[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Avec le confinement, des milliers de Chiliens dépendent de la solidarité pour avaler un repas par jour. Ces scènes rappellent la grande pauvreté vécue durant la dictature de Pinochet.
AU CHILI, LE VIRUS RELANCE LES CANTINES DE LA DICTATURE
PHOTO ALAN LOQUET |
« La liste s’allonge chaque jour »
Depuis vendredi 15 mai, les 7 millions d’habitants que compte le grand Santiago ont pour consigne de ne pas sortir de chez eux. La capitale concentre 95 % des nouveaux cas de Covid-19 du pays et ses hôpitaux frôlent la saturation. Privés de revenus et surendettés, de nombreux travailleurs du secteur informel se tournent vers les soupes populaires, dans les quartiers défavorisés.
Ici, la liste s’allonge chaque jour, note Brigida Saavedra, porte-parole d’Esperanza Andina. Heureusement, l’extraordinaire solidarité du voisinage permet de répondre à la demande croissante. La cantine assure deux cents rations quotidiennes.
À la maison, nous sommes trois dont un enfant de 3 ans. L’État ne nous aide pas. Je ne sais pas comment je ferais sans leur aide », remercie Silvia Troncoso, femme de ménage sans emploi depuis deux semaines. Le gouvernement de Sebastián Piñera (droite conservatrice) a annoncé l’octroi d’un bon exceptionnel équivalent à 74 € et l’envoi de 2,5 millions de colis alimentaires aux plus démunis.
Un souvenir de la dictature
Mais la logistique est désastreuse, les vivres sont distribués au compte-gouttes. Face à l’incurie des autorités, des routes sont coupées et des barricades montées chaque jour dans plusieurs quartiers pauvres. Nous n’avons pas encore connu ces violences dans le quartier, veut se rassurer Brigida Saavedra. Notre restaurant communautaire autogéré contribue à maintenir une certaine paix sociale. Mais pour combien de temps ?
Les cantines solidaires ne sont pas nouvelles au Chili. Sous la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990), la crise économique couplée à la mise en place de réformes néolibérales avait fait sombrer des millions de Chiliens dans la pauvreté. Comme aujourd’hui, les femmes avaient joué un rôle clé pour pallier l’absence de l’État, analyse Nicolás Angelicos, sociologue spécialiste des inégalités à l’université Andrés-Bello. Mais il y a une différence de taille : les réseaux sociaux et la messagerie WhatsApp permettent désormais une coordination à plus grande échelle.
Selon l’OCDE, 53 % des Chiliens sont susceptibles de tomber dans la pauvreté si la crise perdure.
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
DESSIN LO COLE |
SUR LE MÊME SUJET :