09 janvier, 2025

CHILI : UN SOLDAT ISRAÉLIEN RISQUE D’ÊTRE ARRÊTÉ POUR CRIMES DE GUERRE

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SAAR HIRSHOREN DANS UNE
 MAISON CIVILE À GAZA
PHOTO FONDATION HIND RAJAB
Chili : un soldat israélien risque d’être arrêté pour crimes de guerre / 
Santiago. Un groupe d’avocats chiliens demande l’arrestation immédiate du soldat israélien Saar Hirshoren, qui se trouvait en Patagonie. Il aurait participé à l’explosion d’immeubles résidentiels dans la bande de Gaza. Ceci est considéré comme un crime de guerre au regard du droit international. Bien que l’on ne sache pas exactement où se trouve Hirshoren, il a publié des photos de la partie chilienne de la Patagonie sur son compte Instagram privé.

par Alexandre Leclerc

ALEXANDRE LECLERC

Selon les avocats, il est arrivé au Chili via le Brésil et l’Argentine. Il doit être arrêté immédiatement en raison des risques d’évasion et de dissimulation.

Saar Hirshoren faisait partie du 749ème bataillon du génie et aurait été impliqué dans l’explosion de bâtiments résidentiels et d’installations culturelles à Gaza. Il avait publié des images et des commentaires sur son compte Instagram.

En décembre 2024, la Fondation Hind Rajab (HRF) a déposé une plainte détaillée auprès de la Cour pénale internationale visant des membres du 749e bataillon, dont Hirshoren et le commandant adjoint, le lieutenant-colonel Adi Bekore. Ce dernier avait déclaré publiquement que « Gaza serait rasée ». Le procès cite, entre autres, des meurtres de masse, des déportations, des tortures, des attaques contre la population civile et des biens civils, causant des dommages collatéraux excessifs et le recours à des méthodes de guerre illégales.

Ayant eu connaissance de l’affaire, l’Association des avocats palestiniens, conjointement avec un groupe de 620 avocats chiliens, a déposé une demande d’arrestation temporaire immédiate du militaire. La base est la loi numéro 20 357, qui réglemente la limitation non statutaire et l’extraterritorialité des poursuites pour crimes contre l’humanité, génocide et crimes de guerre, et détermine la punition de leurs auteurs et/ou auteurs. Le Chili est également signataire du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, qui exige également que les crimes cités soient poursuivis.

La FRH a pu localiser Hirshoren au Brésil, lors de la première étape de son voyage en Amérique du Sud, et a obtenu une enquête pour génocide devant un tribunal fédéral de ce pays. Le ministère public a soutenu la plainte, que le FRH considère comme une « étape importante dans la poursuite des crimes commis par Israël ».

Hirshoren se trouvait alors en Argentine, où une demande d’arrestation a également été obtenue auprès du parquet fédéral pour crimes contre l’humanité de Buenos Aires. Néanmoins, Hirshoren parvint au Chili sans être inquiété.

La Fondation Hind Rajab, basée en Belgique, a pour objectif de suivre les soldats et commandants des Forces de défense israéliennes dans le monde entier afin de les traduire en justice s’ils sont soupçonnés d’être impliqués dans des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Des cas similaires de signalements et de tentatives d’arrestation sont connus au Sri Lanka, en Thaïlande, en Belgique, aux Pays-Bas, en Serbie, en Irlande et à Chypre. Le portail d’information israélien focus-jerusalem.tv rapporte que dans tous les cas, le ministère israélien de la Sécurité est intervenu pour évacuer les soldats avant tout interrogatoire ou arrestation.

Alarmé par la persécution mondiale organisée des crimes commis par l’armée israélienne, le haut commandement a mis en garde de toute urgence contre la diffusion d’informations sur la guerre sur les réseaux sociaux.

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« DE TOUS LES FLEUVES À TOUTES LES MERS »


08 janvier, 2025

CHILI : HAUSSE DE L'INFLATION EN 2024, À 4,5%

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ILLUSTRATION

Chili : hausse de l'inflation en 2024, à 4,5% / La hausse annuelle est inférieure à la prévision de la banque centrale, qui attendait une inflation de 4,8% pour 2024, encore loin de l’objectif de 3% fixé par l’institut d’émission.

Par Le Figaro avec l'AFP

INFLATION EN 2024
 4,5%

La hausse annuelle est inférieure à la prévision de la banque centrale, qui attendait une inflation de 4,8% pour 2024, encore loin de l’objectif de 3% fixé par l’institut d’émission.

La hausse des prix à la consommation a augmenté de 0,6 point au Chili sur l'ensemble de l'année 2024, s'élevant à 4,5%, contre 3,9% en 2023, a annoncé mercredi l'Institut national de la Statistique (INE). En décembre, l'indice des prix a reculé de 0,2% sur un mois.

La hausse annuelle est inférieure à la prévision de la banque centrale, qui attendait une inflation de 4,8% pour 2024, encore loin de l'objectif de 3% fixé par l'institut d'émission.

