. Le plébiscite de sortie devra être organisé pour approuver la nouvelle constitution. Le rôle de la population dans tout cela sera décisif et encourageant.

Avec le gouvernement d'Apruebo Dignidad, un chemin de transformation va commencer, qui doit être soutenu par les forces populaires et citoyennes. Il y aura également toute une série de travaux législatifs où la priorité sera de faire avancer les changements et de consacrer les droits sociaux, et dans cette transition, le soutien des citoyens et de leurs organisations, mobilisés et actifs, sera fondamental.

La lutte pour la défense des droits de l'homme, de la vérité, de la justice et de la non-répétition sera d'une importance capitale en 2022, tant par rapport aux situations pendantes de la période dictatoriale, que par rapport à ce qui s'est passé ces dernières années, surtout à partir de 2019. Et dans ce cycle, un feu rouge doit être mis à toute action illégale des agents de l'État.

Nous ne devons pas craindre l’intervention du mouvement social. Et encore moins l'inhiber. Le rôle essentiel qu'il a joué dans les profonds changements que le pays a connus depuis la révolte des citoyens ne peut être ignoré. Nous ne pouvons pas omettre la contribution des personnes, de leurs organisations, de leurs espaces auto-gérés, de leur créativité, de leur capacité à rassembler les gens et de leur capacité à se manifester. Il est inconcevable de penser à un processus de transformations et d'avancées des droits au Chili sans prendre en compte le mouvement social, la société civile et les citoyens.

Il ne fait aucun doute que la droite, les grandes entreprises, les médias conservateurs, les associations d'entreprises, le haut commandement policier et militaire, s'acharneront sur le peuple et le mouvement social. Ils essaieront de le discréditer, de le criminaliser, mais il faudra des voix et des forces qui s'opposeront à toutes les actions contre-transformatrices et anti-populaires.

Face à ce qui se prépare, le peuple ne doit pas être passif, mais actif.

La conscience sociale, l'organisation et la mobilisation dans les 16 régions du pays doivent être un atout pour que le Chili continue d'avancer sur la voie de la justice sociale, de l'équité économique, d'une meilleure démocratie et d'une nouvelle Constitution. »

CHILI : ANTISÉMITISME, HISTOIRE D’UNE IMPOSTURE

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BANNIÈRE DE PROFIL AJDA

Le 21 décembre 2021, à la suite de l'écrasante victoire de Gabriel Boric, candidat de la coalition de gauche, à l’élection présidentielle chilienne, le site The Times of Israël publiait un article alertant ses lecteurs sur l’inquiétude qui rongerait tous les juifs du Chili. [en réponse à Cnaan Liphshiz.]

par J.C. Cartagena

La grande quantité d'approximations et d'omissions contenue dans cet article nous oblige à apporter quelques précisions.

Tout d'abord, il est indispensable de préciser qu'au Chili la « communauté juive » n'est pas constituée d'une seule et uniforme voix. S'il est vrai qu'il existe une auto-qualifié « Communauté Juive du Chili » (CJCh), il est important de rappeler qu’il existe d'autres associations constituées de juifs(ves), ce qui introduit un bémol aux tentatives de considérer cette communauté comme ayant une unité d'opinions.

L'auto-désigné CJCh s'est montrée inquiète de certaines déclarations du candidat Boric, récemment élu président de la République. Ces déclarations, comme le dit l'article en question, concernent la solidarité manifestée par Boric, envers les revendication territoriales Palestiniennes.

Ce que l'article de M. Cnaan Liphshiz oublie de mentionner est l’existence d’une autre association juive appelée « Association Juive Diana Aron » (AJDA), du nom d'une résistante et héroïne de la lutte contre Pinochet.

L'accusation d'antisémitisme utilisée contre Boric avait déjà été employée par M. Gabriel Zaliasnik, ancien président et membre de la CJCh, contre le [maire communiste de Recoleta, l’une des communes de Santiago,] Daniel Jadue, alors candidat à la primaire de la coalition de gauche Apruebo Dignidad pour l’élection présidentielle. 

Lire aussi : L’ANTISÉMITISME « À LA CARTE » DU CENTRE SIMON WIESENTHAL

Cependant, il est assez curieux de constater que, contrairement à la CJCh, M. Jadue ait assisté à l'hommage rendu par l'ADJA, dans la Villa Grimaldi, le plus grand et terrible centre de détention, de torture et de disparition organisé par Pinochet, à tous les hommes juifs et les femmes juives tombés(eés) dans la lutte pour la liberté du Chili. Il est très révélateur que pas un seul membre de l’auto-qualifié CJCh n’ait daigné participer à cet hommage auquel se sont joints tous les groupes et associations de défense de droits de l'homme existants au Chili. 

