[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
PHOTO MATIAS DELACROIX / AP |
Le 11 mars prochain, le candidat de la coalition de gauche Apruebo Dignidad deviendra le plus jeune président chilien. Droits sociaux, réforme constitutionnelle, lutte contre les inégalités : à 35 ans, il entend métamorphoser le pays.
À 35 ans, Gabriel Boric marque déjà l’histoire. Avec ses fines lunettes, sa barbe épaisse et sa peau tatouée, le candidat de la coalition de gauche Apruebo Dignidad (« J’approuve la dignité ») a immédiatement promis être « le président de tous les Chiliens et les Chiliennes », devant des dizaines de milliers de personnes venues célébrer sa victoire dans le centre de Santiago. Face à l’immense foule, où flottaient des drapeaux chiliens, indigènes et arc-en-ciel (de la communauté LGBTQI +), Gabriel Boric y a tenu un discours rappelant les points forts de son programme : plus de droits sociaux, la suppression des retraites par capitalisation et des fonds de pension, la mise en place d’un système de santé universel, la défense du droit des femmes, la protection de l’environnement.
L'incarnation d'une nouvelle génération
Son élection confirme une volonté populaire de rompre avec l’héritage de la dictature d’Augusto Pinochet de 1974 à 1990. Ses premiers combats politiques remontent à dix ans en arrière, lorsqu’il étudiait le droit sur les bancs de l’université à Santiago. Gabriel Boric participe pleinement au mouvement de lutte étudiante de 2011. Cette mobilisation a réuni l’ensemble des étudiants et élèves de tous les établissements publics et privés du Chili pour réclamer une réforme du système d’éducation avec une véritable participation de l’État pour mettre un terme aux inégalités. L’éducation n’étant pas un privilège mais un droit, répétera-t-il durant sa campagne. Trois ans plus tard, Gabriel Boric obtient le siège de député de la région de Magallanes. En 2017, il participe à la création de la coalition Frente Amplio (Front large).
« Garantir un État providence afin que chacun ait les mêmes droits, quel que soit l’argent qu’il a dans son portefeuille. GABRIEL BORIC »
« JE PEUX SORTIR ? » |
Originaire de Punta Arenas, dans l’extrême sud du Chili en Patagonie, qui est l’une des villes les plus australes du monde sur les rives des eaux glacées du détroit de Magellan, il incarne une nouvelle génération. Celle-ci a surmonté la peur de la répression et réinvesti l’espace public de manière radicale : la remise en cause du modèle économique ultralibéral légué par Augusto Pinochet. « Si le Chili a été le berceau du néolibéralisme, il sera aussi son tombeau », affirmait le nouveau président en juillet, au soir de sa désignation à la tête de la coalition, Apruebo Dignidad, devant le communiste Daniel Jadue.
Poursuivre le « processus constituant »
À l’issue du scrutin présidentiel, Gabriel Boric s’installera donc, le 11 mars, au palais de la Moneda, à l’âge minimal requis pour occuper le poste de chef de l’État. Tout semble aller très vite pour l’aîné de la fratrie composée de trois frères, qui ont grandi aux portes de l’Antarctique dans une famille votant pour les partis socialiste et démocrate-chrétien. À l’AFP, il promet d’instaurer au Chili « quelque chose qui, en Europe, paraît assez évident : garantir un État providence afin que chacun ait les mêmes droits, quel que soit l’argent qu’il a dans son portefeuille ».
Gabriel Boric a également rappelé, durant toute sa campagne, qu’il poursuivra le « processus constituant », principal acquis du mouvement social contre les inégalités de 2019. Une assemblée a été élue en mai dernier et travaille sur l’écriture d’une nouvelle loi fondamentale, afin de remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet. Le nouveau président a fait campagne pour le oui à une nouvelle Constitution lors du référendum de 2020, largement soutenu par plus de 80 % des électeurs. Face à cette rapide ascension, Gabriel Boric exhortait ses soutiens : « Si, dans le futur gouvernement, nous commettons des erreurs, mobilisez-vous, aidez-nous à redresser le cap.
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
« L'ESPÉRANCE A BATTU LA PEUR » |