04 septembre, 2024

CHILI / L'ANCIEN MAIRE DE RECOLETA DANIEL JADUE EST SORTI DE PRISON

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JADUE ET SON ÉQUIPE MUNICIPALE AVAIENT OSÉ FAIRE DU DROIT
À LA SANTÉ UNE RÉALITÉ, EN METTANT À DISPOSITION DE SES
ADMINISTRÉS DES MÉDICAMENTS À UN COÛT JUSQU’À
70 % INFÉRIEUR À CELUI DU MARCHÉ. 

PHOTO JAVIER TORRES
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L'HUMANITÉ
Chili : l’ex-maire de Recoleta Daniel Jadue est sorti de prison / Après trois mois d’incarcération, un tribunal a remplacé la détention provisoire de l’ex-maire de Recoleta par une assignation à résidence. Une décision qui prouve que les délits dont le dirigeant communiste Chilien est accusé « n’ont jamais existé », selon ses avocats.

par Luis Reygada

4 min

L'ANCIEN MAIRE DE RECOLETA DANIEL JADUE
QUITTE L'ANNEXE DU CAPITAINE YÁBER
PHOTO JONNATHAN OYARZÚN
le troisième tribunal de garantie de Santiago du Chili a annulé ce lundi la détention provisoire de l’ancien candidat à la présidence, Daniel Jadue. Après près de trois mois passés derrière les barreaux, l’ex-maire de Recoleta (commune du secteur nord de la capitale) et dirigeant du parti communiste Chilien a bénéficié d’une sortie de prison avec placement sous assignation à résidence.

Il est dans le viseur de la justice dans le cadre de l’affaire de supposée corruption dans sa gestion à la tête de l’Achifarp, l’association chilienne des municipalités et des pharmacies populaires. « Un montage dans une affaire instrumentalisée par l’oligarchie politique et médiatique pour ternir l’image et détruire le leadership d’une personne considérée comme un danger pour leurs intérêts » expliquait Hugo Gutierrez, membre de son équipe de défense, à l’Humanité en juillet dernier.

« Daniel Jadue est persécuté parce qu’il est communiste et qu’il développe des politiques anti-néolibérales », avait insisté Gutierrez, non sans rappeler que celui qui était à la tête de la mairie de Recoleta depuis 2012 (il a été démis de ses fonctions suite à son incarcération) est un habitué des procédures judiciaires à des fins politiques (stratégies de « lawfare » amplement utilisées par les droites latino-américaines). En douze ans de mandat, Daniel Jadue a en effet déjà été la cible de plusieurs dizaines de procédures, avec à chaque fois un objectif très clair : tenter de paralyser ce qu’il symbolise. C’est-à-dire un projet populaire représentant une alternative concrète au modèle néolibéral chilien, hérité de la dictature d’Augusto Pinochet.

Une persécution politique

Dans l’affaire de l’Achifarp, Daniel Jadue est notamment poursuivi pour corruption, administration déloyale, fraude fiscale ou encore pour escroquerie. Mais derrière ces imputations très graves, un dossier peu solide et surtout une politique municipale sociale en faveur des classes populaires : Daniel Jadue avait mis en place un système facilitant l’accès aux soins à ses administrés en inaugurant la première pharmacie municipale du Chili.

Ainsi, dans un pays où la sécurité sociale n’existe pas et où le secteur des médicaments est un juteux business contrôlé par de grands groupes privés, Jadue et son équipe municipale avaient osé faire du droit à la santé une réalité, en mettant à disposition de ses administrés des médicaments à un coût jusqu’à 70 % inférieur à celui du marché ! En deux ans, près de cent cinquante communes avaient suivi son exemple, donnant naissance à l’Achifarp, dirigée par Jadue. « Ils me jugent pour notre gestion révolutionnaire », avait réagi sur X l’intéressé, le 3 juin dernier, lorsque la juge Paulina Moya avait décidé de sa détention provisoire.

« La mesure d’incarcération était totalement disproportionnée et irrationnelle », a déclaré lundi Hugo Gutierrez, insistant sur la faiblesse du dossier et le manque d’éléments à charge. « La décision du tribunal rend toute sa dignité à Daniel Jadue, a ajouté Juan Carlos Manríquez, également membre de l’équipe d’avocats du communiste. Elle confirme son honnêteté et son intégrité (…) et rétablit la vérité (dans cette affaire) : il n’existe aucune preuve sérieuse permettant d’affirmer que Jadue aurait administré l’Achifarp en pensant à autre chose qu’à l’intérêt commun ou encore qu’il aurait causé des dommages (à l’intérêt général) », a insisté son avocat. Pour lui, pas de doute : le tribunal a levé tous les doutes sur ces points, et « a confirmé que Jadue est innocent, comme nous l’avons toujours dit ». De son côté, le comité international de soutien à l’ancien maire a indiqué qu’il continuerait à poursuivre ses actions pour promouvoir sa défense dans cette affaire.