Selon l'INE, la baisse des prix au mois de décembre tient à l'évolution des tarifs des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées ainsi que des équipements ménagers. Le Chili avait connu un record d'inflation de 12,1% en 2022, le taux le plus élevé depuis 31 ans.​

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RAPPORT SUR LA POLITIQUE

SUR LE MÊME SUJET :

LE CHILI MET FIN À LA MISSION DE SON AMBASSADEUR AU VENEZUELA

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LE DÉSORMAIS EX-AMBASSADEUR DU CHILI AU VENEZUELA,
JAIME GAZMURI,  À GAUCHE, RENCONTRE LE PRÉSIDENT
NICOLÁS MADURO  AU PALAIS  PRÉSIDENTIEL DE MIRAFLORES
 À CARACAS, AU VENEZUELA, LE MERCREDI 16 AOÛT 2023.
IMAGE D'ILLUSTRATION ARIANA CUBILLOS
LOGO RFI
Le Chili met fin à la mission de son ambassadeur au Venezuela / 
Au Chili, le gouvernement a mis fin ce mardi 7 janvier à la mission de son ambassadeur au Venezuela. Même si le ministre chilien des Affaires étrangères écarte l’idée d’une rupture des relations diplomatiques entre Santiago et Caracas, elles deviennent encore un peu plus glaciales. [
Ambassadeur placé en chômage technique]

Par RFI Avec notre correspondante à Santiago, Naïla Derroisné

1 min

Cela faisait plusieurs mois que l’ambassadeur chilien au Venezuela avait quitté Caracas, mais il conservait ses fonctions. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, le gouvernement chilien a mis fin à sa mission considérant que la fraude électorale et le manque d’ouverture du Venezuela « empêche le développement d’un dialogue bilatéral efficace. »

 WASHINGTON INTENSIFIE SES COMPLOTS
POUR CHANGER LE RÉGIME DU VENEZUELA
PHOTOMONTAGE BBC

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Cette décision du Chili intervient quelques jours avant l’investiture de Nicolás Maduro au Venezuela, après s’être proclamé vainqueur de la dernière élection présidentielle, et dont les résultats sont très contestés par de nombreux pays.

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Un poste occupé peu de temps

Depuis qu’il est à la tête du Chili, le président Gabriel Boric a critiqué à plusieurs reprises le régime de Nicolás Maduro vis-à-vis du respect des droits de l’Homme. Néanmoins, en 2023, pour tenter de gérer la crise migratoire, il désignait un ambassadeur pour s’installer à Caracas, cela faisait cinq ans que cela n’était pas arrivé.

PHOTOMONTAGE FINANCIAL TIMES

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Mais ça n’a pas duré longtemps : en juillet dernier, après l’élection présidentielle au Venezuela, Gabriel Boric a été parmi les premiers dirigeants à contester les résultats du vote. Furieux, Nicolás Maduro avait alors ordonné l’expulsion des équipes diplomatiques chiliennes, les accusant notamment d’ingérence.

Les relations diplomatiques entre les deux pays sont donc au plus bas, mais le ministre chilien des Affaires Étrangères précise qu’il ne s’agit pas pour autant d’une rupture totale. Le consulat poursuit ses activités dans le pays caribéen où vivraient encore 12 000 citoyens chiliens.

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« GRAND VENEZUELA CIRCUS »

07 janvier, 2025

MORT DE JEAN-MARIE LE PEN : ANTISÉMITE, TORTIONNAIRE ET PATRIARCHE DE L’EXTRÊME DROITE

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LE PEN A DÉBUTÉ CHEZ LES « MARCHANDS DE SAUCISSON » DE
L’UNION DE DÉFENSE DES COMMERÇANTS ET ARTISANS (UDCA)
 DE PIERRE POUJADE, QUI L'A FAIT ÉLIRE AU PALAIS-BOURBON
EN 1956 SUR LES LISTES UNION ET FRATERNITÉ FRANÇAISE
(UFF). IL A ACCOLÉ ALORS SON SECOND PRÉNOM MARIE AU
 PREMIER POUR « SÉDUIRE L’ÉLECTORAT CATHOLIQUE ».
PHOTO ALAIN JOCARD 

LOGO
L'HUMANITÉ

Mort de Jean-Marie Le Pen : antisémite, tortionnaire et patriarche de l’extrême droite / Le dirigeant pendant quarante ans du Front national, qu’il a fondé et légué à sa fille Marine, est mort à l’âge de 96 ans. Son parcours, commencé dans les exactions des guerres coloniales, se confond avec une entreprise de haine dont l’héritage continue d’empoisonner la société française. Anticommunisme, xénophobie et antisémitisme ont été ses leitmotivs sa vie durant, lui valant procès et condamnations qui ne l’ont pas empêché de prospérer en politique, le coup de tonnerre du 21 avril 2002 marquant l’apogée de sa carrière. [ Le côté obscur de la France]

par Grégory Marin

13 min

Il va être enterré par une famille politique aux portes du pouvoir. Jean-Marie Le Pen, décédé mardi 7 janvier à l’âge de 96 ans, aura longtemps survécu à son éviction du Front national par sa propre fille, puis au changement de nom du parti auquel son destin s’était intimement lié. Dans la société française autant que dans le monde politique, parce qu’il aura su – un temps – rallier à sa flamme l’essentiel des chapelles de l’extrême droite, il laisse un héritage empoisonné.

