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Il aura fallu plus d’un siècle aux experts pour connaître enfin l’origine de cette étrange couleur de l’eau qui coule le long du glacier Taylor dans l'Antarctique oriental.
« CASCADES DE SANG »
PHOTO PETER REJCEK
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| FIGURE 1 |
Le glacier saigne. Découvertes en 1911 lors d’une expédition britannique en Antarctique, les Blood Falls, ou “cascades de sang” en français, intriguent bon nombre de chercheurs. Et pour cause, ce liquide rouge coule le long du glacier Taylor, au nord du continent blanc. Jusqu’à présent, les experts n’arrivaient pas à comprendre ce qui donnait cette couleur rouge sang. Une nouvelle étude pense avoir la réponse.
Une histoire de nanosphères
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| TABLEAU 1 |
En réalité, lorsqu’elle sort du glacier, l’eau est claire mais devient rapidement rouge. Pour la recherche parue fin mai dans Astronomy and Space Science, les auteurs ont utilisé de puissants microscopes électroniques pour examiner des échantillons de cet étrange liquide, rapporte un communiqué de l’université Johns Hopkins où travaille Ken J. T. Livi, l’auteur principal. Grâce à ces analyses, le chercheur et ses confrères ont trouvé de minuscules particules de fer : “des nanosphères riches qui s'oxydent, rendant l'eau d’apparence sanglante”, indique l’université.
Les nanosphères sont de très petite taille - 100ème de la taille d'un globule rouge humain moyen - et ont des caractéristiques physiques et chimiques particulières. “Dès que j'ai regardé les images au microscope, j'ai remarqué qu'il y avait ces petites nanosphères et qu'elles étaient riches en fer, et qu'elles contenaient de nombreux éléments différents en plus du fer - silicium, calcium, aluminium, sodium - et elles variaient toutes”, a déclaré Ken J. T. Livi dans le communiqué. Elles proviennent de microbes ancestraux présents dans les eaux de fonte du glacier.
Aider à découvrir la vie sur Mars ?
D’après lui, ces particules ont échappé aux autres chercheurs en quête de réponses sur les cascades de sang, tout simplement parce qu’elles sont très petites. Il y a une autre raison : les scientifiques pensaient que la couleur de l’eau était causée par des minéraux, et donc se concentrer sur la recherche de ces éléments dans le liquide. Or, les nanosphères ne sont pas des minéraux. “Pour être un minéral, les atomes doivent être disposés dans une structure cristalline très spécifique. Ces nanosphères ne sont pas cristallines, de sorte que les méthodes utilisées auparavant pour examiner les solides ne les détectaient pas.”
Les résultats de la recherche sont également intéressants pour la planétologie. Pour l’auteur principal, étudier les souches de bactéries présentes depuis des millénaires voire des millions d’années sous le glacier pour aider à chercher et comprendre des formes de vie sur d’autres planètes comme Mars.
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| « notre nord est le Sud » DESSIN DE JOAQUÍN TORRES GARCÍA |
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