09 novembre, 2019

BOLIVIE. COUP D'ÉTAT CONTRE EVO MORALES

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ACCULÉ, LE PRÉSIDENT BOLIVIEN EVO MORALES ANNONCE SA DÉMISSION
PHOTOLUISA GONZALEZS
Le président socialiste, réélu le 20 octobre dernier, Evo Morales a choisi de démissionner pour éviter un possible "bain de sang" après que des unités de police se sont rebellées dans trois villes du pays, applaudies par les manifestants de l’opposition. Le gouvernement a refusé d'utiliser l’armée pour faire face à ce soulèvement. Cuba, le Vénézuéla et l'Argentine dénoncent un "coup d'État". 
   «  DÉMISSION D’EVO MORALES : «ON EST FACE À UN COUP D’ÉTAT», ASSURE MAURICE LEMOINE »
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PHOTO MANUEL CLAURE
Tout à basculé quand la contestation contre la réélection au premier tour du président socialiste bolivien Evo Morales a touché la police. Vendredi, dans plusieurs villes du pays, des agents se sont soulevé contre le pouvoir au cris de « mutinerie policière ». « Sœurs et frères, notre démocratie est en danger à cause du coup d'État en cours que des groupes violents ont lancé contre l'ordre constitutionnel. Nous dénonçons devant la communauté internationale cette attaque contre l'État de droit », a dénoncé sur Twitter vendredi le premier chef d’État amérindien d’Amérique latine, avant d’appeler au calme. « J'appelle notre peuple à prendre soin pacifiquement de la démocratie et de la CPE (Constitution politique de l'État) pour préserver la paix et la vie en tant que biens suprêmes au-dessus de tout intérêt politique », a-t-il déclaré plus tard sur le même réseau social. Sans succés.

Après une réunion avec plusieurs généraux, le gouvernement a indiqué qu’il n’était pas question d’envoyer l’armée contre les mutins. « Aucune opération militaire ne sera menée pour le moment, c'est totalement exclu », avait informé le ministre de la Défense Javier Zavaleta. Le premier soulèvement s’est produit dans la ville de Cochabamba, au sein de l'Unité des opérations de police tactique avant de se répandre aux agglomérations de Sucre, Santa Cruz et Oruro.

Cette sédition d’une partie des forces de police intervient après 17 jours de manifestations, fomentées par la droite, qui refuse le résultat de l’élection présidentielle du 20 octobre. À cette occasion, Evo Morales l’a emporté avec 47,08 % contre 36,51 % pour son adversaire libéral Carlos Mesa. Selon la loi fondamentale, si le candidat arrivé en tête avec plus de 40 % des voix obtient dix points de plus que celui arrivé deuxième, il n’y a pas besoin de second tour pour les départager. Le dimanche soir de l’élection, un premier décompte partiel, excluant les zones rurales favorable au président socialiste, donnait un écart plus resserré. Quand celui-ci s’est élargi dans les jours suivants, la droite a contesté le résultat. Pour couper court à toute contestation, le gouvernement avait demandé à l’Organisation des États américains, en général peu favorables aux gouvernements de gauche, de procéder à un audit du résultat du scrutin. Celle-ci devait rendre son verdict sous deux semaines.

La machination, qu’on a connue ailleurs en Amérique latine, est en marche. Washington a, après le 20 octobre, émis des doutes sur le résultat du scrutin. Les médias diabolisent le fait qu’Evo Morales ait pu concourir à un quatrième mandat, après avoir été élu une première fois en 2015. Depuis vendredi, une partie de l’opposition conservatrice emboîte le pas des mutins. Certains d’entre eux ont participé à des rassemblements de l’opposition, acclamés par les chants « Amis policiers, les gens sont avec vous ! ». Luis Fernando Camacho, l’un des dirigeants de la droite, actif dans la région riche de Santa Cruz, a invité la police et l’armée à se joindre aux rebelles. Dans neuf capitales départementales, des manifestants se sont présentés devant les centres de commandement de la police pour demander aux agents de participer à la mutinerie.

Les actes de violence se multiplient dans le pays, et ont déjà fait un mort. Patricia Arce, maire socialiste de Vinto, a été prise à partie le 6 novembre. Les agresseurs lui ont coupé les cheveux. Des paysannes, qui manifestaient par milliers mercredi, pour la paix et contre le racisme ont été attaquées à Cochabamba par des motards proches de l’opposition.

C'est dans ce contexte qu'Evo Morales a déclaré le 10 novembre, à la télévision, renoncer à son poste de président". Mais une chasse aux sorcières semble lancée. La police a arrêté la présidente du TSE, Maria Eugenia Choque, sur ordre du parquet, qui enquête sur des irrégularités commises dans le scrutin d'octobre, ainsi que le vice-président du TSE, Antonio Costas. Tous deux, emmenés par des hommes encagoulés ou masqués, ont été présentés aux médias au pied d'une estrade où se trouvaient assis des gradés de la police. 

La gauche latino-américaine et les gouvernements de plusieurs pays du continents (Vénézuéla, Cuba, Agentine) dénoncent un coup d'État.


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