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PHOTO ÁLVARO GUMUCIO LI. |
Du « Wall Street Journal » aux franges les plus écervelées de la gauche internationale, la quasi-totalité des commentateurs ont défendu l’idée que le président bolivien Evo Morales avait fraudé lors du scrutin présidentiel de novembre 2019. Leur erreur a contribué à priver le chef d’État sortant de sa victoire au premier tour, au profit d’une élite réactionnaire, établie à Santa Cruz. Cette dernière rêve de prendre les rênes du pays, mais ses espoirs devraient être douchés lors du nouveau scrutin, prévu le 6 septembre.
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LE MONDE DIPLOMATIQUE - AUDIO
« EN BOLIVIE, SUR LA ROUTE AVEC L’ÉLITE DE SANTA CRUZ »
Lu par Lou Chauvain
Arriver à Santa Cruz de la Sierra est une expérience déroutante. Dès l’aéroport, on croise des hommes gominés en costume trois-pièces, des familles mennonites aux cheveux roux, des femmes qu’une coutume locale semble contraindre — dès qu’elles atteignent un certain niveau de vie — à passer sous le scalpel d’un chirurgien esthétique et des chauffeurs de taxi en quête de clients (souvent à la peau moins mate que la leur). Puis, en roulant vers la ville, sur une ligne droite interminable, on découvre la chaleur brûlante, les plaines arides, les charrettes que dépassent de gros quatre-quatre, et les concessionnaires de moissonneuses-batteuses dernier cri, exposées tels des véhicules de luxe, qui rappellent d’où vient la richesse de la région. On longe aussi des quartiers périphériques misérables auxquels succèdent des résidences de luxe avec piscine sur le toit et salle de fitness au rez-de-chaussée. Avant d’arriver, enfin, dans le vieux centre-ville, au charme colonial.