25 octobre, 2023

ARCHIVES, LE MONDE/ «L'ATTENTAT CONTRE LE GÉNÉRAL SCHNEIDER»

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CHILI, L'ATTENTAT CONTRE LE GÉNÉRAL SCHNEIDER

 1970 - 25 OCTOBRE - 2023

«LES GÉNÉRAUX CHILIENS NE SONT PAS NOS ENNEMIS» 

ARCHIVES, / Washington (A. F. P.). - L'ancien président Richard Nixon a reconnu, le mercredi 25 mai, à l'occasion de la quatrième émission réalisée par le journaliste britannique David Frost, qu'il avait tenté d'empêcher l'élection de Salvador Allende à la présidence du Chili en 1970 parce qu'il craignait, a-t-il dit, qu'une alliance entre Santiago et Cuba ne provoque une révolution communiste à travers l'Amérique du Sud. /  L'intervention dans l'arrière-cour 

Le Monde avec l'AFP 

Publié le 27 mai 1977

HENRY KISSINGER ET RICHARD NIXON

Suivant un rapport de la commission sur les services de renseignements du Sénat, publié en 1975, le président Nixon avait autorisé la C.I.A. à participer directement à l'organisation d'un coup d'État militaire, douze jours après l'élection du président Allende (1). Par la suite, la C.I.A. avait dépensé près de 8 millions de dollars pour soutenir les opposants au régime.

COUVERTURE « LE GÉNÉRAL SCHNEIDER.
UN HOMME D'HONNEUR. UN CRIME IMPUNI » 

Puis, comme David Frost lui faisait remarquer que, en comparaison avec la junte militaire actuelle, le président Allende " faisait figure de saint ", M. Nixon a reconnu que les généraux actuellement au pouvoir pouvaient être " brutaux ". " Mais, a-t-il ajoute aussitôt, j'aimerais également dire, d'un autre côté, qu'ils ne sont pas communistes, qu'ils ne sont pas des ennemis des États-Unis et qu'ils ne menacent aucun de leurs voisins. "

(1) Il s'agit de la tentative d'enlèvement par un commando d'extrême droite du général René Schneider, alors commandant en chef de l'armée de terre. L'officier y avait perdu la vie.

TIMBRE DU CHILI, GÉNÉRAL RENE SCHNEIDER1972

LA C.I.A. AURAIT ENCOURAGÉ L'ATTENTAT CONTRE LE GÉNÉRAL RENÉ SCHNEIDER EN OCTOBRE 1970.

ARCHIVES, / Washington (A.F.P.). - Une nouvelle accusation est lancée par le Washington Post contre les activités passées de l'Agence centrale de renseignement en Amérique du Sud : selon le journal, la C.I.A. aurait au moins " encouragé ", en octobre 1970, une tentative d'enlèvement du commandant en chef de l'armée chilienne, le général René Schneider, qui coûta la vie à ce dernier.

 Le Monde avec l'AFP 

Publié le 08 juillet 1975

Le Washington Post, qui rivalise depuis plusieurs mois avec le New York Times dans les relations sur les activités de la C.I.A., précise que cette action aurait eu pour but de provoquer au Chili un coup d'État militaire et d'empêcher ainsi la ratification par le Congrès de Santiago de l'élection à la présidence de M. Salvador Allende.

Le général Schneider fut tué par les hommes de main qui tentaient de l'enlever après qu'il eut fait mine de sortir son revolver.

 LES OBSÈQUES DU GÉNÉRAL RENÉ SCHNEIDER 

LES AUTEURS DE L'ATTENTAT CONTRE LE GÉNÉRAL SCHNEIDER INTENTENT UN PROCÈS AU « NEW YORK TIMES »

ARCHIVES, / Santiago-du-Chili (A.F.P.). - Les responsables de l'assassinat, en 1970, du général chilien René Schneider ont intenté une action judiciaire contre le New York Times, qui avait écrit qu'ils étaient à la solde de la C.I.A., a annoncé dimanche le journal la Tercera de Santiago-du-Chili.