DISCUSSION DE FAMILLE CHEZ LES LE PEN
DESSIN BOUZARD

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

Né en 1928 à La Trinité-sur-Mer (Morbihan), Jean, Louis, Marie Le Pen est « pupille de la nation » en 1942, après le naufrage de son père, patron pêcheur, à bord d’un bateau ayant heurté une mine. Premier écueil, premier mensonge : la famille Le Pen prétend faire graver le nom de Jean sur le monument aux morts du village. « Mort pour la France » ?

À en croire le témoignage d’un marin survivant du naufrage, publié dans le Canard enchaîné en 1992 et corroboré en 1994 par le livre Le Pen, de Gilles Bresson et Christian Lionet (Seuil), il bénéficiait d’un « ausweis » pour ravitailler Le Rouzic, un restaurant réquisitionné par les Allemands, et aurait sauté sur une mine française ou anglaise. Qu’importe, sa vie durant, Le Pen utilisera cette légende, et d’autres qu’il aura forgées, au service de son image de Français moralement et politiquement intègre. Ce que son parcours en politique démentira.

Étude de droit et soutien à l’empire colonial

Après des études secondaires mouvementées, baccalauréat en poche, il entre à la faculté de droit de Paris en 1948, où il croise la route de l’Action française, et représente la « corpo » de droit dans la « grande » Unef au début des années 1950. Très vite, il opte pour l’action politique, sans intégrer encore de parti. Après ses études (licence en droit et diplôme d’avocat), il fait six mois de préparation militaire à l’école d’application de l’infanterie de Saint-Maixent (Deux-Sèvres) avant de s’engager en Indochine. Il y débarque en 1954, dans le 1er bataillon étranger de parachutistes, au grade de sous-lieutenant. De retour en France en 1955, il est élu président des Jeunes indépendants de Paris. Commence alors une longue carrière politique dans les diverses écuries de l’extrême droite.

Le Pen débute chez les « marchands de saucisson » de l’Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) de Pierre Poujade, qui le fait élire au Palais-Bourbon en 1956 sur les listes Union et fraternité française (UFF). Il accole alors son second prénom Marie au premier pour « séduire l’électorat catholique ». Entre 1956 et 1962, il navigue entre l’UDCA, le Mouvement national et civique d’action sociale, l’UFF, fonde le Front national des combattants (dissous en 1961), le Front national pour l’Algérie française (également dissous en 1960). Une fidélité à l’empire colonial jamais démentie : en 1961, il fait applaudir l’OAS et le général putschiste Salan dans ses meetings. Il brandit l’étendard de l’Algérie française pour redorer le blason patriotique d’une extrême droite française qui s’est vautrée dans la fange collaborationniste.

PHOTOMONTAGE LE MEDIA

« Le Pen et la Torture »

Déjà, en 1956, il avait obtenu de l’Assemblée nationale de retourner dans son ancienne unité, qui avait quitté l’Indochine pour l’Algérie. Ses propres propos, retranscrits par le Journal officiel du 12 juin 1957, font froid dans le dos : « J’étais à Alger officier de renseignement. (…) Comme tel je dois être aux yeux d’un certain nombre de mes collègues ce qui pourrait être le mélange d’un officier SS et d’un agent de la Gestapo. Ce métier, je l’ai fait. » L’historien Fabrice Riceputi, qui a consacré une enquête à son passé de tortionnaire en Algérie (Le Pen et la Torture, éditions du Passager clandestin), a recensé « plusieurs dizaines de victimes de torture, mais aussi d’exécutions sommaires, durant les deux mois et demi de (sa) présence effective à Alger ».

Longtemps, Jean-Marie Le Pen aura joué à cache-cache avec la vérité sur cette période. Jusque dans ses mémoires publiées en février 2018, où il affirme que « oui, l’armée française a bien pratiqué la question pour obtenir des informations durant la bataille d’Alger », estimant que « les moyens qu’elle y employa furent les moins violents possible ». « Y figuraient les coups, la gégène et la baignoire, mais nulle mutilation, rien qui touche à l’intégrité physique », plastronnait-il. Falsification de l’histoire – ce ne sera pas la seule : l’Occupation allemande en France, selon lui, n’était « pas particulièrement inhumaine » – contredite par de nombreuses victimes devant la justice.

