NEW YORK (Nations unies) - La France est "prête à aider tout pays" à se doter du nucléaire civil, a affirmé lundi à l'ONU son président Nicolas Sarkozy, en estimant que c'était "la meilleure réponse" à apporter à des pays comme l'Iran soupçonnés de chercher à acquérir l'arme nucléaire.
Le président français s'exprimait lors du sommet sur le climat organisé par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
"La France est prête à aider tout pays qui veut se doter de l'énergie nucléaire civile. Il n'y a pas une énergie de l'avenir pour les pays occidentaux, et des pays d'Orient qui n'auraient pas le droit d'y avoir accès", a-t-il affirmé. "C'est d'ailleurs la meilleure réponse à ceux qui veulent, en violation des traités, se doter de l'arme nucléaire", a ajouté le président français, en allusion à l'Iran.
Arrivé dimanche à New York, M. Sarkozy a cette semaine deux rendez-vous importants à l'ONU: outre son intervention sur la lutte contre le réchauffement climatique, il doit présider mardi un Conseil de sécurité réuni au niveau des chefs d'Etat pour parler de l'Afrique. Le président américain George W. Bush assistera à cette réunion.
Il doit également avoir de nombreux entretiens bilatéraux, notamment avec le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre turc Recip Tayyip Erdogan. Lundi matin, il a rencontré les présidents afghan Amid Karzaï, angolais Eduardo dos Santos, et la présidente chilienne Michelle Bachelet.
Lors d'une conférence de presse, il a annoncé qu'il se rendrait en Afghanistan au printemps 2008, et en Angola "début 2008, avec Bernard Kouchner", chef de la diplomatie française.
Il a également annoncé avoir invité le président du Venezuela Hugo Chavez à venir en France en novembre pour discuter des otages détenus en Colombie par les FARC, dont la Franco-colombienne Ingrid Betancourt.
Lundi, le président français s'exprimait sur le climat au nom de l'Union européenne, dont la France assurera la présidence au second semestre 2008, même si sa déclaration sur le nucléaire civil concernait la France seule.
Selon lui, les Européens doivent "donner une impulsion décisive" à la lutte contre le réchauffement climatique.
Dans la lignée de son prédécesseur à l'Elysée, Jacques Chirac, qui avait lancé un cri d'alarme à Johannesburg, en 2002, avec la citation "La maison brûle", il a affirmé sa "très grande détermination" face au "défi climatique qui est, et sera, une priorité" de son action, à la présidence de l'UE.
"Ne rien faire ne serait rien d'autre que criminel au regard de l'avenir de la planète, quel que soit le continent", a-t-il martelé, en proposant de réduire les émissions de gaz à effet de serre "de 50% d'ici 2050".
M. Sarkozy fait plusieurs autres propositions: lutter contre la déforestation (notamment au Gabon), utiliser des technologies adaptées à une croissance "propre" (capture et séquestration de carbone notamment), utiliser des énergies dites peu carbonnées, "y compris le nucléaire".
Enfin, le président français veut lier l'aide au développement aux efforts entrepris par les pays en développement à lutter contre le réchauffement. "On ne peut pas dire à la tribune de l'ONU: il faut un développement propre et continuer à financer un développement qui ne le serait pas", a-t-il dit.
Lors de sa conférence de presse, M. Sarkozy a précisé que des décisions devaient être prises "maintenant, immédiatement, parce que demain, il sera trop tard. Et ce trop tard, c'est 2 degrés de plus. Avec 2 degrés de plus, le point de non retour est atteint".
"Le défi climatique est universel" et ne peut se relever que "dans une enceinte efficace: celle de l'ONU", a-t-il conclu.
(©AFP / 24 septembre 2007 21h30)