10 juillet, 2021

CHILI : LA HAUSSE DES COURS DU CUIVRE, AUBAINE POUR CERTAINS, MIRAGE POUR D’AUTRES

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PHOTO GLENN ARCOS

À 70 ans, la peau tannée par le soleil, Hugo Moroso sélectionne à la main des pierres dans la petite mine de cuivre de Kiara, dans le nord du Chili, qui a repris ses activités dans l'espoir de profiter de la hausse spectaculaire des cours.

Par Paulina ABRAMOVICH

en 2021, le cours du cuivre a battu des records depuis dix ans, la tonne atteignant plus de 10.000 dollars. Une aubaine pour le pays sud-américain, premier producteur mondial (28%).

Avec ce nouveau cycle de hausse, les plus grands gisements du monde fonctionnent à plein régime. Mais les petites mines sont aussi relancées.

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“Mon fils ne voulait plus que je travaille dans les mines”, raconte à l’AFP Hugo Moroso, dans la mine de Kiara, à 136 km d’Antofagasta, la grande ville du nord du Chili baptisée la “capitale minière du monde”.

Kiara a repris en août 2020, après trois ans d’arrêt, sur la chaîne de montagnes Vicuña Mackenna, un riche filon qui traverse le nord du pays et où se trouvent également de méga-gisements.

À 2.400 mètres d’altitude, au son d’un transistor, Hugo Moroso trie unes à unes les pierres contenant plus ou moins de métal. Elles sont ensuite revendues à la Compagnie nationale des mines (Enami).

Mais comme ses collègues de retour à la mine, Hugo Moroso, exposé quotidiennement aux conditions extrêmes du désert chilien, déplore que ses revenus ne suivent jamais le cours du cuivre sur le marché international.

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“Cela ne se traduit jamais pour nous” en augmentation de salaires, dit le mineur, payé 500.000 pesos (660 dollars), soit à peine 100.000 pesos de plus que le salaire minimum chilien.

Il souligne que son salaire n’a quasiment pas augmenté depuis trente ans, à l’inverse des revenus dans les grandes mines, bien au-dessus de la moyenne nationale.

“Pauvre et inégalitaire”

La hausse des cours, stimulée par la demande de la Chine et par les programmes de relance économique post-pandémie dans le monde, ne se fait pas non plus ressentir à Antofagasta (390.000 habitants).

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Dans cette ville, où le coût de la vie est l’un des plus élevés du pays, quelques-uns seulement profitent de ce cycle à la hausse. La pauvreté est passée de 5,1% en 2017 à 9,3% en 2020.

“Ici, il y a des gens qui peuvent vivre comme en Europe et d’autres qui vivent dans un campement où il n’y a pas d’eau courante”, déplore le prêtre Felipe Berrios, hbitant du quartier de Chimba où un millier de cabanes de bois et de tôle côtoient une décharge.

Dans cette région “qui contribue à 10% du Produit intérieur brut du pays et ne reçoit que 2% des investissements, ce n’est pas là qu’on voit de grandes routes, les meilleures écoles, les meilleures infrastructures hospitalières”, regrette auprès de l’AFP le gouverneur Ricardo Diaz.

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Une proposition de loi, présentée par des parlementaires de gauche pour une augmentation des redevances versées à l’Etat, a été récemment approuvée par les députés et attend d’être examinée par le Sénat.

Parallèlement, la toute nouvelle assemblée chargée de rédiger la nouvelle Constitution chilienne devrait proposer des changements dans l’exploitation des matières premières, une revendication des manifestations de 2019.

Parmi les propositions qui seront débattues figure l’augmentation des taxes sur l’extraction des ressources non renouvelables pour les attribuer en partie aux communautés minières.

“Nous sommes d’accord pour dire que l’exploitation minière peut contribuer davantage au développement du pays et des communautés où elle se trouve. Mais (le projet) pourrait avoir l’effet inverse et faire chuter les investissements et la production minière”, juge toutefois Edgar Blanco, secrétaire d’Etat aux Mines.

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La scientifique Cristina Dorador, élue à la Constituante pour la ville d’Antofagasta, estime qu’“il est temps de repenser les pratiques économiques extractives”, basées sur l’exploitation massive de ressources naturelles qui sont exportées sans quasiment être transformées et qui ont un fort impact environnemental.

“Les gens ne peuvent pas expliquer comment une région apparemment si riche peut être si pauvre et inégalitaire en même temps, c’est parce que l’activité extractive provoque aussi l’inégalité”, dit-elle à l’AFP.

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