06 décembre, 2021

PRÉSIDENTIELLE AU CHILI. MARIO VARGAS LLOSA DÉCLARE SA FLAMME À JOSÉ ANTONIO KAST

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DESSIN CARLIN

L'écrivain et prix Nobel de littérature apporte son soutien au candidat d'extrême droite chilien, qui affrontera au second tour, le 19 décembre, le candidat de la gauche antilibérale, Gabriel Boric.

par Rosa Moussaoui

PHOTO REVUE BALLAST

Il y a des prodromes qui ne trompent pas. Le 15 octobre 1998, alors que toutes les consciences attachées à la démocratie, à la justice, aux libertés et aux droits humains se réjouissaient de l’arrestation, à Londres, du dictateur chilien Augusto Pinochet, à la demande des juges Baltasar Garzon et Manuel Garcia Castellon enquêtant sur les assassinats, tortures et disparitions de citoyens espagnols sous le règne de ce tyran sanguinaire (1973-1990), lui se perdait en tribunes suggérant que l’on réservât le même sort à… Fidel Castro.

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On savait depuis longtemps Mario Vargas Llosa radicalement étranger au sympathisant communiste qu’il fut dans sa jeunesse et dans la lutte contre la dictature militaire du général Manuel Odria (1948-1956) au Pérou. On connaissait le pathétique avocat de Reagan, Thatcher, Aznar ou Berlusconi, avec ses ennuyeuses homélies exaltant d’introuvables paradis du néolibéralisme. Le vieil écrivain réactionnaire, confit dans ses conservatismes, désignant le féminisme comme « l’ennemi le plus résolu de la littérature ». Voilà que le prix Nobel de littérature, entré ces jours-ci à l’Académie française, sombre encore, jusqu’au naufrage.

Dans un mielleux échange virtuel avec José Antonio Kast, il a apporté son soutien au candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle chilienne, qui affrontera au second tour, le 19 décembre, le candidat de la gauche antilibérale, Gabriel Boric. « C’est littéralement le totalitarisme contre la liberté que nous représentons », a expliqué Kast. « C’est vrai », a acquiescé le romancier, en mettant en garde contre le péril « socialiste » et « communiste », avant de conclure dans un registre digne des Chicago Boys qui épaulaient Pinochet : « Il sera très important d’orienter à nouveau le Chili vers la liberté, stimuler les entrepreneurs, stimuler l’investissement étranger. (…) J’espère qu’on gagnera cette élection. » « Liberté » : quand un écrivain contrefait jusqu’au sens des mots…