Lingots d'or de Pinochet à Hong Kong: la justice chilienne ouvre une enquête
La justice chilienne a ouvert jeudi une enquête à la suite de révélations dans la presse sur l'existence de plus de 9 tonnes d'or en lingots au nom de l'ex-dictateur Augusto Pinochet dans le coffre d'une banque de Hong Kong, a-t-on appris de sources officielles à Santiago.
La justice chilienne a ouvert jeudi une enquête à la suite de révélations dans la presse sur l'existence de plus de 9 tonnes d'or en lingots au nom de l'ex-dictateur Augusto Pinochet dans le coffre d'une banque de Hong Kong, a-t-on appris de sources officielles à Santiago.
La Cour d'appel de Santiago a demandé au juge Juan Gonzalez d'enquêter sur cette affaire, révélée mercredi par deux journaux et que le chef de la diplomatie Alejandro Foxley a jugé crédible. Ce dernier a indiqué avoir obtenu des informations "qui ne sont pas quelconques".
M. Gonzalez a fait savoir que les premières mesures qu'il prendrait seraient de "demander des informations aux institutions correspondantes". Il envisage aussi l'envoi d'un collaborateur à Hong Kong.
La famille et les avocats de Pinochet, qui aura 91 ans en novembre, ont formellement démenti l'existence des lingots d'or et sa défense a annoncé des plaintes en diffamation contre les médias diffusant l'information.
Selon les journaux El Mercurio et La Nacion, Augusto Pinochet aurait déposé 9.620 kilos d'or en lingots auprès de la banque HSBC (Hong Kong and Shanghai Banking Corporation) à Hong Kong, estimés à plus de 190 millions de dollars au cours actuel.
Le consultant américain en ventes d'or, Al Landry, est mentionné par la presse comme la personne ayant révélé l'existence des lingots au gouvernement chilien, sur la base de documents qu'il aurait reçus d'un vendeur potentiel. "J'assure que ces documents, compte tenu de l'expérience que j'ai de ce marché, sont absolument réels", a-t-il déclaré au journal La Nacion.
Les dépôts d'or auraient été effectués par l'ex-dictateur entre juillet et novembre 1980.
Selon la presse chilienne, M. Landry a remis au moins 12 documents de la banque HSBC dans lesquels apparaît le nom de Pinochet comme détenteur des lingots, au consul du Chili à Los Angeles, Fernando Urrutia, qui les a transmis à sa chancellerie. Le ministère les a confiés à la justice. M. Landry a indiqué à plusieurs journaux avoir refusé de servir d'intermédiaire dans cette opération.
Outre l'affaire des lingots, le juge Gonzalez est déjà chargé, en remplacement du juge Carlos Cerda, d'une autre enquête, ouverte il y a deux ans pour enrichissement illicite contre Pinochet, après la découverte d'une centaine de comptes secrets de l'ex-dictateur et sa famille, à l'étranger en particulier auprès de la banque Riggs de Washington. Sur ces comptes, Pinochet et son entourage sont accusés d'avoir accumulé frauduleusement plus de 27 millions de dollars.
M. Cerda s'est vu retirer ce dossier par la Cour d'appel en août, après avoir été accusé de partialité par la défense du général Pinochet, qui fut au pouvoir de 1973 à 1990.
Jeudi, depuis Hong Kong, le groupe bancaire HSBC a annoncé avoir diligenté sa propre enquête sur le millier de lingots d'or qu'aurait déposés Augusto Pinochet dans l'un des coffres de la banque à Hong Kong.
Mais Richard Lindsay, porte-parole du groupe cité par le journal chilien La Tercera, a écarté cette possibilité. "Nous ne croyons pas avoir de l'or ou n'importe quel autre bien appartenant à M. Pinochet dans notre banque", a-t-il déclaré. AFP 26.10.06 19h27