17 avril, 2023

LULA DA SILVA ET XI JINPING VEULENT S’ÉMANCIPER DU ROI DOLLAR

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LULA EN CHINE
DESSIN THIAGO LUCAS

ACTU / Lula da Silva et Xi Jinping veulent s’émanciper du roi dollar / Lors du déplacement du président brésilien en Chine, deux établissements, chinois et brésilien, ont été désignés pour réaliser les opérations de change dans les monnaies respectives. La visite était également l’occasion d’installer Dilma Rousseff à la tête de la banque des Brics. [tchin-tchin]

par Lina Sankari

PHOTO REUTERS

Le geste n’est pas très protocolaire mais dit tout de l’affaire. Sur la photo officielle, chargée d’immortaliser la rencontre entre les présidents brésilien et chinois, Luiz Inacio Lula da Silva figure les deux pouces levés.

Présenté par Xi Jinping comme un « vieil ami du peuple chinois » – un titre dont furent affublées des personnalités aussi variées que Nelson Mandela, Jacques Chirac et l’ancien chef de la diplomatie Henry Kissinger, qui a œuvré à l’établissement des relations bilatérales –, Lula voyait le voyage s’ouvrir sous les meilleurs auspices.

PHOTO RICARDO STUCKERT 
Arrivé à Pékin le 12 avril pour un déplacement de quatre jours, le président brésilien plaide depuis plusieurs semaines pour la création d’un groupe de paix afin de parvenir à une solution négociée sur l’Ukraine. Il quitte la Chine sans promesse formelle sur ce point mais, constatant que le plan en dix points du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui sert de référence aux Occidentaux, s’est surtout accompagné d’une montée en gamme de l’aide militaire, il fustige : « Les États-Unis doivent cesser d’encourager la guerre et commencer à parler de paix, l’Union européenne doit commencer à parler de paix. » « Commencer une guerre est la décision d’un pays ; en sortir, la décision de deux ! » a-t-il plaidé.

Un nouvel ordre mondial

La visite comprenait un volet économique crucial pour l’établissement d’un nouvel ordre mondial émancipé de l’hégémonie des États-Unis. Lula a dénoncé les plans d’ajustement structurel du Fonds monétaire international : « Aucun dirigeant ne peut travailler avec le couteau sous la gorge parce qu’il est endetté. » Il a ainsi accusé les mesures d’austérité d’« asphyxier les économies de pays comme l’Argentine ».

À ce titre, le déplacement en Chine avait pour but d’installer l’économiste brésilienne et ex-présidente destituée Dilma Rousseff à la tête de la Nouvelle Banque de développement (NBD), l’organisme des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), dont le siège se trouve à Shanghai.

Alors que le groupe des émergents cherche la voie de la relance, un projet est vu comme une alternative potentielle à l’hégémonie du dollar : une monnaie de réserve commune, le Brics coin, basée sur un panier de devises. « Pourquoi tous les pays seraient-ils obligés de faire leurs échanges en se basant sur le dollar ? Qui a décidé que le dollar serait la monnaie (de référence) ? » a interrogé Lula, qui a fustigé l’idée d’un néo-impérialisme chinois à cette occasion.

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LE PRÉSIDENT CHINOIS, XI JINPING, REÇOIT LULA
POUR UNE RENCONTRE À PÉKIN. 14/04/2023 -
PHOTO RICARDO STUCKERT
 

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