Antisémite et homophobe

L’ancien chef du Front national était un habitué des prétoires. Son parcours judiciaire est balisé par les multiples expressions de la haine. En 1958, il interpelle Pierre Mendès-France, coupable, estime-t-il, d’avoir « laissé tomber » la France en Algérie : « Monsieur Mendès France, vous cristallisez sur votre personnage un certain nombre de répulsions patriotiques, presque physiques. »

Sa première saillie antisémite officielle ne sera pas la dernière. Tout au long de sa vie politique, il flirtera avec cette obsession. Le jeu de mots « Durafour crématoire » en 1988, comme la requalification des chambres à gaz dans les camps d’extermination nazis en « point de détail de l’histoire » l’année précédente (il récidivera en 1997, 2008 et 2009) ou la « fournée » pour se débarrasser d’artistes supposément juifs opposés au FN (2014) lui vaudront de nombreuses citations à comparaître.

En mars 2018, sous couvert d’indifférence, c’est son exécration pour les homosexuels qu’il laisse s’épancher : « À partir du moment où les homosexuels ne mettent pas leurs mains dans ma braguette ou dans celle de mes petits-enfants, et qu’ils ne se promènent pas avec une plume dans le cul sur les Champs-Élysées, ça m’est égal », éructait-il dans le magazine gay Friendly. Ce qui lui a valu un énième passage au tribunal pour cette comparaison entre homosexualité et pédophilie. Mais de toutes les haines, celle qu’il vouait aux étrangers arrivant ou vivant en France le consumait plus que toute autre. Il en a fait le combat de toute une vie.

Nationaliste et Poujadiste

Après avoir rompu avec Jean-Louis Tixier-Vignancour, avocat et ancien responsable à l’information sous Vichy au côté duquel il s’est engagé à la présidentielle de 1965, Jean-Marie Le Pen est adoubé par Ordre Nouveau pour refonder l’extrême droite et la tirer de la marginalité politique où elle croupit. Ses dirigeants espéraient le traiter en « faire-valoir électoral » sans pouvoir décisionnaire. Ils disparaîtront au profit de l’entreprise familiale que Le Pen dirigera 40 ans durant.

Agglomérat de chapelles d’extrême droite qui jusqu’ici travaillaient en parallèle, le Front national, qu’il fonde en 1972, a fait la synthèse, sur le modèle du Movimento sociale italiano (MSI, dont le FN a adapté pour son logo la flamme tricolore), entre le courant nationaliste qu’il représentait, « composé pour l’essentiel d’étudiants de culture maurrassienne » et « le courant poujadiste et de défense de l’Algérie française, plus populaire et provincial », écrivait en 1997 le spécialiste de l’extrême droite Jean-Yves Camus dans Le Front national, histoire et analyses (éditions Laurens).

Dans les années 1970, le parti est considéré comme folklorique : il ne fait pas figure de danger – bien que Le Pen lui-même ait été visé par un attentat en 1976 et que le numéro deux du parti, François Duprat, ait été tué dans l’explosion de sa voiture. Électoralement du moins : 2,3 % aux législatives de 1973, 0,74 % à la présidentielle de 1974, quelques conseillers municipaux sur des listes d’union RPR-UDF en 1977. Mais il se forge un corpus idéologique autour du triptyque immigration-chômage-insécurité. Le FN étrille le communisme, « rejette la lutte des classes » pour lui substituer la lutte des « races » : « La France et les Français d’abord » devient son slogan dès 1973.

Anticommunisme et gros sous

L’étranger et le communisme deviennent ses deux ennemis irréductibles, et son combat politique se structure autour de cette adversité. En 1984, dans l’Heure de vérité, sur Antenne 2, il réalise un coup médiatique en se levant, en pleine émission, pour observer une minute de silence « en mémoire des dizaines de millions d’hommes tombés dans le monde sous la dictature communiste ». En 1980, il ne cache d’ailleurs pas son atlantisme et son admiration pour Ronald Reagan, anticommuniste forcené dont il épouse les positions ultralibérales. Encore en 2002, au soir de son succès au premier tour de la présidentielle, il retient comme principale leçon du scrutin, avant sa propre qualification historique pour le second tour et l’élimination du PS, le revers du PCF, se félicitant publiquement de « la disparition (sic) du Parti communiste ».

Dans les années 1980 s’amorce un virage. Le Pen fait de son parti une firme. Politique bien sûr, en travaillant à l’union des droites, aidé par des porte-parole inattendus. En 1983, Philippe Tesson, alors patron du Quotidien de Paris, applaudit la victoire à Dreux (Eure-et-Loir), aux élections municipales, d’une coalition RPR-FN formée par des « hommes de droite que seul leur degré de radicalisme ou de modération différencie ». Les élections régionales de 1986 et 1998, la concurrence entre identitaires et conservateurs pour le leadership à droite sont des répliques de ce « coup de tonnerre de Dreux ».

