28 mars, 2007

UNE CRISE DES TRANSPORTS PRÉCIPITE UN REMANIEMENT MINISTÉRIEL


Ana Lya Uriarte

Marcelo Tokman


Pour la seconde fois en moins d'un an, la présidente socialiste chilienne Michelle Bachelet a procédé, lundi 26 mars, à un remaniement ministériel pour faire face à un profond mécontentement. Quatre ministres ont été limogés. Le lancement, le 10 février, d'un nouveau système de transports publics à Santiago, le "Transantiago", a entraîné la colère des citadins et une centaine de manifestations dans les banlieues les plus défavorisées.

Mme Bachelet, dont la popularité a baissé à cause du conflit, a hérité en fait d'un plan élaboré sous la précédente présidence de Ricardo Lagos, qui a modifié toutes les lignes de bus et réduit de 8 000 à 5 600 le nombre de véhicules en circulation. L'objectif était de diminuer la pollution et les nuisances sonores. Pour les six millions d'habitants de Santiago, cela signifie un véritable chaos : des autobus bondés dont les itinéraires ont été chamboulés, des temps d'attente supplémentaires et une ruée sur le métro, un des plus modernes d'Amérique latine.

La fréquentation du métro, qui était de 1,3 million de personnes par jour, a presque doublé. Dans les wagons surchargés se sont multipliés évanouissements, malaises cardiaques, atteintes aux moeurs et vols. Les plus riches se déplacent en voiture, provoquant d'énormes embouteillages. Près de 57 % des entreprises sont touchées, selon une enquête, avec des employés qui arrivent en retard à leur travail.

"Les habitants de Santiago, et les plus pauvres en particulier, méritent des excuses de notre part", a admis la présidente, qui a précisé qu'elle assumait "les responsabilités gouvernementales des déficiences dans la mise en marche du plan Transantiago et des problèmes liés à sa conception même".

Le ministre des transports, Sergio Espejo, a été remplacé par l'ex-ministre du travail démocrate-chrétien René Cortazar. Deux proches collaboratrices de Mme Bachelet quittent leur poste : la ministre de la défense, Vivianne Blanlot, cède sa place à José Goñi, actuel ambassadeur du Chili au Mexique ; et la secrétaire générale à la présidence, Paulina Veloso, à l'ex-sénateur socialiste José Antonio Viera Gallo. Au ministère de la justice, le sous-secrétaire du gouvernement, Carlos Maldonado, succède à Isidro Solis.

Mme Bachelet a par ailleurs annoncé la création de deux nouveaux ministères : la directrice de la Commission nationale de l'environnement, Ana Lya Uriarte, devient ministre de l'environnement, et Marcelo Tokman, principal conseiller du ministre de l'économie, prend la tête du ministère de l'énergie.

Ce remaniement maintient l'équilibre politique au sein de la coalition de centre gauche, mais il met un terme à la parité entre hommes et femmes.

La présidente avait affronté son premier conflit social en mai 2006 avec des manifestations d'étudiants du secondaire qui exigeaient une réforme du système éducatif, privatisé par la dictature militaire. Baptisée la "révolte des pingouins", cette fronde avait provoqué la chute des ministres de l'éducation, de l'intérieur, puis de l'économie. Plusieurs organisations, avec le soutien des collégiens, ont appelé à manifester à Santiago, jeudi 29 mars, contre le nouveau système de transports publics.

Christine Legrand