Il semblerait qu’il s’agisse donc plus d’un clivage politique que d’un problème d’antisémitisme. Ainsi, il apparaît qu’il y ait une volonté de faire passer certaines positions politiques pour de l'antisémitisme. Les raisons sont claires, lorqu’on entend les déclarations des responsables de la CJCh au sujet du sionisme et de l’État d'Israël.

Lire aussi : LE CHILI, TERRAIN D’EXPÉRIMENTATION POUR LES ARMES ISRAÉLIENNES

Par exemple, dans l'article en question, il est fait mention que M. Zaliasnik déclare au quotidien Haaretz qu'ils [la CJCh] sont « prêts à accepter des critiques raisonnables d’Israël mais Boric, pour sa part, affirme qu’Israël est un état ‘génocidaire’ et ‘meurtrier’ ». Il semblerait plutôt que la CJCh ait maintenue une position d’appui total à l’État d’Israël en n'acceptant aucune critique, d'où qu'elle vienne.

 M. Zaliasnik ajoute que « pour empirer les choses, il [Boric] blâme notre communauté juive pour les agissements d’Israël ». Cependant, les déclarations de Shai Agosin, président de la CJCh en 2017, prouvent qu'un des objectifs de l’auto-désignée communauté est de « réussir chaque jour une meilleur intégration à la société au Chili et être participatif en défendant l’État d’Israël de manière active ».

De plus, pour bien préciser ses pensées, l’actuel président de la CJCh, Gerardo Gorodischer, déclarait haut et fort en 2020, dans un entretien, qu'il « ne connaissait pas de juif qui ne soit pas sioniste », s'octroyant, ainsi, le pouvoir de qualifier qui était ou pas juif et en écartant, ainsi, toute position politique non sioniste.

Lorsque l'auteur de l'article qualifie le futur président du Chili de « député d’extrême-gauche âgé de 35 ans qui s’est distingué par ses critiques féroces à l’égard d’Israël et des membres de la communauté juive du pays qui soutiennent l’État juif » nous pensons que l'intention de forcer le trait est plus que caricaturale.

Lorsque Boric critique et condamne les agissements de l’État d'Israël envers les populations civiles Palestiniennes dans les territoires occupés, il dit simplement la même chose que ce que disent depuis des décennies tous les organismes internationaux de défense de droits de l'homme, à commencer par l'ONU.

Il serait souhaitable que la CJCh, qui semble - comme c’est le cas pour les votants de nationalité chilienne dans l’État d'Israël - avoir penché pour le candidat d'extrême droite José Antonio Kast, comprenne que le Chili souhaite s'intégrer dans le concert des nations et ne pas aller à l'encontre de la communauté internationale.

L'association ADJA a, pour sa part, appelé activement à voter pour le candidat de la coalition de gauche, M. Boric.

MILITANTS DU PARTI COMMUNISTE CHILIEN
 VICTIMES DE LA DICTATURE DE PINOCHET
PHOTOS ARCHIVE MEMORIA VIVA

Autre omission de taille de l'article de M. Liphshiz : les antécédents de l'adversaire de M. Boric, José Antonio Kast, décrit seulement comme « ultra-conservateur ». Quant au père de José Antonio Kast, Michael Kast qui était allemand, il est simplement décrit comme “probablement nazi”, alors qu’il est avéré qu’il était fervent catholique, inscrit au parti national socialiste des ouvriers allemands (NSDAP), qu’il a combattu au sein de la Wermacht pendant la Seconde Guerre Mondiale puis s’est réfugié au Chili grâce à des filières secrètes. Oublié aussi, le rôle joué par la famille Kast pendant la dictature.

En somme, l’article de M. Liphshiz est une tentative de rendre confuse l'opinion française au sujet d'une supposée ambiance antisémite existante au Chili, ou bien des attitudes supposes anti-juives de certains dirigeants de gauche.

S'il y a eu, pendant cette élection, une inquiétude palpable au Chili, c’est très certainement celle d’une grande majorité de Chiliens face aux dangers que représentait l'arrivée au pouvoir d'un représentant des heures les plus sombres de l'histoire chilienne. Heures sombres qui ont vu portés disparus, fusillés, torturés, emprisonnés ou exilés des hommes, des femmes et des enfants, de toutes origines confondues, y compris de confession juive.

Les Chiliens qui ont voté pour le candidat Boric ont aussi voté pour l'exigence de ne pas revivre les atrocités de l'époque de Pinochet.

Une question s'impose comme corolaire : est-il justifié, pour defendre les privilèges de certains et l’État d'Israël, de condamner les peuples du Chili à revivre le cauchemar d'une dictature ? Nous pensons, pour notre part, que les Chiliens et leurs dirigeants ne méritent pas d'être condamnés pour leur aspiration à un monde plus juste pour tous.

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    DESSIN ENEKO
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