19 avril, 2022

JEAN-LUC MÉLENCHON AMBITIONNE D’ÊTRE PREMIER MINISTRE ET LANCE UN APPEL À SES ÉLECTEURS POUR LE SECOND TOUR : « NE VOUS ABSTENEZ PAS »


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

PHOTO JEAN-CLAUDE COUTAUSSE
L’ancien candidat de La France insoumise veut rassembler autour de son programme pour les élections législatives sans, pour l’instant, se prononcer sur l’éventualité de candidater lui-même à un mandat de député.

Les temps forts de l’intervention de Jean-Luc Mélenchon 

__

L’ancien candidat de La France insoumise a accordé son premier entretien depuis les résultats du premier tour à BFM-TV, mardi soir. Répondant aux questions soulevées sur son futur après son troisième échec à accéder au second tour de l’élection présidentielle, le député du Bouches-du-Rhône a clarifié sa position.

Regardez aussi :  EN MARCHE FORCÉE

Face à Bruce Toussaint, Jean-Luc Mélenchon a d’emblée affirmé : « Je demande aux Français de m’élire premier ministre. » Considérant que les élections législatives vont constituer un « troisième tour » de l’élection présidentielle, il souhaite voir émerger une majorité de gauche à l’Assemblée nationale au mois de juin.

À la question de savoir s’il se présenterait de nouveau à la députation, M. Mélenchon a d’abord répondu : « Il n’y a pas besoin d’être élu député pour être premier ministre. » Cependant, il n’exclut pas totalement de se présenter et a reporté cette décision aux prochaines semaines.

M. Mélenchon a longuement répété la ligne qu’il adopte pour le second tour de l’élection présidentielle, entre rejet ferme de l’extrême droite (le projet que porte Marine Le Pen, « ce n’est pas la France républicaine », a-t-il déclaré) et refus d’appeler à voter pour Emmanuel Macron (« Je comprends, après toutes les brutalités sociales auxquelles il s’est livré, [qu’un électeur se dise] “je n’en ai pas envie” »). « Ne vous abstenez pas, restez acteurs de votre histoire », a-t-il lancé à l’attention de ses électeurs.

Dans la perspective des élections législatives, M. Mélenchon a également appelé au rassemblement de la gauche, autour du programme « L’Avenir en commun » et avec la condition qu’il soit désigné premier ministre en cas de victoire. « Ce n’est pas la lutte des places, c’est la lutte des classes », a-t-il déclaré.

« Ce n’est pas la lutte des places, c’est la lutte des classes », dit Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives

Jean-Luc Mélenchon a dit vouloir « convaincre » et non « séduire » les autres mouvements de gauche dans la perspective des élections législatives. « Ce que nous mettons en partage, c’est une stratégie. Le logo qui va avec, on ne va pas le changer », dit-il à propos du rapprochement qu’il propose, dans lequel « le programme qui a été porté en tête est la base sur laquelle on discute ». Des discussions existent avec les écologistes et les communistes notamment, dit-il, de manière informelle. « Discutons sérieusement, déconstruisons là où il y a un point où on dit qu’il y a un désaccord. Regardons pourquoi : est-ce qu’il existe vraiment un désaccord ou c’était du pipeau électoral?» précise-t-il ensuite.

« Nous ne proposons pas

un accord électoral, nous proposons une stratégie qui deviendra un accord électoral (…). Ce n’est pas la lutte des places, c’est la lutte des classes », continue Jean-Luc Mélenchon, avant de préciser :

« On est d’accord sur la stratégie de l’Union populaire, on est d’accord que le camarade Mélenchon sera le premier ministre si nous gagnons, tout va bien. Vous pouvez [rejoindre le mouvement pour les législatives]. Mais si vous ne voulez pas, n’essayez pas de m’entourlouper, n’essayez pas de me faire dire des choses que je ne veux pas. Cela vaut pour le NPA, cela vaut pour tous et cela vaut pour M. Lassalle. Tous ceux qui veulent participer à la victoire du programme “L’avenir en commun” sont les bienvenus mais il faut bien qu’ils y réfléchissent parce qu’après, si on gagne, on l’appliquera. Ce ne sera plus le moment de discuter.»

Bruce Toussaint termine l’entretien en demandant le souhait de Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle 2027. Il répond en citant un proverbe qu’il utilise fréquemment (« Le triomphe du disciple est la gloire du maître ») avant de lancer : « Mon ambition – politique, pas personnelle – ça serait que non seulement on arrive à faire une Union populaire mais j’aimerais qu’on arrive à construire un Front populaire », répond M. Mélenchon.

