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Le président socialiste, réélu le 20 octobre dernier, Evo Morales dénonce une tentative de coup d’État, après que des unités de police se sont rebellées dans trois villes du pays, applaudies par les manifestants de l’opposition. Le gouvernement n’envisage pas, pour l’heure, d’avoir recours à l’armée pour faire face à ce soulèvement.
DES POLICIERS MUTINÉS BRANDISSENT
LE 8 NOVEMBRE 2019 À SANTA CRUZ EN BOLIVIE.
PHOTO DANIEL WALKER/AFP.
La contestation contre la réélection au premier tour du président socialiste bolivien Evo Morales touche désormais la police. Vendredi, dans plusieurs villes du pays, des agents se sont soulevé contre le pouvoir au cris de « mutinerie policière ». Au moins trois compagnies sont touchées. « Sœurs et frères, notre démocratie est en danger à cause du coup d'État en cours que des groupes violents ont lancé contre l'ordre constitutionnel. Nous dénonçons devant la communauté internationale cette attaque contre l'État de droit », a dénoncé sur Twitter vendredi le premier chef d’État amérindien d’Amérique latine, avant d’appeler au calme. « J'appelle notre peuple à prendre soin pacifiquement de la démocratie et de la CPE (Constitution politique de l'État) pour préserver la paix et la vie en tant que biens suprêmes au-dessus de tout intérêt politique », a-t-il déclaré plus tard sur le même réseau social.
Après une réunion avec plusieurs généraux, le gouvernement a indiqué qu’il n’était pas, pour l’heure, question d’envoyer l’armée contre les mutins. « Aucune opération militaire ne sera menée pour le moment, c'est totalement exclu », a informé le ministre de la Défense Javier Zavaleta. Le premier soulèvement s’est produit dans la ville de Cochabamba, au sein de l'Unité des opérations de police tactique avant de se répandre aux agglomérations de Sucre, Santa Cruz et Oruro. Dans la capitale, la mutinerie ne semble pas ouvertement déclarée, selon BBC Mundo.
Cette sédition d’une partie des forces de police intervient après 17 jours de manifestations, fomentées par la droite, qui refuse le résultat de l’élection présidentielle du 20 octobre. À cette occasion, Evo Morales l’a emporté avec 47,08 % contre 36,51 % pour son adversaire libéral Carlos Mesa. Selon la loi fondamentale, si le candidat arrivé en tête avec plus de 40 % des voix obtient dix points de plus que celui arrivé deuxième, il n’y a pas besoin de second tour pour les départager. Le dimanche soir de l’élection, un premier décompte partiel, excluant les zones rurales favorable au président socialiste, donnait un écart plus resserré. Quand celui-ci s’est élargi dans les jours suivants, la droite a contesté le résultat. Pour couper court à toute contestation, le gouvernement a demandé à l’Organisation des États américains, en général peu favorables aux gouvernements de gauche, de procéder à un audit du résultat du scrutin. Celle-ci devra rendre son verdict sous deux semaines.
La machination qu’on a connue ailleurs en Amérique latine est en marche. Washington a, après le 20 octobre, émis des doutes sur le résultat du scrutin. Les médias diabolisent le fait qu’Evo Morales ait pu concourir à un quatrième mandat, après avoir été élu une première fois en 2015. Depuis vendredi, une partie de l’opposition conservatrice emboîte le pas des mutins. Certains d’entre eux ont participé à des rassemblements de l’opposition, acclamés par les chants « Amis policiers, les gens sont avec vous ! ». Luis Fernando Camacho, l’un des dirigeants de la droite, actif dans la région riche de Santa Cruz, a invité la police et l’armée à se joindre aux rebelles. Dans neuf capitales départementales, des manifestants se sont présentés devant les centres de commandement de la police pour demander aux agents de participer à la mutinerie.
Les actes de violence se multiplient dans le pays, et ont déjà fait un mort. Patricia Arce, maire socialiste de Vinto, a été prise à partie le 6 novembre. Les agresseurs lui ont coupé les cheveux. Des paysannes, qui manifestaient par milliers mercredi, pour la paix et contre le racisme ont été attaquées à Cochabamba par des motards proches de l’opposition.
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