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Actu / Brésil : la justice bloque le réseau social X / Le juge du Tribunal suprême fédéral Alexandre de Moraes dénonce une utilisation politique de l’application d’Elon Musk et ordonne suspension du réseau après le refus de celui-ci de respecter plusieurs décisions judiciaires relatives à la désinformation. [1,2 milliard de vues sur des publications fausses ou trompeuses d’Elon Musk ] (*)
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L'HUMANITÉ
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ILLUSTRATION NUMERAMA |
CES DERNIÈRES ANNÉES, LE HAUT MAGISTRAT A ORDONNÉ LE BLOCAGE DES COMPTES, SUR X, DE FIGURES INFLUENTES DES MOUVEMENTS ULTRA-CONSERVATEURS BRÉSILIENS POUR AVOIR DISSÉMINÉ DES « FAKE NEWS ». PHOTO ANDRE M. CHANG |
Moraes, qui mène une croisade contre la désinformation depuis la plus haute instance du pouvoir judiciaire brésilien, avait donné mercredi soir 24 heures à la plateforme pour nommer un représentant légal dans le pays, sous peine de blocage.
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Après le rejet par le réseau social de l’ultimatum, le juge a décidé la « suspension immédiate, complète et intégrale » de X au Brésil et ordonné à l’Agence nationale des télécommunications d’« adopter toutes les mesures nécessaires » pour qu’elle entre en vigueur dans les 24 heures. Une suspension qui devrait rester en vigueur jusqu’à ce que la plateforme obtempère, paie les amendes qui lui ont été infligées et nomme un représentant légal.
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TEXTO CANCIONERO POPULAR, MÚSICA AIDA SUNO
Plus d’un Brésilien sur 10 a un compte sur X (soit 22 millions d’usagers, parmi les plus actifs au monde), mais les internautes tentés de contourner l’interdiction (par exemple en utilisant un simulateur de réseau de type VPN) risquent jusqu’à 8 000 euros d’amende par jour.
Musk lié à des affaires de campagnes de désinformation ourdies par l’extrême droite brésilienne
« La liberté d’expression est le fondement de la démocratie et, au Brésil, un pseudo-juge non élu est en train de la détruire à cause de motivations politiques », a fustigé le milliardaire américain, qui n’a pas hésité à traiter Moraes de « dictateur ». Mais c’est pourtant justement pour s’être attaqué à la démocratie de ce pays que le juge Moraes a entamé un bras de fer contre Elon Musk, très proche allié d’une frange de l’extrême droite mondiale et notamment de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro (2019-2023).
Ces dernières années, le haut magistrat a ordonné le blocage des comptes, sur X, de figures influentes des mouvements ultra-conservateurs brésiliens pour avoir disséminé des « fake news ». Des partisans de Bolsonaro avaient notamment mené une campagne visant à discréditer le système de vote électronique lors de l’élection remportée par Luis Inácio Lula da Silva en 2022.
Ils auraient alors compté sur le soutien de Musk – qui ne cache pas son penchant pour l’ingérence, notamment en Amérique latine – ce qui lui a valu de faire l’objet, depuis avril dernier, d’une enquête judiciaire enjointe par Moraes dans « l’affaire des milices numériques », une apparente campagne de désinformation en faveur de Bolsonaro et de ses proches.
Tentative d’influencer les élections municipales de 2024 ?
Une « instrumentalisation criminelle de X » de la part du multimilliardaire, qui aurait, selon le juge, alors directement participé à tenter d’affaiblir deux piliers institutionnels et garants de la démocratie brésilienne.
Ce vendredi, dans sa décision, le juge Moraes a dénoncé la « tentative de X d’échapper à l’ordre juridique et au pouvoir judiciaire brésiliens pour instaurer un climat de totale impunité et d’anarchie sur les réseaux sociaux brésiliens, notamment durant les élections municipales de 2024 ». Il a aussi affirmé qu’il existe “un risque imminent” que “des groupes extrémistes et des milices numériques poursuivent et étendent l’instrumentalisation (du réseau X au Brésil) avec la diffusion massive de propos nazis, racistes, fascistes, haineux et antidémocratiques“. Le juge Moraes a aussi bloqué récemment les comptes de Starlink, fournisseur d’accès à internet par satellite dont Elon Musk est propriétaire, pour récupérer le montant d’amendes non payées par X.
« Ce n’est pas parce qu’il a de l’argent qu’il peut faire ce qu’il veut, a exprimé vendredi le président Lula sur le réseau social Bluesky. (Elon Musk) doit accepter les règles du pays et respecter la décision de la Cour suprême », avait-il ajouté, rappelant que « tout citoyen qui investit au Brésil est soumis à la législation brésilienne et à la Constitution ».
DESSIN CARLOS LATUFF |
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