08 novembre, 2018

LE CHILI SURVEILLE DE PRÈS SES VOLCANS, ATOUT TOURISTIQUE MAJEUR

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
DES VULCANOLOGUES MARCHENT SUR UNE PENTE DU
VOLCAN LOMQUIMAY À TEMUCO AU CHILI,
LE 25 OCTOBRE 2018
PHOTO MARTIN BERNETTI
Le paisible manteau blanc qui recouvre le Llaima est trompeur: ce volcan du centre du Chili est l'un des plus actifs du continent, comme en témoignent les coulées de lave et les morceaux de roches volcaniques visibles sur des kilomètres.
Le nom de ce colosse, qui compte à lui seul 42 cratères, signifie "veines de sang" en mapuche, une des principales langues indigènes du pays. Il fait partie des 90 volcans actifs qui jalonnent les 3.100 kilomètres séparant la frontière nord du pays avec les fjords d'Aysen, tout au sud.

La plus grande concentration de sommets se trouve néanmoins sur la faille Liquiñe-Ofqui qui parcourt un millier de kilomètres dans la partie la plus australe du Chili. Elle est considérée comme la route des volcans, explique le géologue Manuel Schilling.

PHOTO MARTIN BERNETTI
La beauté de ces mastodontes masque une menace latente d'éruption pour les populations environnantes, à laquelle s'ajoute le risque de tremblement de terre dans ce pays qui enregistre la plus forte activité sismique de la planète.

Actuellement, trois volcans font l'objet d'une étroite surveillance: le Nevados de Chillan, un ensemble de 18 cônes qui culmine à 3.212 mètres d'altitude, en alerte orange depuis le mois d'avril, tandis que le Planchon-Peteroa et le Copahue, en alerte jaune. Jusqu'en octobre, le Lascar, le Puyehue Cordon Caulle et l'Osorno étaient en alerte verte, le dernier des quatre niveaux au Chili.

Mais à la différence des séismes, la plupart des éruptions peuvent être anticipées afin d'en limiter les conséquences.

PHOTO MARTIN BERNETTI
"On est comme dans un hôpital, quand on voit que le coeur d'une personne ne marche pas bien, on prévient" les autorités pour qu'elles prennent les mesures adéquates, explique à l'AFP Paola Peña, la directrice de l'Observatoire volcanologique des Andes du sud (OVDAS), situé à Temuco, à 600 kms de Santiago.

Il s'agit d'un des centre d'observation les plus avancés du continent qui scrute les signaux émis par 45 des volcans actifs du pays. Faute de budget, l'autre moitié n'est pas surveillée, notamment ceux situés sur l'île de Pâques.

- "Caractère irascible" -

Caméras thermiques, sismographes, récepteurs GPS pour suivre le déplacement des plaques de terre, inclinomètres pour détecter les changement d'angles par rapport à la ligne d'horizon et spectromètres pour connaître le type de gaz émis, sont quelques uns des instruments dont dispose l'OVDAS.

VUE DU VOLCAN LLAIMA, LE 22 OCTOBRE 2018
PHOTO MARTIN BERNETTI)
"Ces signaux sont ceux que nous tentons de capter, d'interpréter afin de pouvoir déclencher tôt une alerte avec ces informations", décrit Alvaro Amigo, responsable du réseau nationale de veille volcanique au ministère de la Géologie et des Mines (Sernageomin).

L'intérêt touristique croissant pour les volcans a conduit cette institution à lancer le géoparc Kütralkura, qui avec ses 8.100 km2 espère intégrer le très fermé réseau mondial des géoparcs de l'Unesco.

Situé à la jointure des plaques tectoniques de Nazca, d'Amérique du Sud et d’Antarctique, le Chili, qui compte le plus de volcans en Amérique latine, est l'un des pays les plus sismiques au monde.

Les sismologues préviennent du risque d'un tremblement de terre important dans le nord du pays, en raison de l'accumulation d'énergie qui n'a pas été libérée depuis longtemps.

Le 1er novembre, un séisme de magnitude 6,2 a touché deux régions du nord du Chili sans que des victimes, des dégâts ou des menaces de tsunami ne soient signalés.

UNE PIERRE DU VOLCAN LLAIMA
PHOTO MARTIN BERNETTI
Mais les volcans ne préviennent pas toujours. Au Chili, le 22 avril 2015, le Calbuco, un cratère pourtant considéré comme "très tranquille", n'a commencé à émettre des signaux que deux heures avant le début de l'éruption.

Quelque 9.000 habitants situés au pied du volcan, sur la côte Pacifique du Chili, à environ 1.300 kilomètres au sud de Santiago, ont dû être évacués, le trafic aérien a été suspendu, sans compter les dommages causés aux habitations, aux productions agricoles et aux troupeaux par les centaines de tonnes de cendres émises.

"Certains ont un caractère plus irascible, d'autres sont plus lents", souligne Mme Peña, de l'OVDAS.