06 mai, 2020

AU VÉNÉZUÉLA, DES ANCIENS BÉRETS VERTS JOUENT AUX MERCENAIRES

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BARBOUZERIES EN TEMPS DE PANDÉMIE
ANCIEN MILITAIRE AMÉRICAIN, ET ACTUEL MERCENAIRE EN MISSION 
JORDAN GOUDREAU, AUX CÔTÉS DU CAPITAINE VÉNÉZUÉLIEN 
JAVIER NIETO QUINTERO,LORS D'UNE CONFÉRENCE DE PRESSE.
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ÉMISSION « REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE»,
«AU VÉNÉZUÉLA, UNE « BAIE DES COCHONS EN MODE STUPIDE » ?»
PAR CAMILLE MAGNARD, DIFFUSION DU MERCREDI 6 MAI 2020
Une quinzaine d’hommes dont deux Américains, impliqués dans une tentative d’incursion armée, ont été capturés sur la côte caraïbe. Aux États-Unis, un ancien soldat des forces spéciales reconverti dans le mercenariat parle d’un « contrat » avec l’opposant Juan Guaido. 
BARBOUZERIES EN TEMPS DE PANDÉMIE
DES BARBOUZES CAPTURÉS PAR CARACAS
Pas de trêve pour les barbouzeries en temps de pandémie. Lundi, le président vénézuélien Nicolas Maduro faisait état de l’arrestation d’une quinzaine de personnes, dont deux ressortissants des États-Unis, accusés d’implication dans une tentative d’« invasion». Sur la chaîne publique VTV, Maduro a brandi les passeports bleus des deux suspects étrangers arrêtés le jour-même, identifiés comme étant  Luke Denman, 34 ans, et Airan Berry, 41 ans, tous deux d'anciens soldats des forces spéciales américaines. Les autorités vénézuéliennes affirment avoir déjoué dimanche, dans l'État de La Guaira (Nord), à une heure de route de Caracas, un raid maritime présenté comme le prélude d’un « putsch » contre Nicolas Maduro.

Huit « terroristes » ont été abattus


BARBOUZERIES EN TEMPS DE PANDÉMIE
BARBOUZE CAPTURÉ PAR CARACAS
Venus de la Colombie voisine à bord de vedettes rapides, une dizaine de « mercenaires » munis d’armes auraient tenté d’aborder les plages de Macuto. Lors de cette opération, huit individus, qualifiés de « terroristes », ont été abattus. Parmi ceux-là, un agent présumé de la Drug Enforcement Administration (DEA), l’agence fédérale américaine chargée de la lutte contre le narcotrafic, ainsi que l’homme présenté comme le chef du commando, Robert Colina, alias « Pantera ». Cet officier vénézuelien ayant fait défection est présenté comme un proche de Cliver Alcala Cordones, un ex-général de division de l’armée autrefois proche de Hugo Chavez, lui aussi en rupture de ban, inculpé en mars par la justice américaine pour « narcoterrorisme » (voir notre édition du 7 avril 2020).

Dans une autre opération lundi, à Chuao, toujours sur la côte caraïbe, un autre groupe d’hommes était capturé ; Adolfo Baduel, le fils d'un officier emprisonné, en faisait partie. Les autorités bolivariennes parlent de cette tentative d’incursion armée comme d’un complot « terroriste » fomenté avec l’appui de Washington par l’opposant de droite Juan Guaido, dont l’Europe et les États-Unis reconnaissent la légitimité depuis qu’il s’est autoproclamé « président en exercice » le 23 janvier 2019. Celui-ci aurait conclu avec ces « mercenaires » un « contrat » engageant la somme de 212 millions de dollars avec l’argent « volé à (l'entreprise publique pétrolière) PDVSA » et sur « des comptes bloqués à l'étranger », avance le procureur général Tarek William Saab.

Un ancien béret vert américain au centre de l'affaire


Au centre de cette accusation, un nom : celui de Jordan Goudreau, un ancien béret vert passé par l’Irak et l’Afghanistan, qui a fondé et dirige depuis deux ans une entreprise de sécurité « stratégique » privée, Silvercorp USA, basée en Floride. Sur les images publiées par le site de cette société, cet ancien des Forces spéciales se met en scène à l’entraînement, en opération ou en garde du corps cravaté pour célébrités. Dimanche, Goudreau est apparu dans une vidéo aux côtés d’un ex-officier de la Garde nationale vénézuélienne, Javier Nieto Quintero, pour revendiquer la responsabilité de «l’opération Gédéon », une incursion armée en territoire vénézuélien « par terre et par mer » impliquant une soixantaine d’hommes, pour la plupart des transfuges de l’armée vénézuélienne appuyés par deux vétérans des forces spéciales américaines. Dans ce message, les deux compères appellent les militaires vénézuéliens à rejoindre leur commando.

CAPTURE D'ÉCRAN
Le lendemain, répondant aux questions de Patricia Poleo, une journaliste vénézuelienne exilée à Miami qui tient Maduro pour un dictateur, Goudreau exhibait un document présenté comme un contrat portant sa signature, celle de Juan Guaido et, en guise de «témoin », celle de Manuel J. Retureta, un avocat d’origine cubaine. Lequel se flatte, sur le site de son cabinet, d’avoir plaidé dans des affaires de «conspiration ». 

Maduro voit dans cette incursion armée la main de Trump


D’après le Washington Post, qui cite un militaire toujours en service actif ayant servi avec eux dans les Forces spéciales, Goudreau s'est bien déployé en Irak avec Berry et Denman en 2010. Le gouvernement américain « devrait s'engager et essayer de récupérer ces gars », implore Goudreau, qui dit avoir engagé des avocats vénézuéliens pour défendre ses « superviseurs ». Mais du côté de Washington, pour l’instant, pas de réaction officielle sur le sort de ces barbouzes capturés par Caracas. 

Juan Guaido, qui, au printemps dernier, avait appelé sans succès l’armée vénézuélienne à se soulever, nie aujourd’hui l’existence d’un quelconque contrat. Et les siens laissent entendre que cette opération aurait été infiltrée, voire manipulée de bout en bout par des militaires loyaux à Maduro. Il n’en demande pas moins que soient « respectés » les droits des individus «capturés au cours des dernières heures ». Le président vénézuélien, lui, voit dans cette incursion armée la main de Donald Trump. En réponse aux menaces de Washington, qui a déployé ses navires de guerre dans la Caraïbe, Caracas a déployé, le long des côtes, 25000 réservistes. 
Rosa Moussaoui