21 octobre, 2006

LA PRÉSIDENTE DU CHILI REVOIT L'ALLEMAGNE DE SES ANNÉES D'EXIL


La Chef d'État reçoit un bouquet de fleurs des mains du Président de l'Université de Leipzig, Franz Häuser.
Le
Président s'est montré fier qu’une ancienne élève de son établissement devienne Présidente.
Mme Bachelet nommé docteur honoris cause des universités Libre de Berlin et de Humboldt.


Reçue par Mme Merkel, la présidente du Chili revoit l'Allemagne de ses années d'exil

Pour Michelle Bachelet, sa visite en Allemagne en tant que présidente du Chili est plus qu'une simple visite officielle. Non seulement parce qu'elle y a été accueillie, jeudi 19 octobre, par une autre femme, la chancelière Angela Merkel. Mais aussi et surtout parce qu'elle a retrouvé les lieux où elle a vécu en exil, durant les années 1970, alors que sa famille avait dû quitter le Chili du général Pinochet (1973-1990).

Le temps de deux cérémonies tenues à Berlin, Mme Bachelet a replongé trente ans en arrière. L'université Humboldt et l'hôpital de la Charité l'ont chacun faite docteur honoris causa. Elle avait étudié la médecine dans ces deux établissements lors de son séjour, entre 1975 et 1979. "Cette récompense me touche profondément, a-t-elle dit à la Charité, à cause de mes liens particuliers avec ce pays qui m'a accueillie avec ma famille." Accompagnée de sa mère (son père, général d'aviation, est mort d'une crise cardiaque après avoir été torturé en prison), elle était arrivée dans ce qui était alors l'Allemagne de l'Est (RDA), où a grandi Mme Merkel. Le régime communiste d'Erich Honecker avait ouvert ses portes aux opposants au général Augusto Pinochet et à leurs familles. M. Honecker lui même, après sa chute en 1993, s'est installé au Chili jusqu'à sa mort, en 1994.

SOUVENIRS DE POTSDAM

L'étudiante avait emménagé dans un immeuble tout neuf à Potsdam, ville mitoyenne de Berlin. Dans ce quartier vivaient une cinquantaine de Chiliens, dont certains sont encore là aujourd'hui. Tel Luis Gonzalez, qui évoquait récemment, dans la Berliner Zeitung, ses souvenirs de la présidente chilienne : "Elle se déplaçait comme une hippie avec ses jeans étroits et ses cheveux longs, elle portait toujours un sac en laine à l'épaule." Michelle Bachelet s'est ensuite mariée et a eu son premier enfant avant de rentrer au Chili.

Durant sa visite officielle, qui devait s'achever vendredi soir, la présidente, âgée de 55 ans, n'est pas retournée à Potsdam. Elle avait revu son quartier il y a quelques années, alors qu'elle était ministre de la défense. Si elle parle encore allemand, elle a préféré l'espagnol, jeudi, lors de ses entretiens avec Angela Merkel, 52 ans. Au menu : la coopération, notamment dans les domaines universitaire, judiciaire et des énergies renouvelables.

"Je trouve très positif (...) que nos deux pays soient dirigés par des femmes. Cela signifie que nos sociétés deviennent plus égalitaires", a commenté Mme Bachelet, classée 17e au palmarès des femmes les plus puissantes du monde, établi en août par le magazine américain Forbes. Mme Merkel y occupe la première place. La chancelière a promis de continuer à soutenir la "démocratie stable" qu'est devenu le Chili.


Compte rendu Antoine Jacob