Mais le FN, c’est aussi une histoire de gros sous. Le Pen a hérité dans des conditions interlopes de la fortune du cimentier Lambert, que des militants d’extrême droite croyaient léguée à « la cause ». Cet argent lui a permis de mettre sa famille à l’abri au manoir de Montretout, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), mais aussi de placer en Suisse quelques « petits nègres » (le nom de code pour des versements de 10 000 anciens francs). Ce qui lui vaudra, comme plus tard avec des soupçons d’enrichissement lors de ses mandats de député européen, de nouveaux ennuis judiciaires et fiscaux.

« Présenté comme le leader surgi d’un coup de baguette magique »

Dans son livre Les affaires de M. Le Pen, paru en 1987 (éditions Messidor), le journaliste de l’Humanité Jean Chatain prévenait : « Le Pen a atteint son but, (…) la filiation avec la vieille extrême droite – des ligues fascistes d’avant-guerre à l’OAS, de Vichy au poujadisme – passe au second plan ; quant à lui, il se retrouve paré des attributs de la virginité politique et présenté comme le leader surgi d’un coup de baguette magique, en rupture avec les courants d’idées structurant l’opinion française ».

L’opération de dédiabolisation avait commencé bien avant que le mot soit à la mode. Ce n’est pourtant pas lui qui ira au bout de cette démarche. Car même si Jean-Marie Le Pen a accédé, couronnement de sa carrière, au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac le 21 avril 2002 avec 16,86 % des suffrages exprimés, c’est sa fille qui entrevoit la possibilité de conquérir le pouvoir. Lui s’accroche pourtant, ne lui cédant la place qu’en 2011, au congrès de Tours du FN. Mais il lui aura fallu passer en 2007 par une autre élection présidentielle, catastrophique celle-ci (10,44 %, faible score en partie dû au siphonnage de ses voix par Nicolas Sarkozy).

Les relations se sont alors tendues avec sa fille, qui s’est entourée d’anciens partisans de Bruno Mégret, déclencheur d’une scission en 1998 qui a laissé le parti exsangue, et que Le Pen père n’a jamais digérée. Pour ripoliner la façade du « nouveau Front National », opération parachevée par le changement de nom en « Rassemblement national », elle a dû condamner – du bout des lèvres – les saillies de papa. Jusqu’à l’écarter de sa présidence d’honneur du FN en 2015. A partir de là, leurs rendez-vous n’étaient plus que judiciaires, le père réclamant devant les tribunaux sa réintégration. Jusqu’à l’anniversaire de ses 90 ans, en 2018, et la réconciliation mise en scène devant la presse. Sa relation avec ses filles, Marine et l’ex-mégrétiste Marie-Caroline, s’apaisera alors, même si elle ne sera plus que cordiale. Si l’héritage politique est parfois encombrant, il fallait bien préserver l’héritage financier.  

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LE POIGNARD DE JEAN-MARIE LE PEN.
RAPHAEL DALLAPORTA POUR LE MONDE

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06 janvier, 2025

EMMANUEL MACRON ACCUSE ELON MUSK DE SOUTENIR UNE « INTERNATIONALE RÉACTIONNAIRE »

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LE PROPRIÉTAIRE DU RÉSEAU SOCIAL X FAIT DE PLUS EN PLUS
D’INGÉRENCE DANS LA VIE POLITIQUE DES PAYS EUROPÉENS
 © CRÉDIT PHOTO : AFP

Emmanuel Macron accuse Elon Musk de soutenir une « internationale réactionnaire » / Le chef de l’État a longuement évoqué le « désordre du monde » lors de la trentième conférence des ambassadrices et des ambassadeurs.

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Le Monde avec l'AFP

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Le président français, Emmanuel Macron, a accusé lundi 6 janvier, sans le citer nommément, le patron de X, le milliardaire Elon Musk, de soutenir « une nouvelle internationale réactionnaire » et d’ingérence dans les élections, notamment en Allemagne.

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« Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d’un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne, qui l’aurait imaginé ? », a lancé le président lors de la trentième conférence des ambassadrices et des ambassadeurs, à Paris, en référence au soutien continu du milliardaire américain au parti d’extrême droite allemand AfD.

Alors que M. Musk fait partie du premier cercle de Donald Trump, Emmanuel Macron a assumé une position de « prudence relative » quant au retour aux affaires de l’ex-président des États-Unis. « De 2016 à 2020, la France a su travailler avec le président Trump », a-t-il rappelé, sans nier l’existence de « désaccords » concernant la « question climatique » et « l’ordre international ». « À nous de savoir coopérer avec le choix qui a été fait par le peuple américain », a ajouté le chef de l’État.

« Puissances de déstabilisation »

Dans son discours, Emmanuel Macron a évoqué plus largement le « désordre du monde » et l’« affaiblissement des règles internationales », ainsi que l’activité de « puissances de déstabilisation ».

Il y a quelques semaines, « la Roumanie a dû annuler une élection présidentielle en raison d’ingérence et de manipulation électorale clairement attribuées à la Russie : qui l’aurait imaginé il y a dix ans à peine ? », a-t-il demandé.

