22 novembre, 2018

AU CHILI, LES INTOXIQUÉS DE LA «ZONE SACRIFIÉE»


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À QUINTERO, UNE HABITANTE DE LA RÉGION MONTRE LES
LÉSIONS CUTANÉES DE SA FILLE, VRAISEMBLABLEMENT
CAUSÉES PAR L’INTOXICATION AU GAZ.
PHOTO MARTIN BERNETTI. AFP
Plus de 1 600 personnes ont subi des émanations de gaz dans les localités de Quintero et Puchuncaví. Mais depuis deux mois, les habitants en proie à la pollution industrielle sont confrontés à l’inaction des autorités.
ALEJANDRO CASTRO, L’UN DES LEADERS DE LA CONTESTATION, 
A ÉTÉ RETROUVÉ MORT QUELQUES HEURES APRÈS UNE 
MANIFESTATION CONTRE LA POLLUTION, À VALPARAÍSO. 
PHOTO  FACEBOOK ALEJANDRO CASTRO


Le 21 août, dans le collège de Quintero où travaille Joshua Cadima, plusieurs élèves se plaignent de maux de tête, de nausées… Ce professeur d’arts est chargé de les emmener à l’hôpital de la ville. Sur place, la salle d’attente et les couloirs sont saturés : «Il y avait une soixantaine d’enfants intoxiqués, sous perfusion, et des enfants continuaient d’arriver. Certains ne pouvaient pas marcher», se souvient-il, encore marqué par la scène. Un mois plus tard, son fils de 14 ans présente les mêmes symptômes, et vomit plusieurs fois. «Il avait des fourmis dans les jambes, très intenses, et ne répondait pas aux tests de réflexes. La médecin a tout de suite écarté l’hypothèse d’une indigestion, et a dit "c’est une intoxication à cause d’un gaz"», décrit Joshua Cadima. Ces dernières semaines, «une ou deux personnes arrivent chaque jour à l’hôpital, avec les mêmes symptômes», assure María Araya, présidente du Conseil des usagers de l’hôpital de Quintero, une instance qui regroupe habitants, salariés et direction de l’hôpital. Mais après plus de 1 600 cas établis, ni le gaz ni l’entreprise responsables de ces intoxications n’ont été identifiés.