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Mahmoud Abbas déclare ne plus être lié par les accords avec Israël et les États-Unis. La décision du gouvernement Netanyahou viole le droit international et signe la mort d’une solution à deux États. Mais aucune sanction n’est envisagée.
« OK. MAINTENANT, LA PAIX ! » À GAUCHE, MAHMOUD ABBAS,
À DROITE, DONALD TRUMP ET BENYAMIN NÉTANYAHOU.
DESSIN DE CHAPPATTE
DESSIN NÉSTOR SALAS |
Alors que se profile la date du 1er juillet, moment à partir duquel le nouveau gouvernement israélien doit se prononcer sur sa stratégie pour traduire dans les faits le plan du président américain, le président palestinien, Mahmoud Abbas, est venu se rappeler au bon souvenir de ceux qui voudraient le compter, lui et son peuple, pour quantité négligeable. Il avait déjà annoncé la rupture de « toutes les relations » avec Israël et les États-Unis après l’annonce du plan qui prévoit notamment l’annexion de la vallée du Jourdain et des colonies juives en Cisjordanie. Ce qui n’avait pas gêné le moins du monde Washington et Tel-Aviv. D’ailleurs, dimanche, lors du vote de confiance du Parlement israélien, qui lui donnait un nouveau mandat de 18 mois en tant que premier ministre, Benyamin Netanyahou ne le cachait pas : «Voici la vérité : ces territoires sont là où le peuple juif est né et s’est développé. Il est temps d’appliquer la loi israélienne et d’écrire un nouveau chapitre glorieux dans l’histoire du sionisme. » Et le même d’ajouter une « vérité, et tout le monde le sait, c’est que les centaines de milliers de résidents de Judée-Samarie (terme utilisé par les autorités israéliennes pour parler de la Cisjordanie – NDLR) resteront toujours chez eux, quel que soit l’accord de paix trouvé in fine ». Quant à Benny Gantz, qui a passé un accord gouvernemental avec lui, et que certains voudraient présenter comme un modérateur, il n’a pas eu un seul mot pour évoquer l’annexion.
La division continue entre les organisations palestiniennes
« LE RÉVEIL DE CERBÈRE » DESSIN NÉSTOR SALAS |
L'AVOCAT FRANCO-PALESTINIENSALAH HAMOURI |
Pour faire front face à Israël, la question de l’unité se pose avec encore plus d’acuité. Car, à l’instar des Émirats, les pétromonarchies du Golfe sont en pleine phase de normalisation avec Israël sur fond d’animosité envers l’Iran, et elles ne feront rien – hormis en paroles – pour empêcher l’annexion des territoires palestiniens. La Jordanie, seul pays arabe avec l’Égypte à avoir signé une paix avec Israël, montre les dents. Mais le souverain hachémite n’en a peut-être pas les moyens et semble donner des gages à son opposition islamiste qui commence à ébranler son trône.
Une politique coloniale pleinement assumée
Depuis Ben Gourion, fondateur de l’État d’Israël en 1948, la politique coloniale de ce pays s’est surtout caractérisée par le fait accompli. C’est encore ce qui se passe avec le plan Trump. L’annexion ne serait donc pas à remettre en cause, juste à l’aménager aux marges. On en oublierait presque que cette annexion remet en réalité en cause la solution à deux États, si l’on entend par État une entité viable économiquement et politiquement sur un territoire continu. Tout juste les Palestiniens pourraient-ils disposer de quelques arpents de terre… Quant à Jérusalem, il leur faudrait l’oublier puisqu’elle serait la capitale d’Israël.
L’Union européenne (UE) pourrait jouer un rôle historique. Mais ses divisions, alimentées par l’extrême droite qui dirige la Hongrie ou les conservateurs en Autriche, deux fervents soutiens d’Israël, empêchent de mettre en garde Tel-Aviv sur de possibles mesures de rétorsion, voire de sanction, en cas d’annexion. Or c’est le seul langage à tenir. Dire qu’il faut respecter le droit international est insuffisant. Après tout, l’UE s’y est résolue contre la Russie lors de l’annexion de la Crimée, mesure dont elle est incapable s’agissant d’Israël. Les 27 ne se mettant pas d’accord, de timides initiatives se font jour. Le 20 mai, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant de la France, Nicolas de Rivière, a déclaré qu’une annexion « y compris des seules colonies » constituerait une violation du droit international et « ne serait pas sans conséquences sur les relations de l’Union européenne avec Israël ». L’idée d’une initiative afin de permettre la reprise de négociations est sur la table. Mais pour l’heure, le plat est à disposition des Israéliens. Les Palestiniens, eux, n’ont même pas d’assiette.
Pierre Barbancey