16 octobre, 2024

CHILI / ENJEUX DES ÉLECTIONS LOCALES DES 26 ET 27 OCTOBRE 2024


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« EN ATTENDANT LES ÉLECTIONS LOCALES »
Enjeux des élections locales des 26 et 27 octobre 2024 / Santiago mercredi 16 octobre 2024 / Elles arrivent 5 ans après l’explosion sociale d’octobre 2019, deux ans et demi après la prise de fonction de Gabriel Boric en mars 2022. Ce seront des élections de mi-mandat, les prochaines présidentielles et législatives auront lieu en novembre 2025. Ces élections montreront si le gouvernement Boric depuis 2022 réussit à mobiliser autour de sa politique. 
 CHILI / PROPAGANDE ÉLECTORALE 
ÉLECTIONS RÉGIONALES ET MUNICIPALES
LE 26 ET 27 OCTOBRE 2024
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Avec notre correspondant à Santiago, Pierre Cappanera 

PIERRE CAPPANERA
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Que s’est-il passé depuis octobre 2019 ? Que sont devenus les grandes revendications sur la retraite, l’éducation, la santé, l’école ? Octobre a débouché sur la promesse d’élaboration d’une nouvelle constitution mais par deux fois les propositions faites aux Chiliens ont été repoussées avec de fortes majorités. L’explosion sociale n’a débouché sur aucune avancée sociale majeure. Il faudra attendre la mise en place en mars 2022 du gouvernement de Boric pour que des avancées réelles voient le jour.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

Gabriel Boric a été élu au second tour contre le candidat d’extrême-droite Kast. Le premier tour avait mis Kast en tête. Le total des voix de droite et d’extrême-droite dépassaient les 50%. Avec une énorme mobilisation, le second tour a mis Kast en échec. Sursaut antifasciste. Les élections législatives et sénatoriales (qui ont toujours lieu en même temps que le premier tour des présidentielles) ne donnaient pas une majorité de gauche au gouvernement. 

Le président et son gouvernement ont donc pris leurs fonctions avec une absence de majorité dans les deux chambres et la constitution de Pinochet qui les bride un maximum. D’autre part les résultats du référendum de septembre 2022 repoussant la proposition de Constitution progressiste ont tétanisé la gauche et le mouvement social. Celui-ci est devenu atone et a mis du temps à se relever de cet échec. 

Qu’a pu réaliser le gouvernement dans ces conditions ? Une forte augmentation du salaire minimum qui est passé mensuellement de moins de 300 euros à 500 euros. Un développement de l’assurance sociale d’Etat (FONASA) qui est choisi par 80% des Chiliens. La gratuité des soins dans le réseau de santé public pour les titulaires de ce fonds FONASA. Une augmentation de la retraite minimum. La fin du système des prêts bancaires qui avaient remplacé les bourses universitaires en 2005, système qui touche et endette près d’une famille sur 5. La mise en place des 40 heures étalée sur cinq ans, la durée moyenne du travail était comprise entre 45 et 50 heures. Le développement des droits des femmes. A noter que les titulaires des ministères du Travail et de l’Education sont communistes.

Ces élections sont aussi un test avec le changement de corps électoral. L’inscription sur les listes électorales était automatique mais le vote facultatif. Le vote est désormais obligatoire. Il y avait 6,5 millions d’électeurs aux dernières élections locales en 2020. On en attend 13 millions les 26 et 27 octobre. Le double. Les nouveaux votants sont ceux qui ne votaient jamais. Ce système électoral a déjà été utilisé pour les deux référendums constitutionnels. Dans un cas la constitution progressiste a été repoussée, dans l’autre c’est la proposition de l’extrême-droite qui est restée à terre. 

Les élections vont avoir lieu en pleine explosion d’un gigantesque scandale qui frappe en plein cœur la droite. Celui-ci a éclaté en novembre 2023. Il révèle le mode de fonctionnement d’une classe économique et politique et met à jour un système de réseaux qui permet à « l’élite » de gouverner le pays par-dessus les lois à son profit personnel. Le Chili qui passait pour le pays propre de l’Amérique Latine est trahie par sa propre bourgeoisie. Les conséquences de ce scandale - on n’en est qu’au début des révélations - va toucher beaucoup de monde à droite, à commencer par son mentor, Andrés Chadwick, fidèle partisan de Pinochet, Guzman et Piñera, son cousin. 

La droite fait le gros dos et ne parle que d’insécurité et d'immigration. Elle a même tenté, sans succès, de destituer de leurs postes le président de la République et la ministre de l’intérieur comme incompétents face à la gravité de la criminalité. 

L’élection se fera sur deux jours pour faire face au doublement des électeurs et aussi parce qu’il y a quatre élections différentes en même temps. L’élection des maires au scrutin uninominal à un tour. L’élection des gouverneurs de régions au scrutin majoritaire à deux tours. Les élections des conseillers municipaux et des conseillers régionaux sur liste à la proportionnelle.

La gauche affiche un certain optimisme mais n’est en fait sûre de rien. Les inconnues sont trop nombreuses. Elle part unie avec la démocratie-chrétienne pour les candidatures des maires et des gouverneurs de régions. Pour les élections des conseillers municipaux et régionaux, chaque parti présente ses propres listes.

Le PC est le parti de gauche qui présente le plus de candidats, plus que le PS ou que le Frente Amplio, le parti du président. Ceci témoigne de son enracinement dans tout le pays et de son développement ces cinq dernières années.