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Analyse. Cinq mois après le début de la crise sociale qui a donné lieu à des abus policiers, le président Sebastian Piñera annonce une réforme du corps des carabiniers.
DES POLICIERS CHILIENS LORS D’UNE MANIFESTATION
ANTI-GOUVERNEMENT, LE 24 JANVIER À SANTIAGO.
PHOTO MARTIN BERNETTI/AFP
TABASSAGE : UN ÉTUDIANT « UN CAS EXCEPTIONNEL, INACCEPTABLE ET INTOLÉRABLE» DESSIN ALEN LAUZAN |
Une réforme « urgente et indispensable »
« La réforme et la modernisation du corps des carabiniers sont quelque chose d’urgent, d’indispensable », a déclaré, mardi 17 mars, le chef de l’État conservateur, au pouvoir depuis 2018. Cette force de 60 000 hommes et femmes est fortement critiquée pour sa gestion du maintien de l’ordre depuis le début d’une crise sociale qui a coûté la vie, y compris lors d’accidents divers, à 31 personnes. Des milliers d’autres ont par ailleurs été blessées, dont plusieurs centaines sérieusement.
« L’armée et la police se sont livrées à des attaques généralisées contre les manifestants causant la mort de quatre d’entre eux et donnant lieu à des nombreux cas de tortures et de blessures graves, dénonce l’ONG Amnesty International dans un rapport publié fin février. Plus de 350 des blessés ont été sévèrement touchés aux yeux. »
Des accusations répétées
Récemment encore, lors d’une marche le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale de la femme, une vidéo montrant le passage à tabac d’un homme de 69 ans par deux carabiniers armés de lourdes matraques s’est répandue sur les réseaux sociaux, obligeant Gonzalo Blumel, le ministre de l’intérieur, à un timide mea culpa.
Pour lancer cette réforme, un décret a été promulgué par le président Pinera, qui « fixe une feuille de route pour la nécessaire et urgente modernisation » de la police chilienne afin d’améliorer le maintien de l’ordre, les respects des droits humains et les relations avec la population. Cette approche, qui s’inspire des conclusions remises fin janvier, d’un groupe d’experts et de parlementaires réunis à la demande du gouvernement, sera présentée dans le détail la semaine prochaine au parlement.
Plus de transparence, plus de femmes
Parmi les nombreuses propositions désormais sur la table figurent la création d’un ministère de la sécurité publique - afin de séparer le maintien de l’ordre d’attributions plus politiques dévolues au ministère de l’intérieur -, des initiatives pour établir plus de transparence ou encore une attention particulière au recrutement de femmes, très minoritaires chez les carabiniers.
Avec cette annonce, Sebastian Piñera, dont le taux d’approbation a chuté aux environs de 10 % depuis le début de la crise, tente de répondre à certaines revendications exprimées par la société civile au cours des cinq derniers mois. La grogne n’a pas cessé depuis le 18 octobre 2019, poussant le gouvernement conservateur à céder sur des points importants, à commencer par la réforme de la Constitution, adoptée au plus fort du régime Pinochet, en 1980. Les Chiliens sont ainsi appelés aux urnes le 26 avril prochain pour approuver, ou non, l’idée d’une nouvelle Constitution et choisir la manière de rédiger ce nouveau texte. En dépit de l’inquiétude croissante liée au coronavirus, ce référendum est, pour l’heure, toujours maintenu.
LE GÉNÉRAL MARIO ROZAS, DIRECTEUR DES CARABINIERS DU CHILI ACCUSÉE DE VIOLENCES POLICIÈRES DESSIN ALEN LAUZAN |
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