29 octobre, 2024

AU CHILI, LE GOUVERNEMENT DE GAUCHE MALMENÉ AUX ÉLECTIONS LOCALES

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LE DÉCOMPTE DES VOTES AU CENTRE CULTUREL DE L’ANCIENNE
GARE DE MAPOCHO, À SANTIAGO, LORS DES ÉLECTIONS
MUNICIPALES ET RÉGIONALES AU CHILI, LE 27 OCTOBRE 2024.
PHOTO ESTEBAN FELIX / AP

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LE MONDE
Au Chili, le gouvernement de gauche malmené aux élections locales / 
La droite de la coalition Chile Vamos sort renforcée des élections municipales et régionales, tandis que l’extrême droite progresse, sans enregistrer la percée qu’elle espérait. 

Par Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante) 

Temps de Lecture 2 min. 

Dernier grand rendez-vous électoral avant l’élection présidentielle de 2025, les scrutins municipaux et régionaux qui se sont tenus samedi 26 et dimanche 27 octobre au Chili faisaient office de répétition générale, notamment pour le gouvernement de Gabriel Boric (gauche). Sans raz-de-marée ni déroute pour aucune force politique, l’élection, avec vote obligatoire, pour désigner maires, gouverneurs régionaux et conseillers régionaux et municipaux a consacré le recul de la coalition présidentielle, la consolidation de la droite traditionnelle de Chile Vamos et une avancée en demi-teinte de l’extrême droite.

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Le camp de Gabriel Boric, élu en 2021 sur un programme progressiste largement édulcoré faute de majorité au Congrès, perd au total trente-neuf municipalités, parmi lesquelles celle de Santiago. Certes, la mairie de la capitale, jusque-là détenue par la communiste Iraci Hassler, oscille historiquement entre la gauche et la droite. Mais la victoire de Mario Desbordes (droite), avec plus de vingt points d’avance sur sa rivale communiste, est suffisamment large pour symboliser la perte de terrain du gouvernement. D’autant que la mairie de l’hypercentre de Santiago a pour réputation d’annoncer la couleur du parti gagnant lors de l’élection présidentielle suivante. La coalition au pouvoir, qui rassemble des formations allant du Parti communiste au centre gauche, perd également la municipalité convoitée de Ñuñoa, dans l’agglomération de Santiago, pour moins d’un point de pourcentage.

La question de l’insécurité

Le gouvernement fait les frais de la crise de l’insécurité, avec l’augmentation de 42,5 % du nombre d’homicides en 2022 par rapport à 2018. Si le ministère de l’intérieur met en avant la légère inflexion de cette dynamique, avec une diminution du nombre de victimes d’homicides de 6 % en 2023, au regard de l’année précédente, la question de l’insécurité accapare le débat public. Par ailleurs, les derniers jours ont été marqués par la plainte pour viol visant Manuel Monsalve, ex-sous-secrétaire au ministère de l’intérieur et cadre-clef du gouvernement dans la lutte contre l’insécurité.

Les élections municipales et régionales ne constituent pas pour autant un désaveu pour le gouvernement, dont la coalition conserve des mairies importantes comme Maipu (agglomération de Santiago) et Viña del Mar (Ouest). Elle l’emporte dans 111 municipalités au total. Dans la foulée des résultats, Gabriel Boric a souhaité minimiser la perte de terrain, soulignant que « les pronostics catastrophistes » ne se vérifiaient pas.

Le nouvel équilibre politique bénéficie à la droite traditionnelle, avec trente-cinq mairies supplémentaires par rapport à 2021 – 122 au total – dont celle de Santiago. Elle parvient également à imposer son candidat dans neuf des onze régions où l’élection au poste de gouverneur se décidera lors d’un second tour, le 24 novembre.

L’extrême droite s’empare de huit municipalités

Evelyn Matthei, maire sortante de Providencia (agglomération de Santiago) et figure de la droite en vue de la présidentielle de 2025, s’est félicitée de la victoire « de la sagesse et du bon sens », dimanche. La droite limite largement les dégâts du scandale de trafic d’influence et de corruption présumés révélé il y a près d’un an – l’affaire « Hermosilla » (du nom de l’avocat Luis Edgardo Hermosilla) –, entachant notamment l’entourage politique de l’ex-président de droite Sebastian Piñera (2010-2014 et 2018-2022), décédé en février.

Le Parti républicain (extrême droite), fondé en 2019, n’enregistre pas la nette percée à laquelle il aspirait après une série de succès électoraux. En 2021, le fondateur du parti, José Antonio Kast, arrivait au second tour de la présidentielle. Puis, en mai 2023, la formation s’imposait comme la première force au conseil constitutionnel élu pour réécrire la Constitution. Son image reste affaiblie par le « non » à la nouvelle loi fondamentale, lors d’un référendum en décembre 2023.

L’extrême droite s’empare toutefois de huit municipalités, une première. Si les élections municipales et régionales marquent une tendance, « il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives concernant la présidentielle, sans candidats annoncés pour l’instant », souligne Rocio Zepeda, politiste à l’Université Mayor de Santiago.

Par Flora Genoux

Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante) 

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