17 décembre, 2022

LA LIGNE / INFORMATION POLITIQUE

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DESSIN OSVALDO CAVANDOLI

PARTI COMMUNISTE DU CHILI - COORDINATEUR FRANCE / Information politique (décembre 2022)

Chers camarades, / Il est bien connu de vous tous que nous sommes confrontés à une situation très complexe et décisive dans la conjoncture politique au Chili, et notamment aux conséquences du résultat du Plébiscite Constitutionnel de sortie du 4 septembre 2022.

 par Alvaro Alarcón (psychologue social)

ÁLVARO ALARCÓN

Si les résultats récents des derniers processus électoraux ont marqué une progression encourageante et positive du mouvement populaire, notamment le Plébiscite Constitutionnel d'entrée (78,20% des voix) et le second tour de l'élection présidentielle (55,87%), le vote obligatoire du Plébiscite de sortie, qui force la participation du vote abstentionniste, révèle qu'environ 4 millions et demi de Chiliens qui jusqu'alors évitaient de s'exprimer dans les événements politiques, se tournent massivement vers le rejet du projet de Constitution. Comme l'obligation de voter sera constante par la loi, ce segment d'électeurs sera présent en permanence.

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En termes de nombre de voix, dans le Plébiscite de sortie, il n'y a pas de diminution du soutien à Apruebo Dignidad, Frente Amplio et donc au Président Gabriel Boric par rapport au second tour présidentiel et il y a même une augmentation de 200 000 voix.

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Dès lors, le grand problème posé sera ces 4 millions et demi des nouveaux votants qui ont constitué un raz-de-marée contre le projet de Constitution et votes qu'aujourd'hui la droite s'approprie.

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Il faudra considérer que la décision de voter massivement dans un processus électoral contre une alternative, pour un si grand nombre d'électeurs, n'est pas fortuite et obéit à des motivations collectives précises. Normalement, le vote effectif d'un tel nombre d'abstentionnistes habituels est distribué proportionnellement et n'est pas concentré dans la manière dont il s'est produit. Cela nous oblige à estimer que ce fait n'est pas une coïncidence ponctuelle, qui pourrait se dissiper d’elle-même dans un autre événement similaire. Nous devrions dominer avec plus de certitude, quelle est la dynamique qui anime une partie non négligeable des forces populaires.

Juan-Andrés Lagos, définit ces abstentionnistes habituels concentrés sur l’option rejet, comme des gens du peuple déçus par les politicards, opposés aux institutions qu'ils jugent inutiles, soucieux plutôt de leurs besoins personnels urgents et ne constituant pas nécessairement une réserve de voix pour la Droite.

On peut ajouter que ce contexte politique, idéologique et émotionnel a été aggravé par les « fake news » éhontées de la droite, par sa puissance médiatique et les carences de communication et d'organisation de l’ancienne Convention constitutionnelle.

Ce renversement inattendu d'une masse électorale, a provoqué, d'une part, l'échec du projet constitutionnel et d’autre part, nous confronte à l'arrogance de la droite et à la signature d'un accord sur le processus constitutionnel le 12 décembre, que le camarade Lawner a qualifié à juste titre d’un « accord infâme".

Nous n'entrerons pas dans le détail organisationnel de cet accord, chacun de nous en connaît déjà le contenu à travers les publications et les informations qui ont été abondantes.

Il faut seulement noter que les aspects positifs sont que 50 conseillers constitutionnels seront élus au suffrage universel, au sein d'un organe paritaire et avec une participation supra numérique des représentants des peuples autochtones. Ce sont des éléments qui étaient à la base de nos demandes.

Cela n'empêche pas la droite d'avoir d'importantes opportunités de manipulation du processus constitutionnel, à travers la Commission d'experts désignée par la Chambre des députés et le Sénat, la Commission technique de recevabilité également désignée par le Sénat, et les 12 "bords" constitutionnels, euphémisme pour caractériser les limites despotiques et autoritaires fixées à la Constitution.

A cela, il faut ajouter que cet accord ne prévoit aucune modalité de participation citoyenne démocratique dans l'élaboration du contenu constitutionnel, bien qu'un rôle important des Universités soit tenté dans ce sens. Certains commentateurs l’indiquent de façon sarcastique, il s'agit d'un "Accord pour le Chili, sans chiliens ni chiliennes".

Daniel Jadue affirme que le rapport de forces actuel nous a contraints à cet accord, et qu'il n'y a pas d'autre alternative que de lutter pas à pas contre la droite, pour la conquête d'une Constitution plus favorable aux intérêts populaires. Il souligne aussi qu'il faudra se rendre à la base, dans les quartiers, et rassembler les gens pour expliquer les fondamentaux de ce combat.

Le Parti communiste au Chili doit faire un énorme effort pour atteindre tous les secteurs populaires du pays, en tenant compte du fait que leur participation aux différents niveaux de l'appareil gouvernemental, restreint d'une certaine manière les disponibilités organisationnelles que le moment politique exige de lui.

La sénatrice Claudia Pascual réaffirme : « Cet accord est ce qui pouvait être réalisé. Je ne pourrais pas affirmer que je suis complètement satisfaite car il s'agit évidemment d'un accord avec des partis de différentes tendances politiques et en particulier avec des forces politiques qui se sont senties propriétaires du nouveau processus à partir des résultats du 4 septembre ». Elle conclut que "nous devons continuer à avoir pour objectif de poursuivre un processus qui nous permette d'avoir une nouvelle Constitution".

Lautaro Carmona affirme que "c'est un combat pour la justice dans lequel il faut persévérer et ne pas se lasser", et ajoute : « Une intense bataille d'idées s'annonce, il va falloir continuer à lutter contre les fakes news, contre le pouvoir de l'argent en politique, contre des pouvoirs factiques. Avoir un rapport de forces en faveur sera un acquis, ce n'est pas quelque chose d'automatique, ce n'est pas que les gens comprendront par eux-mêmes, ce sera plutôt grâce à la promotion des idées de transformation que nous ferons ».

Autour de cette étape de lutte idéologique qui va s'intensifier dans les mois à venir, le Parti communiste chilien en France commence à préciser la coordination politique et culturelle qui déterminera en 2023, les différentes commémorations du Cinquantenaire de l'acte de bravoure de Salvador Allende. À ce propos, les manifestations qui seront organisées autour d'un Comité des Cinquante Ans en Ile de France seront signalées. L'éventualité de la présence de Daniel Jadue à la Fête de l'Humanité l'an prochain et la réalisation d'un jumelage entre les communes de Fontenay Sous-Bois et Recoleta se préparent.

VIVE LA LUTTE POUR UNE CONSTITUTION DEMOCRATIQUE ET ANTI-NEOLIBERALE

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