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CHILI : LES PRINCIPAUX SYNDICATS APPELLENT À LA GRÈVE GÉNÉRALE |
En dépit du tournant social du président Piñera, les principales organisations de travailleurs et d’étudiants chiliens appellent à une grève générale mercredi et jeudi, condamnant le déploiement des forces armées.
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« Vive la grève ! Nous le disons fort et clair : assez des hausses de prix et des abus ! », a tweeté mardi soir la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), principale confédération syndicale du Chili. Une vingtaine d’autres organisations de travailleurs et d’étudiants appellent, mercredi 23 et jeudi 24 octobre, malgré les mesures proposées par le président, Sebastian Piñera, à une grève générale qui menace d’attiser la violente crise sociale qui a fait quinze morts depuis six jours. Elles condamnent la décision présidentielle d’imposer l’état d’urgence à la majeure partie du pays, de recourir au couvre-feu et de faire intervenir les forces armées. Quelque vingt mille militaires et policiers ont été déployés.
Le Chili connaît depuis vendredi ses pires violences depuis quelque trente ans, liées à une explosion de colère sociale. Manifestations et pillages ont fait quinze morts, dont un Péruvien et un Equatorien. Neuf des seize régions du pays sont sous état d’urgence. « Nous demandons au gouvernement de restaurer l’ordre institutionnel démocratique, ce qui signifie en premier lieu l’abandon de l’état d’urgence et le retour des militaires dans leurs casernes », estiment ces mouvements dans un communiqué diffusé mardi. C’est la première fois que des militaires patrouillent dans les rues depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990).
À Santiago, la manifestation partira de la Plaza Italia, au cœur de la capitale, où des centaines de milliers de Chiliens manifestent depuis vendredi. Les puissants syndicats des mines de cuivre – dont le Chili est premier producteur mondial – ainsi que les travailleurs du secteur de la santé et ceux des ports ont rejoint le mouvement.
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L’annonce d’une hausse de 3,75 % du prix du ticket de métro, suspendue depuis, a suscité les premières manifestations, devenues ensuite un mouvement social majeur nourri par la colère face à la situation socio-économique et aux inégalités. Dans ce pays de dix-huit millions d’habitants loué pour sa stabilité économique et politique, l’accès à la santé et à l’éducation relève presque uniquement du secteur privé.
Le président conservateur, Sebastian Piñera, a pris mardi un virage social, à l’issue d’une réunion avec les forces politiques du pays à laquelle le Parti socialiste, principal parti d’opposition, a refusé de participer ainsi que d’autres partis du Frente Amplio (« Front large », gauche) et de la gauche radicale. M. Piñera a proposé des mesures comme l’augmentation de 20 % du minimum retraite et le gel des tarifs de l’électricité ou une hausse du salaire minimum. Il a également proposé la réduction du traitement des parlementaires et des hauts fonctionnaires, de pair avec la baisse du nombre de parlementaires et une limitation du nombre de leurs mandats successifs.
Reconnaissant n’avoir pas anticipé l’explosion sociale, il a demandé « pardon » à ses compatriotes. Un changement de ton spectaculaire de la part de celui qui considérait dimanche le Chili comme « en guerre contre un ennemi puissant ». Mais les syndicalistes exigent du gouvernement un agenda social préparé en commun pour servir de base à une sortie définitive de la crise.
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Santiago et des dizaines d’autres villes ont passé leur quatrième nuit sous état d’urgence. Des centaines de Chiliens habitant dans d’autres pays, comme l’Argentine, la France ou l’Espagne, ont organisé des manifestations de soutien au mouvement chilien. Selon un bilan de l’Institut national des droits humains (INDH), cinq personnes sont mortes lors d’affrontements avec des forces de l’ordre, 269 ont été blessées dont 137 par armes à feu et environ 1 900 ont été arrêtées. Les autres personnes décédées ont péri lors d’incendies et pillages, selon les autorités.
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