Le Monde avec l'AFP

Publié le 29 juillet 1975 

Temps de Lecture 1 min. 

Le New York Times avait affirmé récemment (le Monde daté 27-28 juillet 1975) que les auteurs de l'assassinat du général Schneider avaient été engagés par la C.I.A afin d'empêcher la venue au pouvoir de Salvador Allende. Le général Schneider, commandant en chef de l'armée chilienne, avait été assassiné au mois d'octobre 1970, quelques jours avant la confirmation par le Parlement de l'élection de M. Allende à la présidence.

Selon la Tercera, l'ex-général Roberto Viaux, considéré comme le " cerveau " de l'opération, n'avait " reçu d'argent de personne et encore moins de l'étranger ". L'ex-général Viaux se trouve actuellement au Paraguay, après avoir été condamné à cinq années d'exil par la justice chilienne. Il a précisé que l'enlèvement du général Schneider avait été décidé parce que les membres de son groupe " ne souhaitaient pas que le marxisme soit introduit au Chili".

Un autre journal chilien, El Mercurio, critique, d'autre part, dans son numéro du 26 juillet, " certains organismes " des Nations Unies, dont, selon lui, on a " dénaturé les fonctions pour des raisons idéologiques ".

Une délégation de la commission des droits de l'homme de l'ONU devait enquêter au Chili, mais dix jours avant son arrivée, prévue le 10 juillet dernier, le général Pinochet lui avait interdit l'entrée du pays. El Mercurio justifie la décision du chef de la junte en affirmant que la commission se contentait de " commérages ", en acceptant de recevoir des " témoignages anonymes " lorsqu'elle le jugeait nécessaire.

Enfin, on a appris samedi de source officieuse que le secrétaire général du parti communiste chilien (interdit), M. Luis Corvalan, se remettait normalement de l'appendicectomie qu'il vient de subir. M. Luis Corvalan, détenu depuis octobre 1973, est entré jeudi dernier à l'hôpital naval de Valparaiso, où il a été opéré par une équipe de médecins spécialisés et un personnel d'assistance " sélectionné ", précise-t-on. Après sa convalescence " rapide et normale ", il rejoindra le camp de prisonniers politiques, au Nord de Valpaiso.  

LE GÉNÉRAL SCHNEIDER

LE COMMANDANT EN CHEF DE L'ARMÉE VICTIME D'UN ATTENTAT

ARCHIVES, / Santiago-du-Chili (A.F.P.). - Le commandant en chef des forces armées chiliennes, le général René Schneider, a été victime d'un attentat ce jeudi matin. Atteint de plusieurs balles par des inconnus, alors qu'il se dirigeait en voiture vers le ministère de la défense, à Santiago, le général Schneider a été transporté d'urgence à l'hôpital.

Le Monde avec l'AFP

Publié le 23 octobre 1970 

En juin dernier, lorsque des rumeurs insistantes avaient circulé sur la possibilité d'un coup d'État militaire destiné à empêcher l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de gauche, le général René Schneider s'était présenté comme un " légaliste " au sein des forces armées. Il avait notamment déclaré à un représentant du journal conservateur Mercurio que " l'armée respecterait le droit institutionnel du Parlement de choisir librement entre les deux candidats ayant obtenu le plus de voix aux élections présidentielles ".

Il avait alors été désavoué par certains officiers, notamment par le général Viaux, auteur d'une rébellion militaire en octobre 1969, et soupçonné depuis de nourrir de nouvelles velléités de putsch pour barrer la route à un gouvernement de Front populaire.