Dans un contexte international marqué par le « retour des pulsions impériales », « il nous faut tout à la fois la force morale, mais aussi la force tout court », a jugé le président français, qui a martelé son « refus d’un affaiblissement européen ».

Risque de « régression » de l’agenda sur le climat

Le chef de l’État a insisté sur « risque très important » de « régression » dans l’effort collectif pour la lutte contre le réchauffement climatique avec le retour de Donald Trump. Les accords de Paris sur le climat « ont dix ans » et ont déjà été « menacés en 2017, lorsque le président Trump a annoncé sa sortie », a-t-il relevé.

« Je pense que la situation est plus grave encore aujourd’hui, (…) parce qu’à la fois le président Trump menace une sortie de ces accords, mais il reprend de manière décomplexée une production massive d’énergies fossiles », a-t-il ajouté. Et une telle production risque aussi d’être lancée « dans beaucoup de pays ».

Selon Emmanuel Macron, au cours de ces dernières années, s’est « noué un malentendu avec le Sud, en particulier beaucoup de pays africains sur les énergies fossiles », sur les « leçons que les Européens, les Occidentaux, donneraient à ces derniers pour leur interdire de faire du gaz ou du pétrole ». Dans ce contexte, la France veut « aider absolument le Brésil à réussir la COP30, à Belem » en fin d’année. Cette édition des négociations annuelles de l’ONU sur le climat « sera sans doute l’une des COP les plus décisives des dernières années », a-t-il estimé.


Le Monde avec l'AFP

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ELON MUSK, DESSIN OUSSAMA HAJJAJ
 26 AVRIL 2022


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04 janvier, 2025

PÉROU ET CHILI PROLONGENT L’ALERTE À LA FORTE HOULE SUR LES CÔTES, LES PORTS ET LA PÊCHE AU RALENTI

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LES PÊCHEURS ONT DÛ RESTER À TERRE TANDIS QUE D’AUTRES SE SONT
 RETROUVÉS BLOQUÉS EN MER EN DÉBUT DE SEMAINE EN RAISON D’UNE
HOULE VIOLENTE SUR LES CÔTES OUEST DE L’AMÉRIQUE LATINE.
LES PORTS SONT AUSSI IMPACTÉS ET L’ALERTE A ÉTÉ PROLONGÉE
 JUSQU’AU DÉBUT DE LA SEMAINE.
PHOTO  EMI KOCH/AFP
Pérou et Chili prolongent l’alerte à la forte houle sur les côtes, les ports et la pêche au ralenti / Après un premier épisode en fin d’année qui a causé la mort de trois personnes et la fermeture de dizaine de ports, le Pérou et le Chili sont à nouveau en état d’alerte en raison de la forte houle sur leurs côtes. Elle devrait s’estomper en début de semaine.

Le marin avec l'AFP.

Le Pérou et le Chili ont prolongé vendredi 3 janvier leur alerte à la forte houle jusqu’à la semaine prochaine, en prévision d’un nouvel épisode après celui de la fin d’année qui a fait trois morts et causé des dégâts dans les deux pays et en Équateur. Au Pérou, la mesure, en vigueur jusqu’à mardi, comprend la recommandation de  suspendre les activités portuaires et de pêche, ainsi que de sécuriser les navires , indique la Défense civile dans un communiqué publié sur le réseau social X.

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Selon la marine péruvienne, 60 des 121 ports que compte le pays étaient fermés vendredi sur la côte nord et centrale du pays, en raison de la persistance d’une houle légère à modérée jusqu’à mardi. Le nouvel épisode devrait cependant être de moindre intensité que celui, meurtrier, qui a frappé les côtes de l’Équateur, du Pérou et du Chili les 28 et 29 décembre, occasionnant des dommages notamment à des dizaines de petits bateaux de pêche et contraignant à la fermeture de jusqu’à 101 ports au Pérou. Des pêcheurs avaient dû être secourus par la marine péruvienne.

► À lire aussi :    VENEZUELA / EDMUNDO GONZALEZ URRUTIA A QUITTÉ L’ESPAGNE POUR L’ARGENTINE

Vagues continues et de longue durée

Au Chili, le service météorologique de la marine indique dans un avis que la houle la plus forte sera enregistrée à partir de vendredi. L’alerte durera jusqu’à lundi.

Selon l’Institut océanographique et antarctique de la marine de l’Équateur (Inocar), ce phénomène naturel qui se traduit par des vagues  supérieures à la moyenne  consiste en des  mouvements de fonds qui se caractérisent par des vagues continues et de longue durée, générées par des tempêtes lointaines qui se déplacent le long de l’océan Pacifique jusqu’à ce qu’elles atteignent notre côte .

