03 octobre, 2022

PRÉSIDENTIELLE AU BRÉSIL : LULA DEVANCE BOLSONARO, UN SECOND TOUR AURA LIEU LE 30 OCTOBRE

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MASQUES LULA.  PHOTO AFP

Avec 48,43 % des voix, le représentant du Parti des travailleurs, chef de l’État de 2003 à 2010, enregistre plus de cinq points d’avance sur le président d’extrême droite sortant. 
L’élection présidentielle du Brésil se décidera au second tour. À l’issue du premier tour de scrutin, dimanche 2 octobre, l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, dit « Lula », termine en tête devant le chef d’Etat d’extrême droite sortant, Jair Bolsonaro, avec 48,43 % des voix contre 43,20 %, selon les résultats publiés par le Tribunal supérieur électoral (TSE) portant sur 99,99 % des bulletins dépouillés.

Plus de 6 millions de voix séparent les deux hommes, Lula comptabilisant plus de 57,2 millions de votes en sa faveur. Mais aucun des deux candidats n’ayant atteint la majorité absolue, ils seront départagés lors d’un second tour, dimanche 30 octobre.

Quelque 156 millions de Brésiliens étaient appelés à voter pour ce premier tour afin de choisir leur président pour les quatre prochaines années. La centriste Simone Tebet récolte la troisième place, loin derrière, avec 4,16 % des voix. Le travailliste Ciro Gomes la suit, à 3,04 %. Tous les autres candidats sont autour ou au-dessous de 0,50 %. Le taux de participation de ce premier tour a atteint 79 %.

« La lutte continue jusqu’à la victoire finale », a déclaré, dimanche soir, « Lula », qui a admis qu’il espérait l’emporter dès le premier tour et semblait touché après l’annonce du résultat. « C’est juste une prolongation. Nous allons remporter cette élection », a-t-il prédit en utilisant une formule sportive, promettant « plus de déplacements, d’autres meetings » à la rencontre des Brésiliens pour décrocher un troisième mandat.

Jair Bolsonaro a déclaré, dans la soirée, avoir « vaincu les mensonges » des sondages, et s’est montré optimiste pour le second tour. Les Brésiliens ont moins sanctionné que prévu le président d’extrême droite pour son déni du Covid-19 (685 000 morts), la crise économique, dans un pays où plus de 30 millions de personnes souffrent de la faim, et les crises ayant émaillé tout son mandat. D’ici au 30 octobre, le dirigeant d’extrême droite aura l’occasion de galvaniser ses troupes dans les rues et de trouver un nouvel élan.

« C’est une surprise, Bolsonaro a obtenu plus de votes que ce que l’on attendait, notamment à Sao Paulo et Rio de Janeiro, les deux Etats les plus importants du pays », dit à l’Agence France-Presse (AFP) Paulo Calmon, politologue de l’université de Brasilia. « Au second tour, la course présidentielle reste ouverte et promet d’être très disputée. Bolsonaro a encore toutes ses chances d’être réélu », ajoute-t-il.

Par ailleurs, de nombreux candidats bolsonaristes, dont des ex-ministres du gouvernement, ont été élus au Congrès. Le très controversé Ricardo Salles, qui avait été soupçonné d’avoir pris part à un réseau de contrebande de bois d’Amazonie quand il était ministre de l’environnement, a, par exemple, obtenu un siège de député. Claudio Castro, allié du chef de l’Etat à Rio de Janeiro, a été réélu gouverneur dès le premier tour.

Au quartier général du Parti des travailleurs, un hôtel de Sao Paulo (Sud-Est), la tension était palpable dimanche soir, alors que les résultats étaient égrainés. Au début du dépouillement, Jair Bolsonaro a compté plus de cinq points d’avance sur Lula, mais l’écart s’est ensuite réduit progressivement, avant de s’inverser.

« Fiabilité et transparence » du scrutin

Des craintes persistaient sur l’après-scrutin en cas de succès dès le premier tour de « Lula ». Son rival avait menacé de ne pas reconnaître les résultats en cas de défaite, ciblant le système électoral, avant de montrer quelques signes d’apaisement à l’approche du vote.

Le président du TSE, Alexandre de Moraes, a assuré dimanche que le vote se déroulait « sans problème » et a tenu à « réaffirmer la fiabilité et la transparence » du système d’urnes électroniques, moult fois critiqué par M. Bolsonaro. Plus de 500 000 membres des forces de l’ordre avaient été mobilisés pour assurer la sécurité du scrutin, qui s’est déroulé en présence de dizaines d’observateurs étrangers.