UNE DU QUOTIDIEN CONSERVATEUR «EL MERCURIO»
ET PORTRAIT DU GÉNÉRAL  RENÉ SCHNEIDER
PHOTOMONTAGE RED DIGITAL

L'EXTRÊME DROITE CHILIENNE EST MISE EN CAUSE DANS LE MEURTRE DU GÉNÉRAL SCHNEIDER

ARCHIVES, / Les obsèques du général René Schneider, commandant en chef de l'armée chilienne, mort dimanche des suites des blessures reçues lors d'un attentat organisé par l'extrême droite, devaient avoir lieu ce lundi à Santiago. M. Salvador Allende, élu samedi à la présidence de la République par le Congrès, le président Eduardo Frei, qui transmettra ses pouvoirs à M. Allende le 3 novembre, l'ancien président Jorge Alessandri, les dirigeants syndicaux et de nombreux diplomates, ont salué la dépouille du commandant en chef.Un mandat d'arrêt a été lancé contre le général en retraite Roberto Viaux, qui avait dirigé un soulèvement militaire en octobre 1969, et qui est considéré par les autorités comme le " cerveau " du complot contre le général Schneider. M. Pablo Rodriguez, dirigeant d'un mouvement d'extrême droite, Patrie et Liberté, a été arrêté alors qu'il tentait de fuir le Chili. Deux cents personnes seraient par ailleurs détenues. M. Salvador Allende a promis que " tous les moyens seraient mis en œuvre pour châtier les auteurs du crime".

Par MARCEL NIEDERGANG

Publié le 27 octobre 1970  

Temps de Lecture 5 min.

SCHNEIDER ET FAMILLE 1953

Le premier geste du docteur Salvador Allende, samedi, en apprenant son élection à la présidence de la République par le Congrès chilien, a été de se rendre à l'hôpital militaire où les médecins n'espéraient plus sauver le général René Schneider, commandant en chef de l'armée, grièvement blessé par des terroristes.

Ce n'était certainement pas un geste politique, mais une démarche humaine. Ami personnel du président démocrate chrétien Eduardo Frei, le général René Schneider l'était aussi du sénateur socialiste Salvador Allende. Pour apprécier l'émotion des Chiliens en apprenant l'attentat, puis la mort du commandant en chef des forces armées, il faut savoir que ce dernier était le moins "militaire" des officiers supérieurs, et que l'attentat politique était inconnu au Chili depuis 1837. Cette année-là, Diego Portales, ministre énergique et tout-puissant, qui exerçait en fait les prérogatives d'un chef d'État, fut assassiné alors qu'il estimait nécessaire un conflit avec le Pérou. La mort de Portales, pourtant contesté dans les milieux libéraux, provoqua en fait un sursaut d'unanimité nationale, et la victoire, la même année, des armées chiliennes sur le Pérou est considérée par les historiens comme une conséquence indirecte du meurtre du ministre.

En abattant le général René Schneider, qui symbolisait le " légalisme " des forces armées chiliennes, les meurtriers n'ont pas seulement perpétré un crime. Ils ont aussi commis une faute.

Tout indique en effet que l'attentat contre le commandant en chef de l'armée va inciter les Chiliens, dans leur majorité, à resserrer les rangs pour conjurer les périls et les tempêtes appelées par ceux que l'on dénomme déjà à Santiago " les membres d'une O.A.S. chilienne ", incapables d'admettre l'arrivée au pouvoir par les voies légales d'un dirigeant socialiste.

Déjà, la droite classique et les milieux d'affaires de Santiago avaient manifesté ces derniers jours beaucoup plus de compréhension pour la nouvelle situation politique que dans les semaines ayant suivi le scrutin du 4 septembre. M. Benjamin Matte, président de la Société nationale d'agriculture, un organisme représentant les intérêts des propriétaires fonciers, s'apprête à partir pour La Havane, afin de négocier un nouvel et important accord commercial avec les Cubains.

D'abord " choquée ", stupéfaite et atterrée à la perspective d'un gouvernement de Front populaire préconisant la nationalisation des banques, la droite chilienne s'est peu à peu rassérénée. La majorité de ses dirigeants envisagent aujourd'hui de faire face avec calme à la situation. L'ancien président Jorge Alessandri, candidat des conservateurs, avait lui-même fait savoir discrètement au sénateur Salvador Allende qu'il " souhaitait sa victoire définitive " et se repentait, devant ses intimes, d'avoir paru céder un moment aux pressions des " ultras " de la droite soucieuse d'empêcher le triomphe définitif du dirigeant socialiste.