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DÉFERLEMENT DE VAGUES MENACENT LES FEUX D'ARTIFICE
 DU NOUVEL AN À VALPARAÍSO ET VIÑA DEL MAR
PHOTO AGENCIA UNO

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03 janvier, 2025

VENEZUELA / EDMUNDO GONZALEZ URRUTIA A QUITTÉ L’ESPAGNE POUR L’ARGENTINE

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EDMUNDO GONZALEZ URRUTIA AU PARLEMENT EUROPÉEN, À STRASBOURG,
LE 17 DÉCEMBRE 2024. PASCAL BASTIEN / AP

INTERNATIONAL / VENEZUELA / Venezuela : l’opposant en exil Edmundo Gonzalez Urrutia a quitté l’Espagne pour l’Argentine, à l’approche de la prise de fonctions de Nicolas Maduro / Caracas a proposé une récompense de 100 000 dollars pour toute aide permettant de capturer l’opposant exilé depuis septembre. M. Gonzalez Urrutia a promis de revenir dans son pays pour « prendre ses fonctions » le 10 janvier à la place de M. Maduro, dont l’élection est contestée. [Washington intensifie ses complots pour changer le régime du Venezuela]

Le Monde avec l'AFP

Temps de Lecture 2 min.

ORDRE DE CAPTURE

«Recherché. Ordre de capture. Récompense : 100 000 dollars. » L’affiche publiée sur les réseaux sociaux par la police vénézuélienne, jeudi 2 janvier, avec une photo d’Edmundo Gonzalez Urrutia donne le ton.


EDMUNDO GONZÁLEZ URRUTIA VISITERA LACALLE POU [URUGUAY]
CE SAMEDI DANS LE CADRE D'UNE TOURNÉE DANS LA RÉGION /
PHOTO LA DIARIA

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L’opposant vénézuélien, exilé en Espagne depuis septembre 2024, qui revendique la victoire lors de l’élection du 28 juillet face à Nicolas Maduro, n’est pas le bienvenu dans son pays, alors qu’il a promis d’y revenir pour « prendre ses fonctions » le 10 janvier à la place du président sortant.

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Or M. Gonzalez Urrutia doit arriver en Argentine, à Buenos Aires, a dit jeudi, à l’Agence France-Presse (AFP), une source au sein de la présidence argentine, sans donner plus de détails, peu après l’annonce publiée par Caracas promettant une récompense de 100 000 dollars (97 000 euros environ) pour toute information permettant de capturer l’opposant.

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L’affiche sera mise en place dans les aéroports et les points de contrôle policiers de tout le pays, ont dit des sources judiciaires à l’AFP.

« Une marionnette »

La proclamation de la réélection de Nicolas Maduro pour un troisième mandat de six ans a été vivement contestée par l’opposition, qui considère que M. Gonzalez Urrutia est le vainqueur, avec plus de 67 % des suffrages. L’ancien diplomate et la cheffe de l’opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado, qui vit dans la clandestinité, ont appelé, mardi, leurs concitoyens à manifester, alors que le président Nicolas Maduro doit prêter serment le 10 janvier pour un troisième mandat.

« Prenons ensemble l’engagement que mon mandat débutera en 2025 », a déclaré M. Gonzalez Urrutia, exilé en Espagne à la suite du mandat d’arrêt lancé contre lui.

Les États-Unis [et ses laquais], l’Union européenne et de nombreux pays d’Amérique latine ne reconnaissent pas la réélection de M. Maduro, élu depuis 2013 après des scrutins contestés. M. Maduro, qui estime que les accusations de fraude électorale font partie d’un plan pour mener à bien un « coup d’État » dans le pays, est soutenu par l’armée.

« Le 10 janvier 2025, nous descendrons dans la rue par millions pour prêter serment pour le Venezuela », peut-on entendre dans une vidéo que le président a publiée jeudi sur Instagram, reprenant les images d’un discours prononcé en décembre 2024 aux portes du palais présidentiel, à Caracas. « La maison du peuple ne tombera jamais entre les mains d’une marionnette », indique aussi un message qui accompagne la publication, en référence à M. Gonzalez Urrutia.

Relations tendues entre Caracas et Buenos Aires

La proclamation de la victoire de M. Maduro a entraîné des protestations et des affrontements avec les forces de l’ordre, faisant 28 morts et près de 200 blessés. Plus de 2 400 personnes ont été arrêtées au cours des troubles ayant suivi l’élection, accusées notamment de terrorisme et d’incitation à la haine. Près de 1 400 d’entre elles ont été remises en liberté conditionnelle, selon les autorités

L’arrivée attendue de l’opposant vénézuélien devrait tendre un peu plus des relations au plus bas entre Caracas et Buenos Aires. Jeudi, l’Argentine a annoncé avoir déposé plainte contre le Venezuela devant la Cour pénale internationale (CPI) pour la « détention arbitraire et la disparition forcée » d’un gendarme argentin, Nahuel Gallo, retenu par Caracas qui l’accuse de « terrorisme ».

