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« PREMIÈRE LIGNE » DESSIN ALEN LAUZAN |
Equipés de masques, de bâtons et de boucliers aux couleurs de l'univers de Marvel, ils affrontent les forcent de l'ordre depuis deux mois au Chili, pays secoué par une grave crise sociale : « héros » pour les uns, «casseurs » pour les autres, ils se sont baptisés la « première ligne ».
«PAREMAN» , LE SUPER-HÉROS DES MÉCONTENTS PHOTO BASTÍAN CIFUENTES |
Composée d'anarchistes, de jeunes des quartiers populaires, la "première ligne" abrite aussi nombre d'étudiants issus des classes moyennes. Ils partagent une certaine colère et frustration contre la société chilienne.
MANIFESTATION À SANTIAGO DU CHILI, LE 20 DÉCEMBRE 2019. PHOTO RICARDO MORAES / REUTERS |
Durant les manifestations, ils cassent le bitume pour lancer des projectiles, détruisent des arrêts de bus pour s'équiper en barres métalliques et jettent des cocktails Molotov sur les policiers.
En face, lorsque la police réplique avec des billes en caoutchouc, du gaz lacrymogène ou des lances à eau, ils s'abritent derrières des antennes paraboliques, des panneaux de signalisation et d'autres objets peints aux couleurs de captain America, d'Iron Man ou de Spiderman.
"Aucun précédent sous la démocratie"
VIP PREMIÈRE LIGNE DESSIN ALEN LAUZAN |
Environ 350 personnes ont été blessées aux yeux ou au visage, la majorité par des tirs de projectiles de la police.
La crise qui se déroule depuis le 18 octobre, la plus grave que le Chili ait connue depuis son retour à la démocratie en 1990, a fait 24 morts et des milliers de blessés au cours des manifestations. De nombreuses violations des droits de l'Homme commises par les forces de l'ordre ont été dénoncées, notamment par l'ONU.
Une hausse du prix du ticket de métro dans la capitale a été le détonateur de cette fronde sociale inédite. Malgré la suspension de la mesure, le mouvement s'est amplifié, nourri par le ressentiment face aux inégalités sociales.
À Santiago, ville marquée par les violents affrontements des manifestations, 95 % des habitants rejettent les pillages et les vols. Mais après deux mois de mobilisation, ils sont encore 70 % à soutenir les revendications du mouvement "Chile despertó" (le Chili s'est réveillé), selon l'institut Cadem.
"Nous sommes, nous Chiliens, perplexes vis-à-vis de cette situation" de violence, explique à l'AFP Matias Fernandez, sociologue à l'université Catholique.
"La violence que connaît le pays depuis le 18 octobre n'a aucun précédent sous la démocratie", juge-t-il.
"Pas peur de la police"
PREMIÈRE LIGNE D'ANTOFAGASTA CHILI |
D'autres sont moins tendres.
LA « PREMIÈRE LIGNE », HÉROS DES MANIFESTATION PHOTO PRENSA OPAL |
Ceux qui commettent "les vols, les destructions, ce n'est pas ces citoyens qui veulent que le pays change en bien", ajoute-t-il, précisant néanmoins soutenir le mouvement.
"C'est une génération de jeunes qui n'a pas grandi sous la dictature et qui n'a pas peur de la police", estime le sociologue Matias Fernandez.
"Ces enfants de la démocratie ne sentent pas qu'ils doivent être reconnaissants pour ce système plein d'injustices et de défauts. Pour ces jeunes, avoir des élections régulières est quelque chose d'aussi incontesté que d'avoir de l'oxygène pour respirer".
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