ÉLECTIONS AU VÉNÉZUÉLA DESSIN ÁNDEZ |
Après la défaite des conservateurs aux législatives du 6 décembre 2020, boycottées par Guaido, l’autoproclamé président organisait la semaine dernière une contre-consultation populaire pour remobiliser son camp et tenter de regagner en légitimité. En vain.
ÉLECTIONS AU VÉNÉZUÉLA DESSIN ÁNDEZ |
Déchirée, l’opposition vénézuélienne pourrait bien avoir trouvé un leader symbolique dans le personnage d’Ubu. Chantres de la démocratie, ses principaux représentants accusent précisément ceux qui ont consenti à participer aux législatives de « piétiner la démocratie » dans un terme repris par le département du Trésor états-unien. Avant même que la consultation ne se tienne, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo tempêtait contre un scrutin « ni libre ni juste ». L’organisation impérialiste a récemment édicté des sanctions contre les dirigeants de droite ayant pris part au processus élctoral remporté par le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) et ses alliés du Grand Pôle avec 67,6 % des suffrages exprimés. La semaine dernière, Juan Guaido, autoproclamé « président par intérim » début 2019 et reconnu par une cinquantaine de pays, a tenté de remobiliser son camp en organisant une contre-élection sans effet légal à l’issue de laquelle il espérait regagner en légitimité. En vain.
Une incapacité structurelle à convaincre dans les urnes
DESSIN ENEKO LAS HERAS |
Politiquement, Juan Guaido rate également son coup. « La consultation populaire se muera en une nouvelle frustration pour le peuple », a concédé Henri Falcon, président du microparti d’opposition Avant-garde progressiste (AP), qui a concouru aux législatives au sein de l’Alliance démocratique (droite). Candidat à la présidentielle de 2018, ce dernier pointe un procédé coupé des réalités populaires : « Combien de Vénézuéliens ont accès à Telegram et Instagram ? » Et d’imputer la responsabilité de l’échec de l’opposition, le 6 décembre, à la stratégie de boycott : « Ce sont les mêmes qui ont prôné l’abstention en 2005, en 2018, les mêmes qui ont donné la présidence à Nicolas Maduro. L’abstention est une voie qui ne mène nulle part. » Il porte qui plus est une accusation plus grave sur l’incapacité structurelle de la droite à convaincre dans les urnes ces dernières années, malgré la conjonction de crises économique, sociale et politique.
« Fanatisés par Donald Trump jusqu’à en perdre la raison »
Candidat par deux fois à l’élection présidentielle, Henrique Capriles tire les mêmes conclusions : «L’opposition aujourd’hui n’a pas de chef, (…) je ne prétends pas à l’hégémonie, (…) sans volonté de mettre fin au statu quo, nous disparaîtrons en tant qu’alternative dans ce pays », assure-t-il. Il appelle ainsi à l’unité de l’opposition et achève d’enterrer Juan Guaido : « Il est faux de dire que la communauté internationale n’a qu’un seul interlocuteur au Vénézuéla. Ils se rendent compte que d’autres voix doivent être entendues. » Dans un entretien à la BBC, ce dernier demande à la droite de travailler à son « autocritique » : « Il y a des gens, au Vénézuéla, qui ont été fanatisés par Trump jusqu’à en perdre la raison, comme s’il était un dieu. La plus grosse erreur est d’avoir remis la solution de la crise entre les mains de Trump. Il était plus qu’évident qu’il s’agissait seulement pour lui d’une bataille interne pour gagner en Floride en utilisant les Vénézuéliens », suggérant par ailleurs que la dollarisation de l’économie vénézuélienne n’a pas permis au pays caribéen d’obtenir de meilleurs résultats que Cuba sous blocus. Une autocritique qui risque de prendre du temps...
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SIMON BOLIVAR, BÂILLONNÉE PAR LES MÉDIAS MAINSTREAM |