01 novembre, 2019

SELON UN EXPERT DE L'ONU, LE TRAITEMENT INFLIGÉ À JULIAN ASSANGE « MET SA VIE EN DANGER »


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LE 1ER MAI 2019, JULIAN ASSANGEÀ LONDRES.
PHOTO DANIEL LEAL-OLIVAS 
Dans un communiqué, Nils Melzer, le rapporteur de l'ONU sur la torture, a exprimé son "inquiétude face à la détérioration continue de la santé de Julian Assange depuis son arrestation et sa détention au début de cette année", affirmant que "sa vie était désormais en danger".
La vie de Julian Assange est-elle en danger ? À cette question, le rapporteur de l'ONU sur la torture, Nils Melzer, a répondu oui, avec force et conviction. Dans un communiqué, il a exprimé son "inquiétude face à la détérioration continue de la santé de Julian Assange depuis son arrestation et sa détention au début de cette année". Il en est certain : "sa vie est désormais en danger", dit-il. 

Toujours dans son communiqué, Nils Melzer fustige l'attitude du gouvernement britannique qui, selon lui, "n'a pris aucune mesure d'enquête, de prévention ou de réparation requise par le droit international". "Ce que nous avons vu du gouvernement britannique est un mépris total des droits et de l'intégrité de Julian Assange", écrit-il.

Récemment, Assange a dû être transféré dans l'unité de soins de la prison : "sa détention dans des conditions d'oppression, d'isolement et de surveillance, non justifiées par son statut de détenu, se poursuit", rapporte ce professeur de droit international. "A moins que le Royaume-Uni ne change d'urgence de cap et n'améliore sa situation inhumaine, l'exposition continue de M. Assange à l'arbitraire et aux violations de ses droits pourrait bientôt lui coûter la vie", a-t-il déclaré. 

Dans son appel urgent au gouvernement du Royaume-Uni, le rapporteur spécial recommande ainsi "de mettre fin à l'extradition de M. Assange aux États-Unis, de le libérer rapidement pour lui permettre de recouvrer la santé et de reconstruire sa vie personnelle et professionnelle". 
Julian Assange présente tous les symptômes typiques d'une exposition prolongée à la torture psychologique, une anxiété chronique et des traumatismes psychologiques intenses- Nils Melzer
Ce n'est pas la première fois que le rapporteur de l'ONU sur la torture, l'un des plus ardents défenseurs d'Assange, alerte sur l'état de santé du fondateur de Wikileaks, accusé d'espionnage par Washington et menacé d'extradition vers les États-Unis. En mai dernier déjà, il avait adressé un communiqué après sa visite à la prison de Belmarsh où est détenu Assange. 

À la suite de cette visite, Nils Melzer avait affirmé que Julian Assange avait été victime de "maux physiques" et présentait "tous les symptômes typiques d'une exposition prolongée à la torture psychologique, une anxiété chronique et des traumatismes psychologiques intenses".

La dernière fois que le fondateur de Wikileaks est apparu en public, c'est lors de son audience à Londres, le 21 octobre dernier. L'Australien de 48 ans est apparu désorienté, bredouillant et semblant avoir des difficultés à se rappeler sa date de naissance. A la fin de l'audience, il avait déclaré ne pas savoir ce qui s'était passé et s'était plaint de ses conditions de détention à la prison de Belmarsh.

Assange risque toujours l'extradition vers les États-Unis où il encourt 175 ans de prison


En 2012, Julian Assange, qui faisait l'objet de poursuites en Suède pour viol, s'était réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres pour éviter d'être extradé vers la Suède ou vers les États-Unis, en raison de la diffusion de documents secrets américains par son site internet. En mai dernier, après avoir été délogé de l'ambassade d'Équateur à Londres, il avait été condamné à l'équivalent d'un an de prison, pour "violation des conditions de sa liberté provisoire", mais c'est aux États-Unis qu'il risque gros.  

Il encourt une peine allant jusqu'à 175 ans d'emprisonnement. Les États-Unis lui reprochent d'avoir mis en danger certaines de leurs sources au moment de la publication en 2010 par WikiLeaks de 250.000 câbles diplomatiques et d'environ 500.000 documents confidentiels portant sur les activités de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan. Fin mai toujours, la justice américaine a ajouté plusieurs chefs à son acte d'inculpation, dont la plupart portent sur des violations des lois contre l'espionnage, ce qui a suscité les critiques des défenseurs de la liberté de la presse.

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ILLUSTRATION 
BEN HEINE