Planification écologique : « Ça, c’est une victoire de ma part et de mes amis », fait valoir Jean-Luc Mélenchon

Questionné par Bruce Toussaint sur sa volonté ou non d’être à la tête d’un gouvernement si Emmanuel Macron est réélu, avec un portefeuille intégrant la planification écologique, M. Mélenchon s’est emporté en réfutant les calculs politiques : « Je ne veux pas être le premier ministre de Pierre, Paul ou Jacques, je veux être le premier ministre que les Français ont choisi parce qu’ils ont élu une majorité [parlementaire] pour appliquer mon programme. »

Au sujet de la proposition d’Emmanuel Macron qui reprend son concept de planification écologique, portefeuille qui serait géré sous la tutelle directe du premier ministre, le candidat « insoumis » a répondu être « content qu’il [le chef de l’Etat] ait pris conscience » de l’importance du sujet, mais estime que la proposition faite entre-deux tours est quelque peu celle d’un « batteur d’estrade » :

Tant mieux, écoutez, je vais vous dire : c’est une bonne chose qu’il parle avec mes mots, il finira par parler avec ma grammaire, mais ce n’est pas lui qui compte. Ce qui compte, ce sont les millions de gens à qui on a dit pendant dix ans “Mélenchon vous propose de faire l’Union soviétique avec la planification”. Maintenant tout le monde est d’accord pour planifier la bifurcation écologique. Ça, c’est une victoire de ma part et de mes amis.

Mais il a ajouté penser qu’Emmanuel Macron « n’a pas compris » l’urgence, en ne se saisissant pas de l’occasion de l’annonce de cette mesure pour « interdire les pesticides en France » d’ici un an.

Quelques minutes après, en plaidant pour que les Français le portent à Matignon grâce aux élections législatives, M. Mélenchon a lancé une attaque contre l’actuel ministre de l’intérieur : « Qui a fait monter l’extrême droite dans ce pays si ce n’est pas M. Darmanin en disant de Mme Le Pen qu’elle était trop molle ? »

Pas d’appel à voter pour Emmanuel Macron : M. Mélenchon estime qu’il a « le devoir d’entendre les voix qui composent » son mouvement

Compte tenu des résultats de la consultation de ses soutiens sur leur choix pour le second tour, qui fait ressortir le vote blanc ou nul (37, 65 %) devant le vote en faveur d’Emmanuel Macron (33,40 %), Jean-Luc Mélenchon a justifié sa position et son appel à ne pas donner « une seule voix à Mme Le Pen », sans clairement appeler à voter pour le chef de l’Etat sortant afin de faire « barrage » à l’extrême droite :

« Ma famille est éclatée en trois positions. Vous avez remarqué qu’il n’y a pas de vote pour Le Pen [dans les choix proposés]. Et si ce résultat se décalque sur les 7 700 000 voix qui allaient de notre côté, Mme Le Pen n’a aucune chance d’être élue. Donc je demande qu’on ait l’intelligence de comprendre ce qu’est ma position politique. »

Alors qu’en 2002 M. Mélenchon affirmait qu’il ne fallait pas hésiter à voter pour M. Chirac face à Jean-Marie Le Pen, il a argumenté sa différence de position :

« Qui étais-je à ce moment-là ? Un ministre socialiste, membre du parti sous sa direction. Il n’y avait aucun problème dans le Parti socialiste sur ce qu’il fallait faire, on était tous d’accord. Et nos électeurs nous ont suivis. Et maintenant, je ne suis pas un dirigeant socialiste, je suis le porte-parole de L’Union populaire. J’ai été son candidat et donc j’ai le devoir d’entendre les voix qui composent ce qui n’est pas un parti mais qui est un mouvement. Et il y a des gens qui pensent qu’il faut s’abstenir. Moi, je leur dis “votez ce que vous voulez, mais ne vous abstenez pas, restez acteurs de votre histoire”. »

« Pas une voix à Mme Le Pen », a-t-il répété, ajoutant : « Je ferai avec ma conscience » dans l’isoloir, dimanche.

Les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon privilégient le vote blanc au second tour de l’élection présidentielle

Les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise (LFI) à l’élection présidentielle, ont tranché. Consultés sur leur choix pour le second tour, ils ne sont qu’un tiers (33,40 %) à déclarer qu’ils voteront pour le président candidat, Emmanuel Macron, dimanche 24 avril. Le reste des 215 000 soutiens qui se sont exprimés s’abstiendra (28,96 %) ou votera blanc ou nul (37,65 %).

Soucieux de ménager la diversité de son électorat, M. Mélenchon avait limité son message, au soir du premier tour, en lançant : « Pas une voix pour Marine Le Pen. »