24 avril, 2018

CUBA : ÉTONNANTE USINE À CERVEAUX


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LE CAPITOLE DE LA HAVANE, 2012
PHOTO TOMÁS MUNITA

Des magasins vides, peut-être, mais des cerveaux pleins. Sans commune mesure avec celles des autres pays en voie de développement, les institutions scientifiques de Cuba demeurent largement méconnues. Ils se trouvent néanmoins à la pointe dans plusieurs domaines : la médecine et la recherche biomédicale, notamment. Un aspect de la réalité cubaine qui n’a pas échappé aux investisseurs soucieux de profiter d’une éventuelle « ouverture ». 
par Romain Ligneul


«Le futur de notre pays doit nécessairement être un futur d’hommes de science, d’hommes de pensée, parce que c’est précisément ce que nous semons; nous semons des opportunités pour l’intelligence », proclama Fidel Castro, le 15 janvier 1960. En 1959, le pays comptait trois universités, contre plus de soixante aujourd’hui. Le taux d’alphabétisation a bondi d’environ 70 % à plus de 99 % en 2012 (derniers chiffres disponibles). Celui de l’île voisine, Haïti, stagne à 62 % (1). Dorénavant, La Havane exporte des médecins et des chercheurs dans le monde entier (lire l’article d’Hernando Calvo Ospina page 52). Ces succès de Cuba dans le domaine biomédical s’expliquent en grande partie par les efforts de l’État en matière d’éducation publique (qui représentent plus de 10 % du produit intérieur brut (2)). Le pays fait aujourd’hui jeu égal avec les États-Unis en ce qui concerne l’espérance de vie (78,5 ans) et la mortalité infantile (5 pour 1 000) (3). Les médecins constituent ainsi une véritable manne économique pour l’île (première source de devises, devant les envois d’argent et le tourisme). Grâce à un accord conclu en 2000 avec le Venezuela d’Hugo Chávez, l’île a longtemps reçu jusqu’à cent mille barils de pétrole par jour (à prix subventionné) en contrepartie desquels plus de dix mille médecins et universitaires cubains travaillent sur le sol vénézuélien (4).