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PHOTO SEBASTIAN SILVA/EPA/MAXPPP Les faits L’ancien curé de la paroisse d’El Bosque, un quartier riche de Santiago, avait été renvoyé de l’état clérical en 2018 pour des abus sexuels sur mineurs avec violence dans les années 1980 et 1990.
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c’est une page importante des scandales d’abus sexuels qui se tourne au Chili. L’ancien prêtre Fernando Karadima, renvoyé de l’état clérical pour des actes de pédophilie commis dans les annés 1980 et 1990, est mort dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 juillet, à 90 ans. Son décès est imputable à des suites de « bronchopneumonie, insuffisance rénale, diabète et hypertension », selon l’AFP qui a eu accès à son certificat de décès. En juin, il avait été admis d’urgence à l’hôpital pour des problèmes cardiaques mais n’avait pu y rester en raison du manque de lits, conséquence de la pandémie de Covid-19.
Celui qui fut au cœur d’un scandale de pédophilie avait été reconnu coupable d’agressions sexuelles sur mineurs avec violence et abus de son autorité ecclésiastique en 2011, avant d’être définitivement renvoyé de l’état clérical le 27 septembre 2018 par le pape François.
Ordonné prêtre en 1958, Fernando Karadima est nommé curé de la paroisse d’El Bosque, un quartier bourgeois de la capitale Santiago du Chili en 1985. Il y officiera jusqu’en 2006 et formera un important contingent du clergé chilien. Certains d’entre eux, à l’image de l’ancien évêque militaire, Mgr Juan Barros Madrid, sont soupçonnés d’avoir couvert les agissements du curé d’El Bosque. Le pape acceptera d’ailleurs la démission de Mgr Barros en juin 2018, près d’un mois après la démission groupée des 34 évêques du pays, directement mis en cause par François pour leur gestion des cas d’abus.
De nombreuses agressions sexuelles sur mineurs
Les premières accusations d’abus sexuels remontent à 1984. L’affaire est alors étouffée par sa hiérarchie. En 2004, de nouvelles plaintes de paroissiens comme d’anciens religieux passés par El Bosque sont déposées à l’encontre du prêtre auprès de l’institution ecclésiastique. Six ans plus tard, le scandale éclate lorsque Juan Carlos Cruz, James Hamilton et José Andrés Murillo, trois victimes du religieux, révèlent ce qu’ils ont subi lors d’une émission télévisée. Dans la tourmente, Fernando Karadima sera publiquement défendu par une partie de la classe politique chilienne.
« Tout ce que nous avions à dire sur Karadima a été dit, ont réagi dans un communiqué les trois victimes du prêtre à l’annonce du décès de leur abuseur. Il n’était qu’un maillon de plus dans cette culture de la perversion et de la dissimulation dans l’Église. Nous sommes seulement poussés à poursuivre la lutte pour que ces crimes ne se reproduisent plus, et pour tant de survivants pour qui justice n’est pas faite. »
Un an après les révélations, le Vatican reconnaît la culpabilité de Fernando Karadima. Il est condamné par la Congrégation pour la doctrine de la foi à « une vie de prière et de pénitence » et se voit interdire tout contact avec d’anciens paroissiens. Une enquête mandatée par le pape François aboutira à son renvoi de l’état clérical sept ans plus tard. L’ancien prêtre ne sera jamais inquiété par la justice chilienne, car les faits qui étaient imputés remontent aux années 1980 et 1990 et sont prescrits. En 2019, à la suite du scandale, le Chili abolit la prescription des crimes sexuels sur mineurs.
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ILLUSTRATRICE SYLVIE SERPRIX |
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