C'est ainsi que M. Jorge Alessandri avait, au début de septembre, laissé ses " partisans " publier une déclaration selon laquelle il " démissionnerait aussitôt " dans l'hypothèse où le Congrès chilien l'élirait à la présidence de la République.

Cette " manœuvre ", imaginée par les fougueux dirigeants du commando national Alessandri, tendait à l'annulation de l'élection du 4 septembre et à la préparation d'une nouvelle campagne électorale à l'issue de laquelle le candidat de l'Unité populaire aurait très certainement été " régulièrement " battu. Mais l'irritation de M. Jorge Alessandri, furieux d'avoir été " utilisé " par les hommes qui avaient dirigé sa campagne, les mises en garde de l'Unité populaire, et aussi la sagesse des dirigeants démocrates chrétiens, refusant de participer à une opération douteuse, devaient faire échouer la manœuvre.

Des encouragements étrangers

Il ne restait plus aux adversaires irréductibles de l'Unité populaire qu'à employer des moyens " violents", pour tenter malgré tout de stopper un processus politique redouté. Alors que M. Onofre Jarpa, dirigeant connu du parti national, prenait, lui aussi, publiquement parti pour la " solution constitutionnelle " et le " respect du scrutin du 4 septembre", un jeune avocat, Maître Pablo Rodriguez, fondait le mouvement Patrie et Liberté. Les premières réunions publiques de cette organisation d'extrême droite n'étaient pas très spectaculaires, mais le ton employé par Maître Pablo Rodriguez évoquait des accents connus.

" La tâche essentielle de la jeunesse, déclarait-il devant quelques centaines de personnes réunies au stade de Santiago, est de défendre la démocratie à tout prix. Je vous le dis : les marxistes ne passeront pas... " Devant le peu de succès populaire de leur entreprise, les dirigeants de l'extrême droite passaient aux actes. Depuis trois semaines, les attentats terroristes se sont multipliés : ambassades étrangères mitraillées, bombes, explosion d'une charge de dynamite à l'aéroport international de Pudahuel, menaces de mort adressées à M. Salvador Allende et à de nombreuses personnalités politiques.

Peut-être l'extrême droite chilienne aurait-elle été moins hardie si elle n'avait pas cru déceler des encouragements aux États-Unis et dans certains cercles étrangers de Santiago. Le New York Times a estimé à la mi-septembre qu'" un coup d'État militaire était préférable à l'arrivée au pouvoir de l'Unité populaire à Santiago ". La revue Time a multiplié dans une enquête récente des contre-vérités sur la situation chilienne. Il n'est pas douteux, par ailleurs, que les jeunes dirigeants de l'extrême droite pouvaient, et peuvent encore, compter sur les sympathies agissantes de certains militaires mis à l'écart depuis l'échec du tacnazo, en octobre 1969. Le général Roberto Viaux, dirigeant de ce soulèvement militaire mineur, mis à la retraite par la suite, a multiplié depuis six mois les contacts politiques avec les personnalités de droite. Il se déclarait prêt à " assumer ses responsabilités " si ses amis en " faisaient la demande ". Après avoir manifesté une certaine sympathie pour une expérience militaire et " nationale " de type péruvien, le général Roberto Viaux ne voyait, semble-t-il, plus d'autre solution que le coup de force.

Le plan des conjurés consistait à enlever le général René Schneider afin de contraindre toutes les forces armées à prendre position. L'assassinat du commandant en chef a provoqué le résultat contraire à celui qui était espéré par les conspirateurs. " Le pays comprend, a déclaré M. Salvador Allende, que le général Schneider a payé de sa vie sa décision inébranlable de maintenir les forces armées dans le respect de la Constitution et des principes démocratiques... "  MARCEL NIEDERGANG.

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