NICOLAS MADURO A ANNONCÉ QU'IL PRÊTERAIT SERMENT
 EN TANT QUE PRÉSIDENT DU VENEZUELA LE 10 JANVIER.
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Les relations diplomatiques entre les deux pays ont été rompues par le Venezuela après que le président argentin, Javier Milei, a remis en cause la réélection de M. Maduro. La sécurité de l’ambassade argentine à Caracas est depuis assurée par le Brésil. En mars, six collaborateurs de la dirigeante de l’opposition vénézuélienne Mme Corina Machado, accusés de « terrorisme », se sont réfugiés dans la représentation diplomatique. Cinq d’entre eux y sont toujours.

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« GRAND VENEZUELA CIRCUS »

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02 janvier, 2025

HONDURAS / « NE PRENEZ PAS DE REPRÉSAILLES INUTILES CONTRE NOS MIGRANTS »

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LORS D’UNE ALLOCUTION SUR LA TÉLÉVISION NATIONALE LE 1ER JANVIER 2025,
 LA PRÉSIDENTE HONDURIENNE XIOMARA CASTRO A MIS EN GARDE LE FUTUR
GOUVERNEMENT AMÉRICAIN À PROPOS DES PROJETS
D’EXPULSIONS MASSIVES D’HONDURIENS DANS LE PAYS.
 PHOTO PRÉSIDENCE HONDURIENNE
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L'HUMANITÉ

Actu /« Ne prenez pas de représailles inutiles contre nos migrants » : face aux menaces d’expulsion de Trump, le Honduras remet en question les bases militaires américaines / Dans ses vœux pour l’année 2025, la présidente hondurienne Xiomara Castro a ouvertement remis en question l’avenir des bases états-uniennes sur son sol, en réponse à la menace « d’expulsion massive » des Honduriens par Donald Trump.

par Marie Penin

Lors d’une allocution sur la télévision nationale le 1er janvier 2025, la présidente hondurienne Xiomara Castro a mis en garde le futur gouvernement américain à propos des projets d’expulsions massives d’honduriens dans le pays.

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« Face à une attitude hostile d’expulsion de nos frères, nous devrions envisager un changement dans notre politique de coopération avec les États-Unis, notamment dans le domaine militaire. » Le message de la présidente hondurienne, diffusé sur la télévision nationale le 1er janvier 2025, est on ne peut plus explicite : les menaces de Donald Trump à l’égard de ses ressortissants aux États-Unis ne resteront pas sans suite.

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Face à la campagne stigmatisante du candidat républicain visant les immigrés, la présidente Xiomara Castro a fermement dénoncé la politique répressive qui se dessine contre les Honduriens en situation irrégulière dans le pays.

La remise en cause des bases militaires américaines

« Le Honduras a besoin d’alliés et non d’affrontements absurdes », a jouté la présidente. Elle s’oppose vigoureusement aux discours de Donald Trump qui promet d’expulser les immigrés, qu’il accuse de nourrir la violence et d’aggraver les problèmes socio-économiques du pays.

Les autorités honduriennes alertent ainsi sur les 280 000 noms qui figurent sur la liste des expulsions en 2025. Face à ces menaces, la présidente a rebattu les cartes en rappelant le futur gouvernement américain à ses responsabilités. « Dans ce cas, (les bases militaires) perdraient toute raison d’être au Honduras », a-t-elle souligné.

Expulsions de familles entières, fin du droit du sol, centres d’accueil à l’international… Donald Trump détaille son programme xénophobe contre l’immigration

Située à Comayagua, dans le centre du pays, c’est la base de Soto Cano qui est visée. Construite en 1982 pour endiguer les mouvements communistes en Amérique centrale, parallèlement à l’établissement de onze autres camps, la base aérienne surnommée « la Palmerola » abrite encore 500 militaires américains et près de 500 civils, selon le quotidien El Heraldo. Un symbole de l’impérialisme américain, qui, selon la présidente hondurienne, se maintient, « sans payer un centime, depuis des décennies, sur notre territoire ».

La menace de « la plus grande opération d’expulsions de l’histoire »

L’arrivée imminente de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier prochain, ravive les tensions diplomatiques entre les deux pays, avec sa promesse de mener « la plus grande opération d’expulsions de l’histoire ». Une politique répressive qui risque de toucher les Honduriens en situation irrégulière, responsables selon Trump des malheurs du pays. Un opprobre que rejette Xiomara Castro.

« Ne prenez pas de représailles inutiles contre nos migrants, qui, en règle générale, apportent une grande contribution à l’économie nord-américaine », a-t-elle défendu. Les transferts d’argent envoyés à leurs familles constituent également une source importante de richesse pour leur pays d’origine, représentant environ 25 % du produit intérieur brut du pays d’Amérique centrale.

Trois mois après avoir dénoncé, devant l’Assemblée générale des Nations unies, les pratiques coloniales ainsi que les mécanismes de domination économique, médiatique et politique qui continuent de peser sur le Honduras – elle s’est dite menacée par un coup d’État –, la présidente hondurienne a convoqué une réunion de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes pour aborder la question migratoire. Une initiative portée conjointement avec la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum – menacée de « guerre commerciale » par Donald Trump face au « transit des sans-papiers ».


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