11 novembre, 2007

SOMMET IBÉRO-AMÉRICAIN AU CHILI : LES DIRIGEANTS DIVISÉS SUR LA « COHÉSION SOCIALE »


Les dirigeants latinos-américains et européens, réunis depuis jeudi à Santiago, sont apparus au deuxième jour du sommet ibéro-américain encore divisés, lors d'un "dialogue franc et ouvert" sur les moyens de garantir la "cohésion sociale" dans une région aux inégalités criantes.


D'entrée, le président vénézuélien Hugo Chavez a ironisé sur cette question choisie comme thème central de la réunion. "Ce sont les riches qui veulent maintenir la cohésion sociale", a-t-il lancé provoquant des sourires parmi les chefs d'Etat présents. "Moi, je préfère (parler) de transformation sociale conduisant à une meilleure justice sociale", a-t-il ajouté.

Le secrétaire général ibéro-américain, Enrique Iglesias, n'a pas caché vendredi soir lors d'une conférence de presse que ce fut un dialogue "franc et ouvert (...) dans une ambiance où il y avait des différences... même si les participants se rejoignaient sur les objectifs".

A sa descente d'avion, Hugo Chavez avait chanté à l'attention de ses détracteurs une vieille rengaine mexicaine: "je ne suis pas une pièce d'or, je ne peux pas plaire à tout le monde". M. Chavez a proposé au Brésil la création d'une entité continentale pétrolière, baptisée "Pétro-Amérique". S'adressant au président brésilien Luis Inacio Lula da Silva, M. Chavez a lancé : "Je te propose, toi qui es devenu un magnat du pétrole, que nous nous unissions", faisant ainsi référence à l'annonce jeudi par le groupe pétrolier brésilien Petrobras, de la découverte d'une importante réserve de brut léger et de gaz naturel au large des côtes sud du Brésil.

Lors du sommet, le vice-président cubain Carlos Lage a présenté son pays comme un exemple de cohésion sociale. "Il faut être disposé à affronter les égoïstes et violentes oligarchies nationales et la politique criminelle de l'administration des Etats-Unis", a-t-il affirmé. Le président du gouvernement espagnol Jose-Luis Zapatero a annoncé pour sa part que l'Espagne allait allouer plus d'un milliard d'euros à l'Amérique Latine en 2008 notamment en programmes d'éducation et de santé. "C'est une obligation et un impératif moral, l'Espagne veut croître mais pas seule".

Les vingt-deux dirigeants, chefs de gouvernement et présidents de l'espace ibéro-américain sont réunis jusqu'à samedi en quête d'instruments concrets de renforcement de la cohésion sociale.

De la cohésion sociale, il en était aussi question cette semaine, à l'Université d'Art et des Sciences sociales (U-Arcis) de Santiago, qui accueillait le Sommet alternatif "pour l'Amitié et l'intégration des peuples ibéro-américains".

"Bienvenue au président Hugo Chavez, Allende aussi sera présent !", annonce un graffiti géant à l'angle de la l'Université, donnant le ton de la manifestation.

Etudiants chiliens et militants latino-américains de l'Alliance sociale continentale (ASC), "forum des organisations et mouvements sociaux progressistes des Amériques" ont échangé et débattu dans les salles de la Faculté ou sur les stands d'ONG dressés dans les halls et les cours. Ici, on discutait de "la justice environnementale et sociale", là, de "la participation politique et des mouvements sociaux", ou encore des "effets des politiques néo-libérales dans l'éducation supérieure".

Samedi, de 10.000 à 20.000 personnes devraient se rassembler sur le stade Vélodrome de Santiago pour écouter les dirigeants de la gauche anti-libérale sud-américaine, Hugo Chavez, flanqué de ses alliés bolivien Evo Morales, équatorien Rafael Correa et nicaraguayen Daniel Ortega.