09 novembre, 2023

AU CHILI, L'ULTRA-DROITE ACCOUCHE DE SON PROJET DE CONSTITUTION

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Au Chili, l'ultra-droite accouche de son projet de Constitution / 
Chargé d'élaborer une nouveau texte, le Conseil rédactionnel, dominé par les conservateurs, a remis son projet de charte fondamentale au président Gabriel Boric. Les Chiliens devront se prononcer le 17 décembre. 

par Luis Reygada

4 min

«NOUS ALLONS DIRE NON»

Seulement cinq semaines séparent les Chiliens d’un nouveau référendum constitutionnel. Après avoir rejeté à plus de 60 %, en septembre 2022, un projet charte fondamentale rédigé en grande partie par des élus issus de différents secteurs de gauche et considéré comme un des plus progressistes du monde, la population est de nouveau appelée aux urnes, le 17 décembre, pour approuver ou un rejeter un texte élaboré cette fois par la droite ultra-conservatrice. 

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Le Conseil rédactionnel a remis ce mardi au président socialiste Gabriel Boric le fruit de cinq mois de travail durant lesquels les partisans du leader de l’extrême droite José Antonio Kast (Parti républicain) s’en sont donné à cœur joie pour barrer la route à tout type de proposition progressiste.

La droite mène campagne sur l’insécurité

Forte de 33 conseillers-rédacteurs sur 50, droite libérale et extrême ont eu les coudées franches pour imposer leur projet de société ultraconservateur et néolibéral face à une gauche impuissante pour prétendre à quelque blocage que ce soit. 

Résultat : le camp progressiste dénonce un texte pire que l’actuelle Constitution, pourtant héritée de l’ère Pinochet, et s’inquiète de possibles régressions notamment en ce qui concerne plusieurs secteurs comme la santé, les impôts, les droits des femmes, les libertés syndicales comme le droit de grève (lire l’Humanité du 28 septembre 2023). 

De son côté, la droite affirme que ce projet de nouvelle Loi fondamentale est meilleur que l’actuelle en s’appuyant sur une campagne médiatique axée notamment sur les thèmes de l’insécurité et du contrôle des frontières. “L’heure est enfin arrivée de concrétiser les espoirs des vrais Chiliens”, a déclaré la jeune présidente du Conseil Beatriz Hevia, élue d’extrême droite ; tandis que pour le Gabriel Boric, les citoyens devront “décider s’il s’agit d’une proposition qui nous unit”. 

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En cas de rejet, pas de troisième processus

La semaine dernière le président avait critiqué l’absence de recherche de consensus de la part de la droite, pointant du doigt les mêmes erreurs que la gauche lors de la rédaction de la première mouture du texte, l’année dernière. 

Ce texte ne remplit pas les conditions pour être la Constitution de tous les secteurs du pays”, a aussi exprimé Lautaro Carmona, président du Parti communiste chilien, tandis que le leader des démocrate-chrétiens, Alberto Undurraga, a rappelé le “parallèle avec le processus constituant antérieur”, avant d’appeler aussi à voter “contre” tout en exprimant aussi le souhait de “mettre un terme à ce cycle de rédactions de nouvelles Constitutions”.  

En cas de rejet de cette nouvelle proposition constitutionnelle – ce qui devrait se produire si l’on en croit les résultats des sondages à ce jour (l’opposition recueillerait 51% des intentions de vote face à 34%) – le gouvernement de Gabriel Boric a prévenu qu’ils exclurait l’organisation d’un troisième processus constitutionnel sous son administration.

La droite gagnante quelque soit l’issue

Néanmoins, certaines figures du Parti communiste ont exprimé la possibilité de reprendre ce chemin au plus vite. “Aucun gouvernement, ni celui-ci ni le suivant, ne peut mettre fin à un processus constituant qui appartient au peuple, parce qu’il n’est pas approprié que les gouvernements soient ceux qui définissent si les processus constituants sont menés à bien ou non”, a déclaré l’ancien candidat à la présidence, Daniel Jadue, selon des propos rapportés par El Pais. 

En attendant, la gauche chilienne se retrouve dans une position assez inconfortable, en appelant à voter contre le nouveau texte, d’aucuns considèrent qu'elle ratifie l’actuelle Charte fondamentale, née sous Pinochet. Les progressistes Chiliens semblent engagés dans un référendum dans lequel la droite paraît ne pas pouvoir perdre, quelque soit le résultat final.

Les mots-clés associés à cet article

Chili, constitution, référendum


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