SANTIAGO (AFP) — Le Français Dominique Strauss-Kahn a fait de sa présence jeudi à Santiago du Chili, en Amérique latine où le Fonds monétaire international a été particulièrement décrié, un "bon symbole" avant son élection probable vendredi à la tête du Fonds monétaire international (FMI).
"C'est ce que je veux conduire au Fonds international si l'occasion m'en est donnée (qui est important), et de ce point de vue, le fait d'être ici avec vous au Chili, en Amérique latine, pour attendre peut-être cette nouvelle est pour moi plutôt un bon symbole que je voudrais vous faire partager", a déclaré l'ancien ministre socialiste de l'Economie. "Les progressistes du monde entier te font confiance", lui avait lancé auparavant la présidente chilienne Michelle Bachelet, qui a inauguré le forum auquel participe M. Strauss Kahn.
Sur la question de la réforme du FMI, M. Strauss-Kahn a jugé qu'il ne fallait pas en changer les objectifs mais qu'il était nécessaire d'en adapter les politiques, tout en préconisant davantage de multilatéralisme et de prévention face à la mondialisation et la mutation du capitalisme.
Les administrateurs du Fonds doivent désigner vendredi le successeur de l'Espagnol Rodrigo Rato à la tête de cette organisation en crise, et très critiquée sur le continent latino-américain où ses erreurs de gestion lui ont valu rancoeurs des dirigeants et colères des peuples.
L'ancien ministre socialiste français, en visite à Buenos Aires début septembre, avait d'ailleurs reconnu que l'institution financière internationale pouvait être pour de nombreuses personnes l'incarnation du "diable".
Arrivé jeudi matin à Santiago à l'invitation de la Fondation Chile 21, M.Strauss-Kahn a dressé devant le Forum annuel du "progressisme", appelation qui rassemble une grande partie de la gauche latino-américaine, un panorama de la nouvelle donne économique.
"La mondialisation demande plus de multilatéralisme qu'hier", car, a-t-il souligné, "on ne peut plus constater les dégats et ensuite les réparer". Dans ce contexte, il est indispensable de développer une "coopération internationale à niveau jamais vu jusqu'à présent", a-t-il déclaré.
"Il faut se promener avec le traité à la main (instituant le FMI) et rappeler que l'article 1 c'est la croissance, et la mission du fonds c'est de garantir cela par la stabilité financière", a-t-il expliqué.
Il a également souligné que la nature des crises financières avait changé, en prenant pour exemple la dernière crise hypothéquaire aux Etats-Unis, en passe d'être réglée, estimant qu'il convient de voir au-delà des crises de taux de change du passé. "Si le sujet des taux de change est important, on le voit avec le débat avec la Chine, il y a bien d'autres sujets sur la stabilité financière que les institutions monétaires doivent être capables de traiter", a-t-il déclaré..
Le FMI doit également "faire leur place" aux pays émergents et aux pays les plus pauvres, a encore dit M. Strauss-Kahn, qui a déjà proposé une réforme du système de votes au sein du Fonds pour mieux prendre en compte ces pays.