Depuis les années quatre-vingt, l’agriculture chilienne est parvenue à s’imposer sur la scène mondiale. Elle doit aujourd’hui gagner en productivité et en savoir-faire pour rester dans la course. Un besoin de modernisation qui ouvre des perspectives aux exportateurs et aux investisseurs étrangers.
Selon toute prévision, le Chili devrait se hisser à l’horizon 2010 parmi les dix premiers producteurs mondiaux sur le terrain agricole et agro-alimentaire. Un seul élément conditionne ce scénario : sa capacité à ajouter de la valeur à sa production. «Les gains de productivité sont désormais la nouvelle priorité de l’agriculture chilienne», commente Ghislaine Rimmen-Mohl, chef du secteur agro-alimentaire de la mission économique de Santiago du Chili. «Pour répondre à cette priorité, le renouvellement de l’équipement agricole s’accélère, et les perspectives en termes de mécanisation agricole paraissent prometteuses». D’autant plus que les pouvoirs publics soutiennent le mouvement. Dans son programme d’actions, Alvaro Rojas, le nouveau ministre de l’Agriculture du gouvernement Bachelet (arrivé au pouvoir en janvier 2006), a annoncé les principaux axes sur lesquels porteront les efforts de son ministère durant les quatre prochaines années. Parmi eux : la création d’un ministère de «l’Agriculture et de l’Alimentation», qui devrait aider au développement technologique de l’industrie et participer à sa modernisation. Mais aussi et surtout la restructuration des institutions de soutien au secteur agricole (notamment par le biais de l’INDAP, institut national de développement agricole). Le moyen, entre autres, de permettre aux petits agriculteurs d’accéder au crédit afin d’investir dans des équipements, des infrastructures et des technologies modernes.
ÉQUIPEMENT ET FORMATION
La nature de la demande concerne plusieurs types de produits. Avec en tête les tracteurs et le petit équipement associé, mais aussi le matériel agricole divers : le Chili importe des machines, engins et appareils agricoles pour la préparation, le travail du sol et la culture (herses, semoirs, épandeurs…) ou pour la récolte et le battage des produits (faucheuses, moissonneuses, récolteuses…). Par ailleurs, deux filières sont spécifiquement en attente d’équipement. L’élevage d’abord, qui vit une profonde transformation. La mission économique de Santiago du Chili note que les éleveurs ainsi que les autorités chiliennes souhaitent augmenter cette production et attachent une importance particulière au développement et à la modernisation de la filière viande. Le secteur viticole ensuite, dont l’évolution vers des vins de qualité devrait s’accentuer et générer de nouveaux investissements, tant au niveau du matériel de vinification que des techniques de récolte mécanisées, auxquels s’ajoute la mise en valeur de régions émergentes. «Le savoir-faire français est reconnu par les Chiliens dans ce domaine», note Jean-François Le Borgne, chef de projet en technologies agro-alimentaires chez Ubifrance. «La demande de matériel agricole pour la vigne devrait se révéler très favorable à l’offre française». Un pavillon français sera d’ailleurs organisé par Ubifrance à l’occasion de Vinitech America Latina 2007, salon des équipements des filières vitivinicoles, du 12 au 14 juillet 2007 (Santiago du Chili). Des besoins pluriels d’équipement, auxquels s’ajoute une attente de savoir-faire et de formation, comme le souligne Denis Lebret, directeur général de la Fondation Gustavo Mondion, une exploitation de plus de mille hectares située au sud du Chili, vitrine de transferts scientifiques de savoirfaire agricole. «L’agriculture gagnera en performance à condition que son personnel soit formé aux nouvelles technologies et aux pratiques modernes», affirme-t-il. «à aussi, les Français ont une carte à jouer».
Émilie Gilmer